Arjen Lucassen
Songs No One Will Hear
Genre progressif
Pays Pays-Bas
Label InsideOut Music
Date de sortie 12/09/2025

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Un astéroïde va s’abattre sur la Terre dans cinq mois et détruire l’humanité. Que feriez-vous de ces derniers instants ?

C’est le concept qu’explore Arjen Anthony Lucassen (Ayreon, Star One, Guilt Machine…) à travers les huit titres de Songs No One Will Hear, une sorte de bande-son de l’apocalypse selon lui. Pour donner corps à ce récit de fin du monde, le musicien néerlandais s’entoure de ses fidèles complices et de plusieurs invités prestigieux : Floor Jansen sur We’ll Never Know, Marcela Bovio et Robert Soeterboek sur Our Final Song, Patty Gurdy à la vielle à roue sur Our Weary Soldier, Irene Jansen au chant, Jurriaan Westerveld au violoncelle ou encore Joost Van Den Broek à l’orgue Hammond.

Dès The Clock Ticks Down, on retrouve tout l’univers familier de Lucassen : guitares aériennes, refrains grandiloquents, alternance de tension et de lyrisme. Le morceau met en scène plusieurs personnages confrontés à la fin du monde, soutenus par les voix complémentaires d’Arjen et d’Irene Jansen. On y sent immédiatement la maîtrise du compositeur, capable de construire une intensité dramatique en quelques mesures.

Avec Goddamn Conspiracy, il renoue avec un Metal progressif plus nerveux, agrémenté de la flûte de Jeroen Goossens, dans un esprit presque Jethro Tull. The Universe Has Other Plans adopte un ton plus sombre et mélancolique, magnifié par le violon de Ben Mathot. Un des moments les plus forts de l’album, justement parce qu’il ose la retenue plutôt que la démesure.

Mais Lucassen n’oublie jamais l’humour : Shaggathon surprend avec son swing à la Robbie Williams et son thème plus léger, tandis que We’ll Never Know, superbe ballade interprétée en duo avec Floor Jansen, retrouve l’émotion et la sensibilité qui font partie intégrante de son art. Our Final Song, fresque de plus de quatorze minutes, synthétise à elle seule tout l’univers du compositeur : passages instrumentaux ciselés, changements de rythmes, atmosphères multiples et clins d’œil à Ayreon.

Cependant, Songs No One Will Hear souffre parfois de ce qui fait aussi sa force : il rassemble tout ce que l’on aime chez Lucassen, mais sans réelle surprise. Le son, les structures, les textures sont d’une qualité irréprochable, mais déjà connues pour les habitués du musicien.

Reste que l’ensemble demeure d’une efficacité redoutable : riche, varié, et surtout profondément humain. On y retrouve les ingrédients essentiels du “son Lucassen” – lignes de guitare limpides, orchestrations foisonnantes, refrains habités et cette façon unique d’allier émotion, humour et tragédie.

Songs No One Will Hear ne révolutionne rien, mais il rappelle pourquoi Arjen Anthony Lucassen reste l’un des compositeurs les plus sincères et cohérents de la scène progressive actuelle : un conteur d’histoires, toujours inspiré, même lorsqu’il rejoue ses propres thèmes.