En ce début de journée, le parterre devant la W:E:T Stage est encore bien dégarni pour assister au concert de Cherie Currie, ex-chanteuse de The Runaways, qui s’est entourée de jeunes zicos au look street-glam qui correspond très bien au style hard rock/glam et à l’insolence punk véhiculés par The Runaways. Les titres les plus emblématiques du groupe serviront évidemment de base à la set list, qui comprend néanmoins deux compositions de Cherie en solo, You Wreck Me an Rock’n’Roll Rosie, qui passent le cap du live sans problème. Alors que le parterre s’est peuplé petit à petit, il est déjà presque temps pour Cherie et consorts de partir, non sans nous balancer un petit Cherry Bomb, l’un des plus gros tube de The Runaways, simple et accrocheur à souhait. Un chouette concert qui finit sur une étrange impression, Cherie et ses boys quittant la scène presque sur la pointe des pieds, en disant à peine au revoir au public. [Oli]
Sonata Arctica comptant parmi les groupes phares de ma vie de metalleuse, je n’allais sûrement pas laisser passer une occasion de le revoir — encore moins de le photographier. Et quelle meilleure occasion qu’un sublime nouvel album pour cela ? Le visuel de Clear Cold Beyond en backdrop, c’est justement sur deux extraits de celui-ci, First in Line suivi du plus sombre Dark Empath, que le quintet finlandais ouvre le bal ; le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils passent déjà plus que bien ! Suit un retour plus de dix ans en arrière avec I Have a Right, extrait de l’album Stones Grow Her Name ; après quoi je ressors du pit déjà très émue et reconnaissante de la chance qui m’est accordée d’observer de près de tels musiciens mettant autant d’eux-mêmes dans leur prestation et, au vu de ce que j’observe des réactions de mes collègues photographes, certains sont d’accord avec moi… C’est en retrait de la foule que j’assiste au reste de la prestation, qui débute avec The Wolves Die Young. Deux autres extraits du nouvel album trouvent leur place dans la setlist : le tube de l’été feel-good California, qui donne l’occasion au public de taper dans les mains avec Tony Kakko, puis Angel Defiled. Détail amusant : Sonata Arctica nous fait la petite surprise de faire la photo de fin de concert avec le public… en milieu de set ! Après quoi, l’émotion revient au cœur du show lorsque le groupe joue deux de ses mid-tempo les plus cultes. En premier, la ballade sentimentale Tallulah ; ensuite Replica, dont les musiciens livrent une interprétation semi-acoustique — qui commence avec eux jouant assis — quelques tons plus bas que l’originale. Dans tous les cas, les spectateurs reprennent les refrains en chœur et, de mon côté, je ne cache pas manquer verser une petite larme… Enfin, après que Tony Kakko a remercié avec force tendresse le public de « faire vivre la musique live », le set s’achève avec Don’t Say a Word, sur lequel le frontman rit comme un possédé ! Sur une durée qui a paru filer bien vite, Sonata Arctica, à défaut de faire revenir le soleil dans le ciel couvert du jour, a amené une dose de chaleur estivale sur le Wacken Open Air — ironique pour un groupe venu d’un pays réputé pour sa froideur ! [Ségolène]
Mon retour à mes premières amours métalliques me mène du côté du metal symphonique à voix féminine avec le passage de Xandria sur la Headbangers Stage. M’étant à titre personnel désintéressée du groupe suite aux multiples départs et remplacements de ses chanteuses ayant chacun fait couler leur dose d’encre, je reste toutefois curieuse de voir ce que vaut l’actuelle frontwoman Ambre Vourvahis. Rien que le premier morceau, You Will Never Be our God, lui permet de dévoiler tout l’éventail de ses capacités vocales, du chant mélodieux à certains passages en chant extrême, en passant par quelques envolées lyriques… autant dire qu’elle impressionne ! Le dernier opus en date du groupe, The Wonders Still Awaiting, étant sorti l’année dernière, il va de soi que la setlist est centrée sur ce dernier ; cependant, entre deux extraits ainsi que le récent single Universal, quelques morceaux emblématiques du passé viennent se faire une place, auxquels Ambre Vourvahis apporte sa touche de personnalité et que sont Nightfall — un « favori des fans » selon la chanteuse — et Valentine. La chanteuse en profite également pour annoncer, non sans un petit accent révélateur de ses origines franco-grecques, qu’un nouvel album est en préparation. De quoi susciter la curiosité et l’impatience des fans, qui se sont rassemblés en nombre devant la scène ! En tout cas, de ce qu’il ressort de cette prestation de Xandria, le nouveau line-up semble en harmonie et les effets pyrotechniques et les étincelles ajoutent à l’énergie qui s’en dégagent. Plutôt un bon présage pour la suite ? L’avenir nous le dira. [Ségolène]
Mes pas me conduisent ensuite vers un autre grand nom du metal à chant féminin : celui de Liv Kristine, qui se produit sur la Wackinger Stage. Forte de sa longue et riche carrière — quoi qu’en perte de vitesse depuis son départ de Leaves’ Eyes —, la Norvégienne a bien des choses à partager avec un public qui lui reste fidèle de longue date. C’est toutefois avec quelques minutes de retard que la chanteuse entre en scène accompagnée de ses musiciens, pour ouvrir sur deux titres issus de sa carrière solo que sont Shaolin Me suivi de River of Diamonds. La suite de la setlist s’articule autour de plusieurs morceaux issus des années passées avec Theatre of Tragedy et Leaves’ Eyes ; comme quoi Liv Kristine a su cibler les attentes de son public, très attaché à ce passé qui semble lointain. Dans l’ensemble, le rythme est lent et l’ambiance paisible, et des spectateurs paraissent profiter de ce moment de calme pour se poser après quelques concerts sûrement plus agités. Peut-être un peu trop au regard de certains… Toujours en est-il qu’une profonde douceur se dégage de la chanteuse, autant dans sa voix ou dans sa gestuelle tout en retenue que lorsqu’elle s’adresse aux spectateurs entre deux morceaux pour évoquer ses souvenirs au festival avec ses deux anciens groupes. Quant aux musiciens qui l’accompagnent, ils semblent très heureux d’être sur cette scène, notamment le claviériste qui se montre très souriant, et très complices de leur meneuse Liv Kristine. Cette prestation ressort alors comme une parenthèse nostalgique dans le running order du jour, pas la plus indispensable mais réconfortante pour qui s’y montre réceptif. [Ségolène]
Après une expérience dans le pit photo de la Harder Stage pour le moins… étrange, qui a principalement consisté à regarder Gene Simmons faire monter des enfants sur scène sans pouvoir faire autrement qu’attendre que ce dernier et ses comparses se décident à recommencer à jouer, et n’étant adepte ni de la musique de Kiss ni des longs discours servant à meubler les vides entre les morceaux, je décide d’aller me changer les idées devant un autre concert. Pour cela, quoi de tel que Primal Fear sur la Headbangers Stage ? Mené de front par Ralf Scheepers et la classe incontournable de ses lunettes de soleil, le groupe commence par briser les chaînes avec Chainbreaker avant d’entraîner le public dans un grand Rollercoaster. Après ce début de set, The World is on Fire, le groupe et les spectateurs aussi ! Par la suite, Primal Fear ne lâche rien et continue dans cette lignée, livrant une succession d’hymnes héroïques heavy/power à la sauce années 90 et 2000, des plus récents extraits du nouvel album « plus si nouveau que ça », Code Red, aux plus anciens. Outre la musique, l’autre grande force de Primal Fear réside dans l’électrisante bonne humeur des musiciens et la complicité qu’ils partagent, en particulier les deux membres fondateurs Ralf Scheepers et le bassiste Mat Sinner, éternels inséparables. En bon showman, le chanteur apporte une touche de théâtralité à l’annonce des morceaux ; j’en citerai pour exemple ce moment où il fait pousser aux spectateurs des cris façon heavy metal avant de déclarer qu’ « on n’a pas besoin d’un autre héros »… mais en fait, si, et ce héros, c’est nous ! Façon originale d’annoncer le morceau Another Hero. Plus tard, il évoque le souvenir d’un concert qu’il a donné avec Gamma Ray alors tête d’affiche du Wacken 1994, joué depuis un véhicule. Autant de petites et grandes choses qui confirment le statut de Primal Fear comme l’un des groupes les plus cool du monde ! [Ségolène]
Après avoir assisté à la fin du show de Blind Guardian — qui me donne le plaisir d’entendre en live Sacred Worlds, un de mes morceaux préférés —, et alors que l’arrivée de Korn sur la Harder Stage rassemble une foule monstrueuse sur l’Infield, je retourne vers la Headbangers Stage pour Unleash the Archers — encore du power metal, et encore un groupe à chant féminin ! Il se distingue toutefois de ceux qui l’ont précédé, ceci sur pas mal de points. À commencer par son approche rétro-futuriste d’inspiration disco/funk des 80’s, particulièrement bien mis en avant sur son dernier album en date Phantoma. La chanteuse Brittney Slayes porte son incarnation de l’héroïne de l’opus jusqu’à la scène, arborant un costume de robot humanoïde. Sa voix chaleureuse de contralto contribue aussi en bonne partie à l’identité du groupe, à contre-courant des chants lyriques ou blues auxquels le genre est habitué, et ayant quelque chose d’apaisant. La grande brune se montre également très sympathique vis-à-vis du public, qu’elle remercie très aimablement et avec le sourire. Ses comparses guitaristes se montrent quant à eux très virtuoses, tandis que le bassiste Nick Miller vit clairement sa meilleure vie. Unleash the Archers apparaît ainsi comme un groupe sachant mêler influences old-school et modernes, autant musicalement que dans son état d’esprit, et qui mérite largement son succès. Seul petit bémol pour moi : le scream du guitariste Grant Tuesdell est samplé, ce qui retire un peu à la prestation. [Ségolène]
Après avoir assisté à une partie du show de Vreid sur la Wackinger Stage et à la fin de celui d’Unleash the Archers, direction la W:E:T Stage pour les derniers titres de Mikkey Dee with Friends. L’actuel batteur de Scorpions et ex-Motörhead rend hommage à Lemmy et invite ses potes à reprendre, justement, du Motörhead. Chuck Garric, bassiste d’Alice Cooper et de Beasto Blanco — que nous verrons demain —, imite Lemmy, tel qu’on peut le voir dans le clip de Killed by Death, à la perfection, allant jusqu’à reproduire certains mouvements de celui-ci, pendant son interprétation de ce fameux titre. Ace of Spades et Overkill clôtureront — évidemment — cet hommage festif, et j’en viens à me dire que j’aurais mieux fait de me pointer là plus tôt ! [Oli]
Après avoir salué Equilibrium deux soirs plus tôt, il me paraissait tout à fait logique de rendre une petite visite à son ancien frontman Robert-Martin Dahn alias Robse sur la Wasteland Stage. Du haut de sa petite surface, la scène au look steampunk accueille son nouveau groupe homonyme, comptant pas moins de six membres, venus présenter leur premier album Harlekin und Krieger, qui sortira deux semaines plus tard. Fort de ce line-up très complet et complémentaire constitué de musiciens issus d’horizons différents, du death/thrash au black/folk en passant par le metal symphonique, le groupe propose un style musical qui l’est tout autant, à la croisée de ces genres, que l’on peut résumer plus simplement à un mélange entre death metal mélodique et pagan metal. Les morceaux sont denses, épiques et mélodiques, tout ce dont on peut rêver ! Qui plus est, l’expérience du leader avec ses anciens groupes — parmi lesquels Mallevs Maleficarvm, dont il a recruté le batteur et un des guitaristes, et bien sûr Equilibrium — se voit dans la présence scénique dont il fait montre ainsi que ses nombreuses interactions avec une audience au taquet. Cela étant, si le groupe est nommé d’après le diminutif de son prénom, ses confrères et sa consœur de scène sont bien loin de n’être présents qu’en fond et se donnent tout autant à fond que lui, ce qui se voit particulièrement chez les guitaristes qui montent sur les retours. En somme, tout est réuni pour que Robse fonctionne, encore que les backing vocals de la claviériste Alina Lesnik, même samplés, n’auraient pas été de trop dans le mixage sonore. Dans tous les cas, ni Equilibrium ni Robse n’ont à s’en faire : le premier a trouvé un remplaçant à la hauteur du second, lui a su s’entourer de musiciens de talent. [Ségolène]
The 69 Eyes se présente sur la W:E:T Stage sur une intro rockabilly et ne jouera pratiquement que des hits, tantôt poppy, tantôt plus dark. Betty Blue se fait caressant et Death of Darkness, titre phare extrait du dernier album, est plus heavy au niveau des guitares, et plus sombre. Le moule reste toujours gothique mais le groupe sait varier les plaisirs d’un titre à l’autre. Si l’humeur mélancolique domine ce soir, le show offre une bonne dynamique, passant des tons les plus sombres aux plus dansants selon une certaine progression, sans sauter du coq à l’âne. [Oli]
Sur la Louder Stage, la soirée s’achève avec Watain et son show entièrement dédié à l’album Lawless Darkness sorti en 2010, exclusif au Wacken 2024. Pour l’occasion, le géant suédois du black metal apporte un soin particulier à sa scénographie, mettant le feu à la scène au sens propre. De même, les musiciens soignent leur exécution, millimétrée, carrée et irréprochable, et injectent leur énergie infernale à des morceaux qui, pour certains, n’ont plus été intégrés à une setlist depuis longtemps. Erik Danielsson et consorts jouent le jeu à fond et cherchent très clairement à faire plaisir aux spectateurs ; néanmoins, hormis quelques-uns chez qui j’observe des réactions aussi théâtrales que le jeu de scène du groupe, ces derniers ne semblent pas se montrer plus réceptifs que ça… la faute à la fatigue ou à un spectacle un peu trop calculé ? S’agit-il plutôt d’une manifestation de l’attitude stoïque qu’il est souvent de coutume d’adopter durant les concerts de black metal occultiste ? Toujours en est-il que Watain ne manque pas de mérite dans son idée de remettre un « vieil » album au goût du jour tout comme dans son sens du spectacle et livre une performance impressionnante, notamment au niveau des effets pyrotechniques et de la maestria d’Erik Danielsson dans le maniement de torches. Le frontman prend la troisième guitare sur l’instrumental de milieu de set, qui donne son titre à l’album et au show, complément pas désagréable à ses comparses guitaristes qui de leur côté savent se mettre en avant. Suivent les quatre derniers titres, dont Hymn to Qayin, traditionnelle ouverture des concerts du groupe. Après quoi, le concert prend fin sur une dernière scène spectaculaire prenant la forme d’un rituel au cours duquel Erik Danielsson se pointe une lame sur la tête avant de faire la révérence. Preuve, s’il en est, que Watain met l’aspect spectaculaire au cœur de ses concerts et qu’il vaut le coup de voir le groupe pour cela. [Ségolène]
Les concerts préférés de Ségolène : Sonata Arctica, Primal Fear, The 69 Eyes
Les concerts préférés d’Oli : Cherie Currie, Gene Simmons, The 69 Eyes