[Interview réalisée par Hugo Weyermann et Fabrice Weyermann]
H : Avant de commencer, merci de nous accorder cette interview, c’est cool.
Avec plaisir !
H : Comment t’as choisi le terrain et la taille du festival ? Lequel a forcé le choix de l’autre ? Est-ce que t’as d’abord pensé aux têtes d’affiche que tu voulais avoir ou tu as d’abord choisi 6’000 spectateurs et invité les têtes d’affiche en conséquence ?
Le premier terrain était à Vallamand, de l’autre côté du lac. Le terrain était top avec une vue magnifique sur le lac, sur les Alpes mais il n’était simplement pas adapté au niveau logistique. C’était trop compliqué puis, à un moment donné, sur les premières éditions on avait un gros tournus de 25-26 groupes sur une seule scène donc la technique c’était compliqué pour eux et ils ont dit « bon, soit tu diminues le nombre de groupes, soit tu fous une deuxième scène » et j’ai dit bon ben on va foutre une deuxième scène et puis j’ai commandé un produit spécial en Allemagne. C’est une scène que tu ne trouveras qu’ici. Et une fois que t’as la double scène et que tu as que 25 groupes et que tu veux l’amortir faut en mettre un peu plus sinon ça n’a pas de sens.
H : Ah oui.
C’est pour ça que cette année y’a 37 ou 38 groupes. Puis le terrain on a fait avec ce qu’il y a dans le coin. On vient tous de la région les organisateurs, on est chez nous, on connaît les agriculteurs et puis voilà. Tu discutes avec eux et puis ce terrain c’était juste parfait quoi.
H : Le cadre est juste magnifique. C’est la deuxième année avec les doubles scènes ?
En effet, sauf que l’année passée on s’est ramassé 80 litres de flotte le samedi soir et puis c’était pas très heureux. C’est vrai que c’était pas idéal, au niveau des chiffres ça a un peu plombé, automatiquement, mais ben en l’occurrence cette année ça se passe bien. Si on a un peu de pluie ça ne me dérange pas, un orage ça me pose pas de problème. Mais ce qu’on s’est ramassé c’est pire que ce qu’avait subi le Wacken. 80 litres par mètre carré faut se rendre compte de ce que c’est. Imagine juste un carré de 1m sur 1m et en hauteur. Bon on va pas s’embêter avec les calculs mais c’est juste énorme.
H : On est mieux cette année, il fait beau, il fait chaud. Contents de comment ça se passe ?
Nickel, c’est la grosse classe. Tout le monde est heureux : les festivaliers, les bénévoles, les artistes. Il n’y a que des gens heureux. Tous les retours des groupes, tous les mails qu’on reçoit des bands, ils sont aux anges. Chaque jour on organise une sortie en bateau privée. On part depuis la tête d’affiche et on descend en demandant aux groupes s’ils veulent participer. Par exemple hier, il y avait Heilung sur le lac de Morat, ils ont été aux anges et aujourd’hui il y a l’équipe de Dimmu Borgir qui sont avec une pote, avec un de ces gros hors-bords. Ils se font un gros plaisir quoi. Donc ils seront en forme ce soir, ça va envoyer. Tous les retours sont positifs. Et depuis vendredi on va avoir 10% de followers en plus et ça ne s’achète pas et puis vers 17h30 on va balancer la première tête d’affiche pour l’année prochaine.
H : La classe ! T’as le temps de profiter un peu des concerts ou t’es occupé en backstage tout le temps ?
J’aimerais bien en profiter. Il y a Fit for a King après mais vu que je donne la priorité aux médias je l’ai un peu dans le cul les gars !
H : On va faire vite alors. (rires)
Mais je fais mon job, c’est pour ça que je laisse toujours 10-15 minutes. Y’en a une telle quantité. Tous les jours j’en ai 5 si je laisse trop de temps je passe ma journée à ça. En plus en permanence je dois répondre à certaines choses. J’ai assez de gens, mais ce sont des questions qui ne sont adressées qu’à moi.
H : C’est toi qui t’occupes de la programmation ou vous êtes toute une équipe ?
C’est moi avec mon agence de booking Good News.
H : Du coup tu fais le festival ici avec Good News et des concerts ailleurs ou bien ?
Moi ça ne me concerne pas ailleurs, mais la prog on discute d’abord des têtes d’affiche. On regarde ce qui est disponible. On va pas dire on prend ça cette année, faut regarder ce qui tourne au mois d’août, puis ensuite tu discutes, tu négocies et tu regardes quels jours ils sont dispos, quels jours ils ne le sont pas et tu essaies de faire ta prog en fonction de ça. L’idée c’est de diversifier chaque jour les styles de metal et de regarder aussi d’avoir quelques groupes avec des femmes à la tête. Aujourd’hui y a eu Burning Witches, il va y avoir Beyond The Black. D’avoir chaque jour des groupes avec des femmes qui chantent parce que je trouve ça cool et puis à côté d’y intégrer des groupes suisses chaque jour. C’est ça la philosophie.
F : T’as envie de mettre la scène locale un peu à l’avant ?
On va organiser normalement l’année prochaine pour un certain nombre de groupes suisses des « metal battles ». L’idée c’est d’en faire une en Suisse romande et une en Suisse allemande, une le vendredi, une le samedi. Il y aura déjà des pré choix qui se feront, il y en aura une deuxième qui se fera. L’idée c’est qu’ils puissent jouer dans une salle et de programmer le soir même une tête d’affiche où on vend des billets. Comme j’ai dit un côté suisse-allemand et le deuxième jour un côté suisse-romand.
H : C’est une super idée ! Ça pourrait bien aider à populariser des noms de groupes locaux.
On n’est pas mauvais au niveau des médias, communication et tout ça, je bosse avec des copains de Strasbourg.
F : C’est bien de raser la « Röstigrabi ».
Dans le metal il n’y a pas de barrière. La seule chose qu’il y a c’est les crashbarrières. C’est pas des barrières. Il n’y a pas de barrière linguistique, d’âge, de genre ou quoi que ce soit. Ici tout le monde est le bienvenu.
F : C’est clair, hier soir Feuerschwanz c’était super !
Voilà, c’est la deuxième fois qu’ils viennent, ils étaient déjà venus à la première édition.
F : Ils parlent en allemand et y’a aucun souci.
C’est pas la première fois qu’on a des groupes allemands. On a eu Eisbrecher et y en a eu d’autres dont je ne me souviens plus parce que la liste commence à s’allonger au bout de 4 ans. Enfin voilà.
H : C’est assez cool, l’affiche est assez diversifiée en termes de metal, y’a du death, du black, du power. C’est le but que tout le monde y trouve son compte ?
C’est une question de bon sens, je veux pas programmer que du core. Des festivals que de core ça existe, mais ici c’est un festival où on ratisse large. Hier soir il y avait Dirkschneider, ancien chanteur d’Accept. Ça vous renvoie dans les années 70, donc voilà, il y a toujours une base de fans qui existe.
H : Comment t’es venue l’idée de faire un festival ? J’ai vu que t’avais d’abord fait des projections de concert il y a 4 ans.
Ça fait longtemps que je voulais faire ça, ça a juste été trainé par le Covid. A un moment fallait décider soit tu y vas, soit tu n’y vas pas. Moi j’ai passé le pas et en voiture Simone ! Il faut pas trop réfléchir, si tu réfléchis trop tu ne fais rien. Des fois il faut arrêter d’écouter et arrêter de réfléchir. Pas dans des coups de sang non plus. Il faut te dire à chaque année, une fois que t’es embarqué « Okay, je continue si on améliore ça, ça veut jouer. » T’as quand même des périodes où t’as des doutes et c’est normal. Cette année je suis content, y’a tous les feux qui sont un peu au vert en tout cas pour 2026. On regarde pour 2026, on ne s’emballe pas.
F : C’est quoi les choses les plus compliquées ? D’avoir des groupes ou y a d’autres choses ?
D’avoir des groupes c’est pas compliqué.
F : C’est quoi, les autorités pour avoir des permis, des machins ?
Non, y a rien de compliqué. Moi j’ai une équipe de 40 personnes qui bossent dans le comité, chacun a ses missions donc voilà. Le directeur opérationnel est un gars très bien organisé et y’a des personnes qui sont venues se greffer en dessous et chaque année il y en a de plus en plus, donc voilà. Un des points où je pense être assez bon c’est que je suis un bon leader et je sais bien communiquer avec les gens et j’ai une manière de faire où faut pas se la péter et voilà. Et si les gens adhèrent et aiment ta manière de faire, ben ils sont contents. Tu transmets ça à tes gens, tes gens transmettent le même message et ça donne ça, une grande famille.
H : Félicitations !
F : Bravo.
Ben merci les gars, c’était cool.
Au revoir rapides pour qu’il puisse enchaîner.