Tous ensemble autour d’une bonne bière le matin ? C’est ce à quoi Tankard nous convie. Les autoproclamés « kings of beer » ne plaisantent cependant pas quand il s’agit de faire parler le thrash. C’est ainsi qu’à 11 h 30, la foule est déjà dense devant la Faster Stage, s’adonnant aux joies du circle pit sans modération. Gerre (chant) est toujours sympa et souriant comme pas deux, et en fin de set, Sabina Classen (Holy Moses) viendra taper le duo sur le hit planétaire qu’est (Empty) Tankard. Trop cool, on vous dit ! [Oli]
Avant de passer à la suite de mon programme, j’improvise un nouveau détour en mode « découverte » par Bullhead City qui démarre sous les auspices du metal moderne avec As Everything Unfolds sur la Headbangers Stage. Le mix post-hardcore/nu metal que pratique le groupe n’est pas inintéressant, la voix mélodieuse et presque enfantine de la chanteuse Charlie Rolfe et la présence scénique des musiciens y contribuant en bonne partie. Malheureusement pour les cinq Britanniques, le set se voit entaché par de multiples problèmes sonores, entre coupures, larsens et autres joyeusetés, jusqu’à contraindre certains des musiciens à interrompre leur performances pour remplacer leur matériel. J’attribue pour ma part ces soucis à un trop grand nombre d’éléments samplés, notamment les voix de soutien ainsi que les passages en chant hardcore ; dommage pour Charlie Rolfe, qui semble posséder de très bonnes capacités à ce niveau… La sympathie de la chanteuse compense toutefois quelque peu, la jeune femme parlant beaucoup à son public et se montrant très souriante. À redécouvrir, peut-être, dans des conditions plus adaptées… [Ségolène]
Un changement radical de style s’opère par la suite sur la W:E:T Stage, le post-hardcore/nu metal moderne laissant place au heavy metal old-school de Wolf. Dans son paragraphe de présentation sur le site du fest, le groupe est décrit comme « du heavy metal à la façon d’Iron Maiden et de Mercyful Fate » ; pour le coup, je crois bien n’avoir jamais vu de description aussi bien se vérifier ! Plutôt « jeune » pour un groupe de la vieille école — formé en 1995 —, Wolf possède l’expérience et la maturité des plus grands, qui se manifestent dans une prestation faites de morceaux excellemment écrits, au bon goût de crème anglaise préparée avec soin par un quatuor pourtant originaire d’une tout autre partie de l’Europe — de Suède, plus précisément. Rien d’étonnant lorsque l’on se penche un peu sur le pedigree des musiciens, parmi lesquels le bassiste Pontus Egberg, connu pour officier entre autres dans King Diamond depuis 2014, le prolifique batteur Johan Koleberg, ex-Therion, et le guitariste de Soilwork Simon Johansson. En fin de compte, le fondateur et frontman du groupe Niklas Stålvind semble presque inconnu au bataillon par rapport à ses camarades ! Cela étant, sur scène, les différences de CV n’ont pas cours ; ne reste que la camaraderie qui unit ces quatre hommes dont la joie de jouer ensemble au Wacken Open Air se lit sur leurs visages et dans leur bougeotte. Un vrai bonheur pour moi à découvrir comme à photographier, de courte durée mais mémorable ! [Ségolène]
Pour qui n’a pas encore eu sa dose de folk metal épique, Vanaheim débarque sur les planches de la Wackinger Stage pour y remédier. À mon arrivée dans le pit photo, j’aperçois les musiciens effectuant leurs dernières balances sur la scène ; le genre de petite joie qui se fait rare en grand festival, moins cependant sur des scènes de gabarit moindre comme celle-ci. Petite joie devient toutefois grande au fil de ma découverte du set ! Le groupe joue des morceaux épiques au sens premier du terme, autrement dit longs et chargés en atmosphères cinématiques, mais aussi rapides et dansants, et surtout captivants. Hormis sa musique, il est un autre aspect dans lequel Vanaheim excelle, c’est sa communication avec le public : les sourires des musiciens sont contagieux et Zino van Leerdam encourage les spectateurs à taper dans les mains et sauter en rythme. Histoire de jouer jusqu’au bout son rôle de conteur, il sort un livre « rempli de mythes » selon ses dires pour nous raconter des histoires « pour dormir », d’une voix sonnant black la plupart du temps, avec quelques incursions en chant clair et même en chant de gorge — pas vraiment le genre qui aide à s’endormir ! De toute manière, il paraît inenvisageable de piquer du nez face à l’énergie qui se dégage de ce groupe au sein duquel se croisent les générations : les trois membres fondateurs Zino van Leerdam, Bram Trommelen et Mike Seidel apportent leur expérience, les deux derniers arrivés, le guitariste Michael van Eck et la violoniste Rikke Linssen, la fraîcheur de leur jeunesse, lui, souriant de toutes ses dents comme un enfant heureux, elle, pieds nus pour mieux danser et à l’adorable regard pétillant. Tout bonnement une réussite complète pour Vanaheim, qui possède tous les atouts pour cela. [Ségolène]
À l’heure où ont court certaines prestations de groupes se prenant très au sérieux, telles celle d’Oomph! sur la Faster Stage pour ne citer que celle que j’entends au loin, au Wackinger Village, l’heure est à l’esprit festif avec Paddy and the Rats. Les cinq musiciens déboulent sur les planches sur fond de la musique du générique de Game of Thrones, puis enchaînent aussi sec sur un premier morceau qui plonge tout le monde dans un bain de rhum, vodka et autres festivités ! Véhiculer de l’humeur festive et célébrer tous ensemble est en effet le mot d’ordre du groupe hongrois, qui mise pour cela sur un folk rock irlandais à thème marin et pirate auquel se mêlent en vrac punk et musique traditionnelle des pays de l’est. Ce joyeux cocktail multisaveurs fonctionne du tonnerre sur un public qui le boit cul sec et ne traîne pas à répondre à l’injonction que lance le titre Party Like a Pirate, de même qu’à répondre à grands cris lorsque le leader Paddy O’Reilly demande « qui aime la vodka » entre deux morceaux ! Ceci dit, comme chacun sait, pour bien faire la fête, la modération est de rigueur, ce dont le groupe sait aussi faire preuve, entre autres en calant une ballade folk au milieu de son set en guise d’entracte ou quand le guitariste Joey MacOnkay prend le temps de remercier ses amis venus d’Argentine pour leur présence et leur soutien. Tout le monde s’agite et s’amuse en communion, tant et si bien que l’on en finirait par oublier où l’on se trouve pour se croire dans un pub en Irlande ! Dans tous les cas, Paddy and the Rats prouve bien que dans le plus gros des fests metal, une petite incartade folk ne fait de mal à personne. Bien au contraire ! [Ségolène]
Il a fait beau au Wacken, cette année. Sauf pendant une heure. En effet, quelques instants avant le concert de Sebastian Bach, il se met à tomber des cordes. Heureusement, juste après, voici revenir l’éclaircie. Certains n’ont vraiment pas de chance… Ceci dit, la pluie n’a pas refroidi le public, qui s’est équipé de vêtements adéquats plutôt que de déserter le site. Pour aller où, de toute façon ? Qui dit open air, dit qu’on reste à l’air… Sur scène, le grand blond (avec deux chaussures oranges), est censé célébrer les trente-cinq ans du premier album de Skid Row, ce qu’il fait en interprétant pas moins de sept titres extraits de ce dernier. Cependant, cela représente au final une set list à peu près classique, et je défie quiconque de s’en plaindre. En effet, si la discographie solo de Seb’ n’a rien de honteux, il ne faut pas se mentir, c’est du Skid Row que l’on veut. Et on en a eu. [Oli]
Le succès de Brutus fut aussi rapide que mérité. Malheureusement pour lui, le trio n’attire pas la grande foule sur la Headbangers Stage. Le post-rock à l’aspect à la fois brutal et planant des Belges se trouve, aujourd’hui et grâce au hasard de la météo, magnifié par le halo grisâtre et brumeux qui enrobe le site. Brutus est peut-être un peu trop « post » pour le public de Wacken, mais quoi qu’il en soit, le groupe n’a pas démérité. [Oli]
En bonne folkhead n’ayant jamais sa dose d’instruments traditionnels, c’est tout naturellement que je jette une nouvelle fois mon dévolu sur la Wackinger Stage et Svartsot. Le groupe, dont je crois deviner qu’il possède un statut culte dans son Danemark d’origine, pratique un style mêlant death metal mélodique et folk qui trouve son atout dans l’équilibre et la diversité de son rythme : les morceaux sont tantôt mid-tempo, tantôt plus rapides et dansants, sans frôler le moindre excès. Le tout revêt une apparence plus terre-à-terre et moins festive que les groupes de folk metal ayant précédé sur cette scène. La prestation trouve tout de même son grain de folie dans l’attitude du frontman Thor Bager, qui n’hésite jamais à en faire des tonnes, commençant le set en brandissant un livre sur les barrières du pit photo et adoptant des expressions loufoques. En matière de diversité, pour apporter cette touche, Svartsot peut compter sur la polyvalence et l’habileté de son instrumentiste folk Hans-Jørgen Martinus Hansen, qui passe de la flûte à la cornemuse et autres instruments ainsi qu’au micro chœur avec une facilité déconcertante en plein morceau ! Autre chose qui semble une banalité pour lui, c’est puiser au goulot d’une bouteille disposée sur le pied de micro… un peu trop souvent à ma perception, tant et si bien que je m’en retrouve mal à l’aise et que cela finit par me sortir de la prestation. Dommage, cela partait pourtant bien… [Ségolène]
Peu importe la météo menaçante ou la relative faiblesse de mon état de santé du jour, manquer le concert anniversaire de Behemoth était pour moi impossible à envisager. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on célèbre ses 33 ans et d’avoir officiellement dépassé le Christ ! Pour fêter cet anniversaire dignement, le groupe polonais a concocté une setlist aux petits oignons, constituée de ses plus grands classiques, en y incluant pour l’occasion un morceau datant de ses débuts en 1991, Cursed Angel of Doom. Ce petit retour dans le passé offre l’occasion aux plus jeunes de le découvrir, aux fans de plus longue date de l’apprécier d’une nouvelle manière ; dans tous les cas, un petit coup de jeune à ce morceau old-school et une preuve du soin du détail qu’apporte Behemoth à ses prestations. Entre les multiples hommages au passé plus ou moins lointain, deux extraits d’Opvs Contra Natvram, le dernier album sorti en 2022, The Deathless Sun et Once Upon a Pale Horse, se font une petite place dans la setlist, encore trop jeunes pour ne pas rester dans l’ombre des autres. En tout cas, mon amour de longue date pour le groupe ne me fait pas défaut, mu par l’excellence des musiciens et leur sens du spectacle, et qui m’invite à relativiser mon regret de ne pas avoir pu obtenir l’accès au pit photo. C’est donc depuis le relatif confort du premier rang que j’assiste aux grands moments du set, tels Seth et Orion prenant littéralement le public de haut depuis les plateformes, les musiciens crachant du (faux) sang et bien sûr les multiples changements de costume de Nergal — celui qu’il porte sur Bartzabel remportant ma préférence —, le tout mis en lumière par un soleil déclinant du plus bel effet. Point noir cependant que la fumée qui envahit régulièrement la scène ; à ce niveau, j’exprime toute ma compassion à mes confrères et consœurs photographes l’ayant subie dans le pit ! Comme à chaque concert de Behemoth depuis 2014 et la sortie de The Satanist, le spectacle atteint son paroxysme avec le finale O Father O Satan O Sun, des costumes et masques à la séquence narrative de fin, qui donne à ce show anniversaire une conclusion digne de ce nom. [Ségolène]
Le set de Mayhem est au moins aussi captivant à photographier qu’à suivre ; je le quitte toutefois vingt minutes avant sa fin, souhaitant clore mon expérience au Wacken 2024 sur une note plus calme avec Insomnium sur la W:E:T Stage. Quoi de tel, en effet, qu’une dose de death metal mélodique chargé en onirisme et en mélancolie comme la Finlande sait en produire, de la part de la première référence du genre en son pays, pour s’apaiser l’esprit avant le sommeil ? C’est ainsi qu’après avoir mis à profit ce qui constituera mon dernier passage dans un pit photo de cette édition, je prends place dans le public à l’écart du centre pour profiter pleinement du spectacle. Sur cette scène à l’écart des main stages et de surface bien moindre, l’atmosphère ressort d’autant plus intimiste, sentiment renforcé par la sympathie du frontman Niilo Sevänen qui s’adresse au public dans un allemand basique. Fort d’un très beau dernier album sorti début 2023, intitulé Anno 1696, Insomnium accorde à ses extraits une bonne place dans la setlist ; à commencer par le morceau éponyme qui fait office d’ouverture. Le tempo est dans son ensemble assez lent et l’accent mis sur l’ambiance avant tout ; cependant le show est bien loin de manquer de rythme et se permet même quelques passages « mosh pit » qui s’observent par moments dans la fosse. En cela, les musiciens aident bien, qui investissent les morceaux et l’émotion corps et âme. Parmi eux, Markus Vanhala, le fondateur aux cheveux d’argent, se fait remarquer le premier, expressif dans son jeu de guitare autant que dans son faciès. Cerise sur le gâteau : le chant clair de Tomy Laisto, remplaçant live de Ville Friman, est sublime, et le son calibré de la meilleure façon pour le mettre en valeur, ainsi que la guitare lead ; carton rouge toutefois pour la batterie, un peu trop puissante. Passé outre ce détail, il fait bon observer les spectateurs se laisser embarquer, fermant les yeux, s’étreignant pour certains, quitte à se laisser embarquer à son tour… Enfin, après une heure de set passée aux côtés d’Insomnium, c’est sur les classiques While We Sleep et Heart Like a Grave que s’achève mon expérience au Wacken Open Air 2024. Je rentrerai en France deux jours plus tard des souvenirs plein la tête et la carte SD, en première ligne celui d’une aventure magnifique qui a compté son lot de valeurs sûres et surtout d’excellentes découvertes. À (re)vivre tant que cela est possible…[Ségolène]
Les concerts préférés de Ségolène : Vanaheim, Mayhem, Insomnium
Les concerts préférés d’Oli : Tankard, Sebastian Bach, Mayhem