Linkin Park, Falling in Reverse, Walls of Jericho, Motionless in White, Shaârghot, Lorna Shore, Prayers, Une Misère, Novelists, Ashen
Clisson (FR)
Date 22 juin 2025
Chroniqueurs Emy Ruiz, Jordan Fonvieille, Nelly Lafargue
Photographes Emy Ruiz, Jordan Fonvieille
https://hellfest.fr

Le dernier jour du Hellfest 2025 avait tout d’un défi : affronter la canicule tout en gardant le maximum d’énergie. Si on rêvait tous de se prendre la lance à eau de Pascal en Main — mais dites donc, vous avez bien l’esprit mal tourné, je trouve ! —, les groupes, eux, ont mis le feu — parfois littéralement — pour terminer en beauté ce festival déjà gravé dans les annales. Entre duo surprise, grosses claques islandaises, shows hardcore enragés et débats passionnés autour de certains groupes, cette journée a une fois de plus prouvé que le Hellfest ne déçoit jamais.


 

12 h 15 – Ashen (Main Stage 1)

Pour commencer cette dernière journée, Ashen, groupe français de metalcore, a pris possession de la Main Stage 1 avec une fougue incroyable et a lancé les hostilités comme une véritable tornade. La surprise est venue avec l’arrivée de Will Ramos, le charismatique frontman de Lorna Shore, pour un duo complètement inattendu, qui a instantanément électrisé le public. La reprise de Smells Like Teen Spirit de Nirvana, revisitée à la sauce metalcore, a fait vibrer la foule.

Le chanteur d’Ashen ne s’est pas contenté de chanter : il a envahi la scène, allant de droite à gauche, interagissant sans cesse avec les fans, qui ont répondu présent en masse malgré l’heure matinale — midi étant considérée comme une heure matinale pour un Hellfest — et la chaleur déjà pesante. Cerise sur le gâteau, un membre du groupe s’est glissé dans un déguisement de tyrannosaure… et vous devinez quoi ? Ce dinosaure a mené un circle pit monumental. Impossible d’oublier ça !

12 h 50 – Novelists (Main Stage 2)

La suite se passe avec Novelists, autre groupe français de metalcore, qui avait déjà chauffé le public lors du warm-up. Ayant déjà vu le live sur YouTube, je partais sans grand enthousiasme. Les premières chansons ont confirmé mes doutes, un peu fades, pas assez incisives. Cependant, petit à petit, Novelists a opéré un virage qui a fini par embarquer tout le monde. Les flammes ont commencé à crépiter sur scène, au point que l’on s’est demandé si la chanteuse ne risquait pas de finir grillée sur place — ambiance spectacle pyrotechnique garantie ! Le groupe a su transformer ce doute initial en un show solide et captivant, à la hauteur d’un Hellfest qui aime surprendre.

12 h 50 – Une Misère (Altar)

L’Altar, lieu sacré pour les amateurs de sons et ambiances sombres avec son pendant Temple, a été le théâtre d’une vraie claque signée Une Misère, groupe islandais aux sonorités mêlant blackened sludge et hardcore. La foule était présente, à la hauteur de la réputation du groupe, qui ne cesse de grandir.

Sa musique, aussi brute que puissante, a apporté une fraîcheur sauvage dans la chaleur étouffante. La voix gutturale, les riffs lourds et les atmosphères presque mystiques ont transporté les festivaliers dans un autre monde. Une vraie pépite venue du froid, qui s’est imposée comme l’une des grosses révélations du jour.


 

14 h 20 – Prayers (Valley)

Le duo Prayers, adepte d’un style « cholo goth » mêlant darkwave années 80, hip‑hop West Coast et électro, a voulu proposer une ambiance sombre, hypnotique et immersive. Leur univers, centré sur les réalités du milieu urbain et gangsta, s’est déployé au travers de rythmiques lancinantes et de synthés envoûtants, créant un contraste immersif dans l’esthétique gothique — une proposition audacieuse dans l’esprit éclectique de la fin du festival. Je ne saurais vous dire si cela vient du show et de son délire avec les sabres, de l’image que me renvoie le mari de Kat Von D au vu de toutes les polémiques que le couple se traîne, de l’heure, du fait qu’ils jouent en Valley, ou sûrement un peu de tout cela, mais chez Metal Alliance Mag, nous n’avons pas été franchement convaincus. Nous saluons tout de même l’effort et la proposition.


 

16 h 00 – Lorna Shore (Main Stage 2)

Après la claque islandaise Une Misère, Lorna Shore a pris le relais pour en asséner une autre avec la puissance qu’on lui connaît. Malgré la chaleur écrasante, le groupe a déchaîné les enfers avec ses riffs à la fois lourds et mélodiques et, surtout, un Will Ramos exceptionnel, capable de passer d’un growl terrifiant à des notes claires impressionnantes.

Ce fut sans aucun doute l’une des plus grosses raclées metalcore de ce Hellfest, un moment de communion totale entre la scène et un public chauffé à blanc.


 

16 h 50 – Shaârghot (Temple)

Les cyber‑punk metalleux industriels de Shaârghot, originaires de Paris, ont livré une performance de malade, sorte d’expérience visuelle et sonore, qui a plongé le public dans un univers post‑apocalyptique comme on adore : riffs martelés, beats électroniques et atmosphères froides ont ponctué les treize titres joués, dont The One Who Brings Chaos, Let Me Out, Kill Your God, Life and Choices ou Break Your Body). Arrivés sur scène dans leur uniforme habituel, les membres de Shaârghot ont immédiatement envahi la Temple de leur énergie sombre et hypnotique, soutenue par des explosions visuelles et pyrotechniques — signature de leurs shows depuis leur album Vol. III. Le public, sous le choc le plus positif, a répondu par une immersion totale dans l’expérience industrielle et transgressive de Shaârghot, nous rapprochant de la fin du festival sur une note à la fois furieuse, troublante et résolument moderne.

17 h 45 – Motionless in White (Main Stage 2)

Motionless in White a ensuite déployé un show très visuel, avec un bassiste arborant un maquillage remarquable qui ne laissait personne indifférent. Musicalement, le groupe a fait ce qu’il sait faire, à savoir un metal gothique teinté de modernité.

Cela étant, certains dans l’équipe ont regretté que le groupe ait trop modernisé son style, s’éloignant de ses racines gothiques pour glisser vers un univers plus emo et cyberpunk. Ce virage stylistique ne convainc certes pas tout le monde, mais a quand même trouvé son public.

20 h 50 – Walls of Jericho (Main Stage 2)

Quelques heures plus tard, Walls of Jericho a enchaîné avec un set d’une intensité folle. Le groupe américain de hardcore est une véritable légende du genre, et ça s’est senti immédiatement. La frontwoman Candace Kucsulain a déployé une énergie brute, puissante et sans compromis, emportant la foule dans un tourbillon de hurlements, de mosh pits et de riffs incisifs. Ce show rageur a offert une bouffée d’adrénaline bienvenue face à la chaleur et la fatigue ambiantes.

Un moment intense et cathartique, une claque supplémentaire pour finir la journée en beauté !

21 h 55 – Falling in Reverse (Main Stage 2)

Place à un groupe connu pour susciter la controverse : Falling in Reverse a proposé un show d’une heure mêlant rap et metal, porté par le duo charismatique formé par le chanteur et le bassiste/chanteur de Bad Wolves. Le mélange a fonctionné sur scène, avec une énergie communicative.

En revanche, une partie de l’équipe a clairement détesté. D’abord à cause des problèmes connus du chanteur Ronnie Radke, mais surtout parce que leur style oscille péniblement entre hip-hop et une pâle copie de Blink-182. En outre, les caméras ont passé beaucoup trop de temps à filmer le duo, reléguant le reste des musiciens au second plan, ce qui a frustré les fans de live authentique.

23 h 00 – Linkin Park (Main Stage 1)

Pour finir en beauté, Linkin Park a eu la lourde tâche de clore le festival. Pour cela, le groupe a préparé une setlist habilement adaptée au contexte festivalier, basée sur un choix pertinent des morceaux.

Cependant, la voix n’était clairement pas au rendez-vous sur toutes les chansons de l’ère Chester Bennington. La chanteuse Emily Armstrong a en effet souvent opté pour un style “Jean-Michel à moitié” — laissant le public se saisir des parties vocales les plus difficiles plutôt que de les chanter elle-même. Clairement, elle ne tient pas toutes les notes.

Cela n’a pas pour autant empêché le show d’être solide, avec un Mike Shinoda qui a fait un joli geste en allant rencontrer le public sur la seconde Main Stage, accompagné ensuite par Emily. Un moment touchant, qui a adouci une performance marquée par une certaine fatigue vocale et conclu ce Hellfest 2025 sur une note haute.

Bilan de ce jour 4 et de notre fin de fest’ :

Canicule, énergie déchaînée, surprises, shows hardcore enragés et débats passionnés : ce dernier jour du Hellfest a réuni tout ce qu’on aime. Ashen et Will Ramos ont mis le feu dès midi, Une Misère a asséné une claque venue du froid, Lorna Shore a tout fait exploser sur son passage, Walls of Jericho a déchaîné les foules, tandis que Motionless in White et Falling in Reverse ont divisé l’équipe. Enfin, pour terminer, Linkin Park a assuré une performance de clôture pleine d’émotion malgré les failles vocales.

En quelques mots, ce dernier jour fut fort en sensations, comme le Hellfest sait si bien en offrir. Vivement 2026…

[L’équipe de Metal Alliance Mag remercie vivement le Hellfest pour son accueil, tout particulièrement son équipe presse].