Psycho-Frame
Salvation Laughs In The Face Of A Grieving Mother
Genre oldschool deathcore
Pays Etats-Unis
Label SharpTone Records
Date de sortie 25/07/2025

Site Internet

Originaire des Etats-Unis et formé en fin 2022, Psycho-Frame est un groupe plutôt récent qui fait partie de la « Myspace deathcore revival », un mouvement au sein de la scène deathcore qui vise à ressusciter ce style de metal tel qu’il était joué durant l’époque où Myspace était populaire (de 2005 à 2011 environ), et tirant ses influences des groupes fondateurs tels que Despised Icon, Suicide Silence, Chelsea Grin et Whitechapel. Après avoir sorti, en 2023, 2 EP qui ont braqué les projecteurs sur le jeune groupe et le double single Feed en janvier 2025 qui solidifia leur réputation, Psycho-Frame est rapidement devenu le nom le plus prometteur dans la scène deathcore actuelle. Cette année, suite à leur signature avec le label SharpTone Records, ils sortent enfin leur premier album, Salvation Laughs In The Face Of A Grieving Mother, le 25 juillet.

En un mot, Psycho-Frame ramènent le « core » dans « deathcore ». On retrouve des breakdowns terriblement lourds mais pas forcés, des parties pour two-step, des riffs qui incitent à la bagarre, le tout dans un package ultra cohérent ; on ressent clairement que ce sont des fans de hardcore et de bon vieux metalcore. Cependant, les Américains ramènent aussi le « death » dans « deathcore », et à merveille. Il y a une myriade de gros riffs, de blast beats et de slams absurdement lourds. Alors que Inverted Spear of Heaven arbore une vibe davantage death metal classique, Blueprints for Idol Genocide est le morceau représentant au mieux ce qu’est Psycho-Frame : le titre, qui est le premier de l’album, commence in medias res avec un court breakdown, puis le rythme s’accélère frénétiquement avant de retomber pour proposer une partie mosh et de balancer un autre breakdown, puis un autre encore, les changements de tempo s’enchaînent sans que l’on ait le temps de dire ouf. Le break au milieu du morceau est particulièrement incroyable et vous donnera assurément envie de faire des spinkicks dans votre salon (le groupe se qualifiant d’ailleurs lui-même de « spinkick deathcore »).

Psycho-Frame est actuellement formé de 6 membres : un batteur, deux guitaristes, un bassiste et deux chanteurs. Oui, vous avez bien lu « deux chanteurs », comme dans Despised Icon. Alors que Michael Sugars délivre des screams perçants rappelant Brendan van Ryn ou Mitch Lucker, Colter Cuthbertson (qui est également membre de World of Pleasure et Killing of a Sacred Deer) s’occupe quant à lui des growls et des lows similaires à ceux de Phil Bozeman, il est également doté d’une voix davantage hardcore par moments. Les deux vocalistes s’alternent les couplets, l’un répondant à l’autre, et chantent la plupart des refrains ensemble, ce qui offre une dynamique merveilleusement efficace, Michael et Colter excellant chacun dans leur domaine respectif. Ce dernier démontre particulièrement ses talents sur Filleted and Fucked, morceau ressemblant plus à du slam qu’à du deathcore par moments, tout comme son nom relativement évocateur..

Pour ce qui est de la batterie, on retrouve Leo McClain (également de Worm Shepherd) aux commandes. Agé seulement de 22 ans, ce dernier est un des meilleurs batteurs que je connaisse, sa précision sans faille et sa vitesse sans limite orchestrent les morceaux de Psycho-Frame et leur donne véritablement vie. Ses double kicks au début de Still Water Salvation sont ultra précis, complémentant le jeu des guitares avant de déboucher sur d’inarrêtables blast beats. De plus, la caisse claire arbore ce son métallique avec beaucoup de réverbération que j’adore par-dessus tout. Tout cela fait en sorte que son kit sonne organique et naturel, sans pour autant avoir l’air imprécis ou noyé dans le mix.

Le ton des guitares, tout simplement menaçant, est lui aussi parfait. Les notes graves et les chugs sont ultra heavy et épais ; au contraire, les notes hautes et aigües sont perçantes et sortent bien du mix. Clair, crunchy et juste assez abrasif, ce dernier est réalisé par Hunter Young et Brandan Lopez, respectivement guitariste et bassiste du groupe. La production est heavy, très heavy même, mais sans tomber dans l’overproduction comme la plupart des albums de deathcore moderne. Outre son activité de producteur pour de nombreux groupes (comme Bodybox, Snuffed on Sight, Corpse Pile et Weeping, pour citer quelques fleurons du death metal moderne), Young est un plutôt bon guitariste. Son jeu, couplé avec le celui ultra sophistiqué d’Aiden Bessent, bombarde l’auditeur à l’aide de riffs techniques à la Dying Fetus (tel que sur le morceau The Portal, qui plonge carrément dans l’univers du brutal death ou du deathcore technique rappelant Infinite Death), avec du tapping super rapide ou simplement de gros chugs bien débiles comme sur le breakdown de I Won’t Be There to Watch You Go et ses pinch harmonics, un morceau rapide et plutôt court rappelant les indéniables influences hardcore du groupe.

Salvation Laughs In The Face Of A Grieving Mother, outre un titre d’album plutôt frappant, c’est 38 minutes de brutalité sans répit. Pas le temps de poser une atmosphère ou de trop tirer en longueur, l’album est efficace et sans compromis. On retrouve des titres vraiment dynamiques comme Endless Agonal Devotion ou Neuro++Terror, le dernier de l’album. En bref, puisque Psycho-Frame trouve toujours un moyen de surprendre l’auditeur, on ne s’ennuie à aucun moment et les 38 minutes passent en un éclair.

A une époque où le sens même du mot « deathcore » semble avoir perdu tout son sens et est devenu un concours de qui peut sortir les bruits d’animaux les plus incongrus, par-dessus des instrumentations symphoniques et les riffs les plus fades jamais enregistrés, le tout avec une production étouffante, Psycho-Frame apportent une certaine fraîcheur et un véritable vent d’espoir pour la génération à venir. C’est un retour aux sources du deathcore des années 2000 : dangereux, technique, sans compromis et méchamment heavy. Salvation Laughs In The Face Of A Grieving Mother est un album dont on parlera, dans 10-15 ans, de la même manière dont on a parlé d’albums tels que The Healing Process, The Cleansing, The Somatic Defilement ou encore l’EP Infinite Death : genre-defining, ceux-ci ayant transformé la manière dont on a joué ce style de metal durant quasiment deux décennies. Si vous souhaitez vous plonger davantage dans cette veine de Myspace deathcore, je vous recommande vivement les groupes Peacemaker FL, Without A Face, Killing Of A Sacred Deer (autre groupe de Colter Cuthbertson), Rev3rent, Eyesawgod et Slamwich.

Je tiens également à faire remarquer la direction artistique du groupe et la magnifique couverture peinte par Dusty Ray, un artiste avec lequel Psycho-Frame travaillent dès leurs débuts et qui agrémente parfaitement leur musique, creepy, brutale et dérangeante.

Morceaux favoris : Blueprints for Idol Genocide, Inverted Spear of Heaven, The Portal, I Won’t Be There to Watch You Go, Filleted and Fucked.

Saura ravir les fans de : Suicide Silence, Dying Fetus, Thy Art Is Murder (les premiers albums), Crown Magnetar et de bon deathcore en général.

Clip de Blueprints for Idol Genocide ici !