Jeudi 30 janvier, 7 heures du matin. Presque pas dormi de la nuit, préférant rêver au départ prochain de l’Independence of the Seas. Ce bateau, ville flottante de 15 ponts, accueille la fameuse 70000 Tons of Metal Cruise (en abrégé : 70K). Il s’agit d’un festival de metal sur la mer des Caraïbes, durant 4 nuits et avec pour destination Ocho Rios, en Jamaïque Man (c’est cliché, je sais, mais pour y avoir été quelques heures, je l’ai entendu au moins 50 fois). Mon acolyte et moi avons pu apercevoir ce monstre des mers au réveil depuis notre chambre d’hôtel, ne faisant que renforcer l’excitation, tout en créant une forme d’appréhension : vais-je être capable de tenir le coup ? Est-ce humainement possible ? Parce que oui, c’est intense ! Les 3 premiers jours voient les concerts se terminer à 6 heures du matin…
Jeudi 30 janvier, 11 heures. Arrivée au port. Le bateau était déjà grand de loin mais là, il est juste monstrueux ! On a pu monter à bord vers 13 heures, un sentiment extraordinaire ! Enfin on y est, après des mois d’attente, de préparation… c’est parti ! Un petit tour du propriétaire est alors nécessaire pour repérer les 4 différentes scènes sur lesquelles se produiront pas moins de 61 groupes (tous deux fois). Elles sont réparties entre les étages 2-3 pour le Studio B – Ice Rink (une patinoire reconvertie en salle de concert, on peut sentir un air froid émaner du sol, une drôle de sensation, surtout dans un bateau au milieu de la mer des Caraïbes), aux étages 3 et 4, il y a le Royal Theater (la plus grande salle intérieure), au 5ème étage se trouve la Star Lounge (une toute petite salle sans gradins et avec un plafond pas bien haut, sans photo pit) et, finalement, la Pool Deck aux 11ème et 12ème étages (elle se situe sur le pont, elle a été montée le jour et la nuit du départ et les concerts n’y ont pas commencé avant le samedi matin).
Durant ce petit tour d’horizon, il nous a été donné de tomber sur la (très bonne) pizzeria du bateau (5ème étage), à volonté entre 18h et 6h. Il est aussi possible d’y trouver de l’eau fraîche en libre-service (croyez-moi, ça fait du bien). Si on ne veut pas de pizza, pas de panique ! Au 11ème étage, il y a le Windjammer Café, un buffet à volonté ouvert presque tout le temps et proposant un large choix de plats pour combler les fins gourmets. Pour de petits encas rapides, il y a un snack proposant fish’n’chips, nuggets de poulet ou beignets de crevettes (ces derniers sont vraiment top). Puisqu’on ne peut pas manger sans boire, chaque restaurant à de l’eau bien fraîche mise à disposition. A proximité de toutes les salles de concert, ainsi que dans les lieux de passages tels que le casino (endroit servant autant de salle de jeu que de fumoir), il est possible d’acheter à boire (soda, eau, bière). La carte permettant d’ouvrir la chambre fait également office de carte de crédit, ce qui évite de devoir s’encombrer de son porte-monnaie. La compagnie de croisière, Royal Caribbean, a mis au point une application permettant, entre autres choses, de communiquer avec d’autres festivaliers, ainsi que de suivre en direct l’état des dépenses sans avoir besoin de connexion internet.
Le point le plus important n’ayant pas encore été mentionné est que les membres des groupes vivent comme les festivaliers sur le bateau, ils vivent comme nous, mangent aux mêmes endroits que nous, sont tout à fait enclins à prendre du temps pour leurs fans et sont même heureux de le faire. Joacim Cans, le chanteur d’Hammerfall a bien résumé cela en conférence de presse : « Pendant les repas et les concerts on veut profiter du moment, autrement, venez quand vous voulez ». Donc, une fois sur le bateau, la chasse est ouverte !
Jeudi 30 janvier, 16h45. Nous nous rendons, non sans nous égarer quelques peu, à la Star Lounge pour voir le premier concert de cette folle aventure. Beyond Creation a eu l’honneur de se charger de larguer les amarres. Et de quelle manière ! Ce groupe de technical death metal à tout déchiré d’entrée de jeu avec un super son ! Ils ont envoyé à fond et le public a répondu d’une fort belle manière. Il n’y a pas que les vagues qui ont secoué, si vous voyez ce que je veux dire. Ils ont joué quelques-uns de leurs meilleurs titres comme Earthboud Evolution, ou Algorythm et finissant en apothéose avec Fundamental Process. Ces musiciens sont vraiment excellents, autant techniquement que par leur présence sur scène. Un départ tout feu tout flamme ! Un truc choquant, et qui continuera de choquer, c’est le volume ! En Amérique, il n’y a pas de restrictions, chacun fait comme bon lui semble. Une connaissance valaisanne (la Suisse est la 7ème origine la plus représentée) nous a dit avoir mesuré un concert à pas moins de 119 décibels et, à mon avis, ce n’était pas le plus fort, donc les boules Quies sont vraiment recommandées. Dès la fin de Beyond Creation, il a fallu faire un crochet dehors pour constater que le bateau avait effectivement quitté le port (et non, ce n’était pas à cause de la bière que tout le monde avait soudainement tangué).
L’instant fut court mais intense car il n’y avait pas beaucoup de temps avant d’aller voir Krisiun au Studio B, du brutal death brésilien que je décrirais comme sans concession. Ce sont des riffs super agressifs accompagnés de blasts violents dans la tronche. Il s’agit de trois frères qui font de la musique ensemble depuis plus de 30 ans. La recette est donc optimisée pour un max de fun ! Ils ont rendu les pogoteurs fous, c’était la bagarre, celle que l’on aime voir en festival. Krisiun a proposé un set mettant à l’honneur leurs titres des années 90 comme Blood of Lions et Hatred Inherit. Ça ne les a pas empêchés de faire Necronimical et Serpent Messiah de leur dernier album Mortem Solis. Dans l’ensemble, une solide prestation qui donne envie d’en voir plus au prochain concert. Ils ont laissé leur place à Decapitated et un set spécial Nihility. Ils l’ont joué d’un bout à l’autre sans perdre une seconde. Le départ de Rafał « Rasta » Piotrowski, remplacé par Eemeli Bodde (ex-Mors Subita) ne se fait pas sentir à l’oreille, il est très bon ! Après c’est vrai que ne plus avoir ces monstrueuses rasta, ça fait un peu bizarre au début mais on s’y fait très vite. Ils ont joué comme des brutes. Mes coups de cœurs vont à Eternity Too Short et Sphere of Madness. Il leur restait quelques minutes de temps de scène et, au lieu de finir trop tôt, ils ont fait une reprise de Suffer the Children de Napalm Death. Franchement pas mal !
Krisiun
Decapitated
Il était alors l’heure de courir au théâtre pour y trouver Hammerfall et son heavy metal qui ne prend pas une ride. Une performance aux petits oignons mêlant des titres de la plupart de leurs albums avec un accent mis sur Chapter V : Unbent, Unbowed, Unbroken, qui fête ses 20 ans en 2025. Pour ouvrir le bal, Avenge the Fallen, Heading the Call et Any Means Necessary. Ils ont fait ce qu’ils savent faire de mieux, des riffs accrocheurs, des hymnes au heavy metal ! Bien sûr, les gratteux et le bassiste se sont mis côte-à-côte et ont levé leur instrument en rythme. C’est old fashioned mais ça l’est autant que le groupe. Hammer of Dawn, Freedom ont continué sur cette lancée. Puis est venu le temps fort de ce show : Fury of the Wild puis un Chapter V medley qui a couvert l’essentiel de l’album tout en gardant une structure cohérente. C’était super cool ! Après cela, le chanteur a commencé à blablater avant Hammer High et il a recommencé avant Last Man Standing. 2 titres que la foule a entonné en chœur. Sur cette lancée, ils ne pouvaient faire autrement que de finir avec (We Make) Sweden Rock, Hail to the King et Hearts on Fire. Des classiques qui font toujours autant plaisir !
Hammerfall
Toujours dans cette même salle, l’ambiance change du tout au tout avec l’arrivée d’Emperor. Pour leur premier passage sur les planches, ils ont proposé une liste traversant leur album In the Nightside Eclipse. Ils l’ont joué en entier (sauf Beyond the Great Vast Forest). C’était extraordinaire, un des tous meilleurs concerts ! Je ne sais pas comment l’expliquer, mais ces gars dégagent une énergie particulière. C’est toujours un moment suspendu dans le temps. La voix d’Ihsahn est parfaite et il est entouré d’une équipe de choc (mention spéciale à Jørgen Munkeby, le claviériste qui vit le truc à 10’000%). Malheureusement, Samoth n’a pas pu se joindre à la fête pour des raisons administratives. Cela n’a en rien gâché cette prestation d’Emperor qui a été juste exceptionnelle !! Parce que, comme si In the Nightside Eclipse ne suffisait pas, ils ont encore rajouté In the Wordless Chamber, The Loss and Curse of Reverence, With Strength I Burn et le sublime Ye Entrancemperium. Ma tête a failli exploser. Et pourtant juste après cette monumentale claque, il était obligatoire d’aller voir Benighted dans la petite Star Lounge. Ils ont commencé pile à la fin d’Emperor, donc on est arrivé légèrement en retard, au début de Implore the Negative. Le changement est brutal avec le black sympho d’Emperor mais qu’est-ce que ça fait plaisir de voir Benighted ! Ils ont tout donné. Ils ont fait un « best of show » avec Scapegoat, Starving Beast et l’obligatoire Let the Blood Spill Between My Broken Teeth. De la folie ! Ils assurent toujours en live, c’est au top ! Pourtant le guitariste, Manu, nous a confié être arrivé le matin même et être en plein décalage horaire (du coup ça fait qu’ils ont commencé leur show à 6h30 du matin, heure de chez eux). Un gros respect ! Le public a été séduit et c’était objectivement plus que mérité.
Emperor
La fin de soirée n’a pas été de tout repos non plus avec Septicflesh au Studio B et son symphonic death metal venu tout droit d’Athènes. C’est du puissant, captivant. De quoi conquérir le cœur de tous mes « brothers and sisters » présents sur l’Independence of the Seas. Ils ont commencé par des classiques The Vampire from Nazareth, Neuromancer et Pyramid God, en ont fait quelques autres et terminé avec Anubis et Dark Art. Une super représentation qui a fait secouer quelques vaillantes têtes.
Sur notre agenda, il restait Destinity, au Star Lounge, de 3h45 à 4h30. Nous y sommes allés et qu’est-ce que nous avons bien fait ! C’est un groupe de death mélo français qui a su nous captiver malgré un état de fatigue général relativement élevé. Il faut dire qu’à une heure pareille, il n’y a plus tellement de circle pit et encore moins de slamers. La prestation du groupe a tout de même attiré plein de monde, ce qui est très cool. Cette journée était de la pure folie (et pourtant ce n’était que le jour 1).
Septicflesh
Vendredi 31 janvier, 11h30. Après quelques heures de sommeil (vraiment pas beaucoup), nous nous sommes rendus à la Pool Deck pour voir les légionnaires d’Ex Deo, emmenés par un Maurizio Iacono dans une forme étincelante, menant ses troupes au travers de l’Empire romain. Ils ont fait Imperator, Cato Major : Carthago Delenda Est !, The Rise of Hannibal, leur dernier titre Vespasian. James Payne nous a gratifié d’un superbe solo de batterie avant The Fall of Claudius, Pollice Verso, I, Caligula et Romulus. Une belle setlist couvrant tous leurs albums. Ça fait bizarre de se manger 100 décibels pour le petit déjeuner, mais, présenté comme ça, j’en redemande ! Pour un premier concert en extérieur le son est bon. Par contre, il y a un vent à décorner les bœufs, ce qui peut tout de même refroidir les plus pointilleux mais globalement, ça le fait bien. Pour enchaîner en douceur, nous sommes allés voir Painful, un groupe de black metal allemand qui sonnait super bien mais qui, malheureusement, n’était pas au complet. Il manquait un batteur et un claviériste, ce qui a un peu cassé la puissance live de l’ensemble. Il n’empêche que les compos sont bonnes et les musiciens présents se défendent bien sur scène.
Ex Deo
Après la rudesse du début de journée, nous sommes allés chercher un peu de douceur auprès de Majestica. Ce groupe propose un power metal teinté d’éléments 80’s tout à fait rafraichissants. Ce fut un moment de pure légèreté. Ils ont fait le premier single de leur prochain album Power Train, ainsi que des titres plus anciens comme Night Call Girl, Rising Tide, Ghost of Marley. La voix de Tommy Johansson est juste parfaite pour ce style de musique. C’est super cool et ça change un peu de ce qu’on a vu jusqu’à maintenant. Ils ont fini avec Above the Sky, Metal United et Alliance Forever. Les autres musiciens ne sont pas en reste, tout le groupe vit bien et a un monstre smile sur scène, ça fait plaisir à voir !
Majestica
Vendredi 31 janvier, 17h. The Kovenant va commencer d’ici peu. Si on m’avait dit un jour qu’il me serait donné de voir ça en live je ne l’aurais pas cru et pourtant… Ils ont commencé avec des titres d’Animatronic : Jihad, Mirror Paradise, New World Order et In the Name of Future. Cela commence super bien, ce ne sont pas mes titres préférés mais ils ont comme qui dirait pris un air plus metal, alors c’est top ! Ils ont poursuivi avec des titres de Nexus Polaris, mais il nous a fallu partir. Ce n’est que partie remise, le concert 2 arrive très vite. Un concert génial, qui peut donner des frissons à tous les fans de black symphonique.
The Kovenant
En nous baladant sur le bateau, l’immensité du lieu nous a frappé en pleine face. Tout est dingue ! C’est une véritable ville sur mer. Puis après quelques arrêts à droite, à gauche, nous nous sommes rendus au Studio B pour évacuer les dernières bonnes ondes de Majestica et nous plonger tête la première dans Pessimist, un vieux groupe de death old school allemand qui n’était pas là pour faire de la figuration. Tous les groupes ont eu un son très bon mais le leur était juste… Wow ! La basse avait un son parfait, bien claquant, hyper agressif et le gars savait le mettre en valeur. Le guitariste aussi était bien bon. Le batteur envoyait à fond la caisse ! Le chanteur avait un peu l’air d’un papy perdu avant le début de cette petite merveille mais une fois le concert commencé, l’expression « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe » a pris tout son sens. Il a une voix de fou furieux ! Une découverte absolument géniale ! Il était temps de voir un autre groupe de death metal avec une approche complètement différente. The Zenith Passage propose un death metal plus technique, plus planant, qui cherche moins à faire mal qu’à faire voyager (contrairement à Pessimist). Les américains ont joué des titres de leur dernier album Datalysium, Divinertia 1 et 2 avant de finir par Deus Deceptor de leur premier opus. C’était vraiment chouette et le chanteur a une sacrée voix ! Une vraie petite pépite qui ne demande qu’à être appréciée (ce qui fut le cas, croyez-moi). 45 minutes plus tard, Hate était supposé venir plonger la Star Lounge dans une atmosphère froide et pesante mais, une fois que les membres du groupe furent prêts à en découdre, un problème technique les a forcé à retarder leur set d’environ 20 minutes. Nous avons alors été obligés de partir avant la fin, dommage. Les polonais savent y faire et l’ont montré d’une fort belle manière une fois le problème résolu. Ça masse à fond avec des riffs glaçant, ce qui contraste vachement avec l’atmosphère chaleureuse de la mer des Caraïbes.
Pessimist
Si nous sommes partis, ce n’est pas pour rien. Les brésiliens de Sepultura s’apprêtaient à mettre le feu au théâtre. La tension était palpable avant le début du concert, tout le monde était bouillant à l’idée de voir ce groupe mythique. Ils ont tout cassé d’entrée avec les sublimes Arise et Dead Embryonic Cells. Un départ canon mettant les premières années du groupe à l’honneur. Phantom Self et Attitude ont définitivement rendu la foule folle. Ils ont continué de dérouler avec Means to an End, Kairos et Breed Apart. Pour le bonheur des nostalgiques de la période plus trash/death de Sepultura, ils ont joué Escape to the Void. Oh que c’était beau ! La fin du show n’était pas vilaine non plus avec Inner Self, Agony of Defeat, Troops of Doom et un trio final d’exception Territory, Ratamahatta et la seule et unique Roots Bloody Roots. C’était tellement bien, intense et crevant. Il restait pourtant 6 heures à tenir avant d’aller faire une sorte de nuit/sieste.
Sepultura
Une petite pause s’impose avant que Suffocation ne vienne tout défoncer dans ce même théâtre. La bande à Terence Hobbs a littéralement fait exploser toutes les cervicales dans la salle. Avec leur tech-death d’une brutalité sans égale, Suffocation a régné en maître absolu sur la mer des Caraïbes et livré une performance remarquable. L’air marin leur va à ravir. Ils avaient pourtant été prévenus de leur participation au 70K moins d’une semaine auparavant. Que ce soit le monstre Erik Morotti derrière les fûts qui envoie comme un fou furieux alors qu’il n’a même pas l’air de se fatiguer, Charlie Errigio qui manie sa gratte à la perfection, Derek Boyer qui sait faire des trucs de malade avec sa basse ou le dernier arrivé Ricky Myers (depuis 2019 tout de même) qui a une voix et une gestuelle imprimant chaque changement de rythme, tous sont au sommet de leur art ! C’était MAGISTRAL ! Zut… nous allons devoir attendre 2 jours avant de les revoir…
Vendredi 31 janvier, 3h45. Samael va commencer sans tarder son album Passage, qu’il jouera en intégralité. Une prestation maitrisée de bout en bout par des suisses qui n’avaient rien à prouver tellement la Pool Deck était acquise à leur cause avant même le début de leur performance. Les attentes des spectateurs n’ont pas été déçues, au contraire. La bande de Vorph a récité son texte en y mettant tous les ingrédients pour faire de ce concert spécial un moment intense et savoureux ! Bien que jouant à une heure très tardive (ou très tôt, c’est selon), les gars avaient bien la pêche. Mention spéciale à Xy qui, derrière sa batterie et son clavier, n’arrêtait pas de sauter et faire le show. Nous sommes ensuite restés à l’air libre pour attendre le dernier groupe de ce formidable jour 2, j’ai nommé Abysmal Dawn. Malgré le jour se levant avant même la fin de leur temps sur les planches, ce groupe de Los Angeles a tenu toutes ses promesses, et a su garder les plus vaillant éveillés… et y en avait un sacré paquet ! C’est une expérience assez dingue de se dire que ça fait quasiment 20 heures que l’on se fait des concerts et on a envie que d’une chose… continuer. Merci à Abysmal Dawn pour cette dernière dose d’énergie salvatrice et ce concert tout à fait délicieux. Leurs riffs assassins et leur tempo rapides font d’eux un très bon groupe valant la peine de sacrifier son sommeil. En plus, l’ambiance était bonne, le son aussi, que demande le peuple ?
Samael
Samedi 1 février, 9h30. Nous accostons bientôt en Jamaïque, les marins ayant des excursions hors du bateau doivent être prêt pour 10h30. Cela paraissait impossible et pourtant on l’a fait ! Le retour sur le bateau est programmé pour 16h, dernier carat. Notre premier concert fut The Kovenant, Nexus Polaris set, sur la Pool Deck. Ils l’ont simplement joué en entier. Simple, efficace et pourtant si beau ! Le son était au top, les gars étaient bouillants, franchement un moment suspendu hors du temps qui en a mis plein les yeux à tous les spectateurs. L’extase ! Cette pépite du black metal symphonique datant de 1998 n’a pas pris la moindre ride, comme si le temps ne passait pas pour elle. Bon… c’est vrai que les musiciens ont un peu vieilli mais leur musique reste tellement actuelle. C’était juste merveilleux. Ils ont enchaîné les morceaux sans discontinuer pour pouvoir jouer l’album dans son intégralité.
Samedi 1 février, 22h30. Emperor, round 2, Anthems to the Welkin at Dusk setlist. Commençant avec In the Wordless Chamber, un choix super intéressant, comme pour faire le lien avec le concert ayant eu lieu au jour 1. Après cette jolie entrée en matière, est venue la grosse partie avec Thus Spake the Nightspirit, Ensorcelled by Khaos, The Loss and Curse of Reverence, The Acclamation of Bonds et With Strength I Burn. Un vrai récital. Cet album est mon préféré du groupe et de voir tous ces titres en live, c’était le pied ! Une exécution parfaite, juste un horrible vent qui a pu déranger un peu le son (surtout pour ceux se trouvant loin de la scène). Le concert n’est absolument pas fini. Curse You All Men ! était là pour montrer que le groupe n’oublie aucun de ses albums. Et pour finir, un bond dans le passé avec Towards the Pantheon, The Majesty of the Nightsky, I Am the Black Wizard et la chanson la plus mythique de la discographie d’Emperor, Inno A Satana pour clôturer ce show… ou pas. Pourquoi pas une dernière pour la route ? Ye Entrancemperium a parachevé ce chef-d’œuvre ! Nous en restons sans voix ! Ça, c’est une prestation de haute mer… plutôt de haut vol !
Pas le temps de s’extasier qu’Ex Deo envahit déjà le Studio B. Ils ont rejoué la même liste qu’au petit matin du jour 2 et on ne saurait dire s’ils sont du soir ou du matin tellement leur deux prestations ont été solides. Ils ont ensuite laissé leur place aux français de Benighted. Pour fêter les 10 ans de leur album Carnivore Sublime, ils n’ont pas fait les choses à moitié et l’ont joué en entier ! Chaque morceau a son petit truc qui le rend unique, faisant de l’album un tout, ayant un début, un milieu et une fin, magnifiquement construits et parfaitement exécutés. Avec encore quelques minutes pour terminer leur passage sur les planches, ils ont décidé de rendre hommage à Sepultura en reprenant leur morceau Biotech is Godzilla et en le mettant sous stéroïdes. Ils l’ont fait à 2’000 à l’heure, d’une puissance folle. C’était un hommage plus que réussi et pour mettre un terme à leur set, ils ont fait leur titre habituel Let the Blood Spill Between my Broken Teeth qui, comme à l’allée a fait un carnage. Ce morceau rend les gens dingues, c’était la fête aux Caraïbes. Après toute cette violence il nous faut aller prendre l’air vers la Pool Deck et, comme par hasard, Krisiun nous a accueilli avec un show mettant l’album Conquerors of Armageddon en lumière. C’était monstrueux ! Avec des titres comme Ravager et Soul Devourer couplé à un volume presque indécent, on ne pouvait qu’être captivé par ce que proposait Krisiun. Ils ne bougent pas beaucoup sur scène mais qu’est-ce qu’ils envoient du lourd ! Une véritable boucherie ! Pour terminer cette journée de manière douce, Hate a proposé un début de concert similaire à son premier passage. Leur voyage sur l’Independence of the Seas n’aura pas été une sinécure. Entre un set retardé de 20 minutes et le fait d’être le tout dernier groupe, pas simple… et, malgré tout, les gars se sont montrés sous leur meilleur jour ! Ils ont enchainé les titres finissant vers 6h20 du matin avec un magnifique ciel bleu et un public au rendez-vous !
Dimanche 2 février, 11h30 nous voilà arrivé à la Pool Deck pour revoir le début du concert de Septicflech qui, grosso modo, a été le même qu’au premier passage, et nous a permis de finir de nous réveiller en douceur avec leur death metal orchestral envoutant. Un peu plus tard, Suffocation a mis la Pool Deck sens dessus-dessous avec des titres absolument géniaux ! Mention spéciale pour Funeral Inception qu’ils ont joué encore plus vite que sur album et Infecting the Crypts. Grandiose ! Peu importe où passe Suffocation, les cervicales tirent dans l’heure. Ces mecs sont juste trop forts ! Enfin on peut se mettre au frais en allant regarder The Zenith Passage au Studio B. Très belle performance avec une setlist là-aussi très proche, voire identique, à celle de leur premier passage. Après tout, quand la musique est bonne, elle est bonne. Kalmah nous a conquis à la Pool Deck avec leur mélo-death venu tout droit de Finlande. Ils ont joué leur album They Will Return en entier. C’était la première fois qu’ils jouaient Human Fates en live. Une performance tout à fait aboutie avec, en prime, 3 titres venus d’autres albums : Haunted by Guilt, The Black Waltz et Hades. Un show rafraichissant et mélodique, chose plutôt rare depuis les orchestrations de Septicflesh. La baisse de température allait atteindre un minimum dans la Star Lounge avec Mork et son black metal norvégien plutôt old school. Ils ont fait pas mal de titres, quelques-uns plus agressifs, faisant état du large panel de leurs talents. Un bon groupe aux titres imprononçables, qui mérite que l’on puisse dire que la chanson X de leur avant-dernier album est top !
Pour nous remettre en selle, quoi de mieux qu’un jeune groupe de thrash ultra rapide et plein d’avenir ? Rien. Et Warfield l’a démontré d’une fort belle manière. Ce trio allemand a mis toute son énergie dans cette performance. La recette ? Mettre tout à fond et le plus vite possible, le tout est enrobé d’un chant typique thrash des années 80-90. C’est du néo-rétro qui casse absolument tout ! Le rétro-rétro n’est pas en reste non plus. Hammerfall a pris possession de la Pool Deck et a joué devant une foule en délire. Les gens chantaient à tue-tête et sautaient dans tous les sens, c’était impressionnant ! Ils ont fait un set différent du premier avec une ouverture sur Thershold, Any Means Necessary avant de poursuivre avec Heading the Call et Hammer High (oui le chanteur a refait exactement le même blabla, c’est sa marque de fabrique). Avec ces titres, l’ambiance était posée et le mode fun ultime activé ! Blood Bound, Renegade, Last Man Standing ont continué sur cette belle lancée. The Dragon Lies Bleeding a tellement été réclamée au groupe qu’ils l’ont jouée. Quelle bonne idée, merci à tous ceux qui leur ont demandé ! Les surprises ne sont pas finies car Tommy Johansson a rejoint Hammerfall pour jouer Let the Hammer Fall. C’était bien une chose à laquelle on ne s’attendait pas mais c’était cool. La fin du concert a vu The End Justifies, (We Make) Sweden Rock et l’immanquable Hearts on Fire mettre un terme à cette performance d’exception.
Dimanche 2 février, 23h30. Il est maintenant l’heure de voir le tout dernier concert de Sepultura aux 70K, car ils vont donner un Farewell at Sea set (adieu à la mer). Un départ sauvage à base de Refuse/Resist, Territory et Kairos. On a peur que le bateau coule sous les coups assassins du batteur Greyson Nekrutman. Il est très jeune et pétri de talent. On voit à quel point il s’amuse derrière sa batterie et c’est vraiment chouette. Phantom Self et Attitude sont les titres suivants. Derrick Green a demandé au public de bouger et le public lui a plus que répondu ! Il y a eu un nombre incalculable de slamers, des pogos. C’était à la hauteur des attentes du chanteur. Means to an End a précédé Choke et Escape to the Void, qu’Andreas Kisser a introduit. Ils l’avaient déjà faite mais c’était vraiment bien de la retrouver. On ne se lasse pas de pépites pareilles. Inner Self, Agony of Defeat et Biotech is Godzilla furent parmi les derniers titres de cette performance. Paulo Xisto, plus discret mais diablement efficace, n’a pas arrêté de mitrailler sur sa jolie basse. C’est marrant de voir comment est cette chanson à l’origine et en quoi Benighted l’a transformée. On sent que les techniques de jeu ont évoluées (et que leur style n’est pas du tout comparable à celui de Sepultura). Pour finir leur aventure maritime, ils ont très bien choisi leurs titres : Dead Embryonic Cells, Arise, Ratamahatta et Roots Bloody Roots. Cette dernière a plongé le public dans un état de transe. J’ai rarement vu autant d’Attitude qu’à ce moment-là. Les gens bougeaient de partout, il était dur de garder une place précise, que ce soit au premier rang ou tout au fond. Une dernière danse digne de la légende qu’est Sepultura. Bon vent messieurs !
Lundi 3 février, 1h30. Pour mettre un point final à cette aventure complètement folle, Majestica a décidé de jouer, de A à Z son nouvel album, Power Train. Ce fut un concert super festif avec une tonne de bonnes ondes et de la joie de vivre. Pour finir cette événement incroyable avec le sourire il n’y avait pas mieux. Pour le tout dernier morceau de cette édition 2025, ils ont joué Metal United, un joli message faisant écho à celui du skipper Andy Piller, l’homme à l’origine de la 70’000 Tons of Metal Cruise. Il a annoncé la présence de 81 nations à bord du bateau, ce qui en fait le record absolu. C’était féérique comme concert. La réaction du public faisait plaisir pour Majestica, leur album a été adoubé et est maintenant à écouter sans modération.
Lundi 3 février, 6h30, on est arrivé au port de Miami, il faut se préparer à quitter le bateau dès 7h30. Ça pique ! Retrouver la terre ferme produit une sensation étrange, mêlant un sentiment d’accomplissement, puisque nous sommes officiellement des Survivors, et en même temps, un coup de blues énorme car cette croisière que l’on rêvait de faire depuis des années est passée en un demi-claquement de doigts. Toutes les personnes avec qui on en a parlé nous ont dit : Attention à la dépression post-croisière ! Cela nous semblait un peu fort de dire ça mais c’est tellement vrai.
C’est un événement unique en son genre, qui permet de faire des tonnes de rencontres, que ce soit des artistes ou d’autres festivaliers venant des 4 coins du monde. La bonne ambiance règne en seul maître à bord, tout le monde est là pour s’amuser et prendre du bon temps. C’est vraiment quelque chose de génial ! En plus, le fait d’être sur un bateau coupe de tous les tracas de la vie quotidienne, il n’y a vraiment rien d’autre que la musique qui compte. C’est, d’un certain point de vue, super reposant pour l’esprit. D’un autre côté, le corps ne réagit pas si mal que ça, on peut relativement vite s’en remettre. Après, c’est le genre d’expérience qui peut absolument bouleverser un passionné. Avoir autant de choses à voir, côtoyer autant d’artistes, assister à des signing sessions (jour 2), des listening parties, des conférences dirigées par des artistes, Eric Morotti de Suffocation en a donné une au sujet de la batterie, ainsi que d’autres activités (Twilight Force a organisé un tournoi de Magic par exemple). C’est de la folie pure, faite pour des gens, eux aussi, un peu fous.