Soilwork
Övergivenheten
Genre death metal mélodique
Pays Suède
Label Nuclear Blast Records
Date de sortie 19/08/2022

Site Internet

On ne présente plus Soilwork, eu égard à la pierre (un rocher, une montagne même !) apportée au metal suédois et mondial depuis 1995. En forme plus que jamais (si si vraiment), le groupe vient tout juste de sortir son douzième album le 19 août courant. Övergivenheten !!!

C’est parti avec l’éponyme… Une jolie acoustique atmosphérique qui embarque l’auditeur vers des contrées lointaines, à travers les fjords, s’égarant au-dessus de la chaîne des Scandes (Alpes scandinaves) Superbe ouverture. Ça part ensuite vers un Soilwork traditionnel, massif, histoire de dire « si si c’est bien nous qu’on joue ! ». Cette première partie constituée ne décevra pas les puristes, avec une mention pour Nous sommes la guerre et son solo magistral qui rendra jaloux les auditeurs gratteux. Après quoi… L’album monte en puissance avec Electric Again. Les compos évoluent vers des styles oscillant entre une brutalité rarement atteinte chez la formation, on y trouve un air de renouveau très bienvenu. Plus complexe dans l’écriture (signée majoritairement Björn Strid et David Andersson), il se passe beaucoup de choses qui nécessiteront plusieurs écoutes. Björn nous dévoile ici des aspects de sa personnalité vocale que je ne lui connaissais pas. La route a été longue depuis ma découverte du groupe avec Natural Born Chaos (2002), et son évolution est constante. Sa collaboration avec Devin Townsend a marqué un très gros tournant avec la période Stabbing the Drama (2007), pour moi l’album le plus massif de la formation jusqu’à présent. Dirk Verbeureun à l’époque, a apposé sa marque de batteur technique, précise et efficace, une sacrée signature. D’ailleurs, pour en revenir au présent album, le jeu de Bastian Thusgaard derrière les futs en impose, ça va chier sur scène !

Chaque musicien s’exprime avec justesse et subtilité dans son art, Björn maltraite son micro comme jamais, Sylvain Coudret et David Andersson gèrent leurs guitares avec charisme et nous balancent toutes leurs tripes question rythmique, avec des riffs d’une rare intensité, tout en prenant une belle hauteur avec leurs solos au son tellement médium qui fait le son Soilwork. Et ça enchaîne direct avec Vulture (seule compo signée Sven Karlsson et c’est dommage parce que c’est bon) qui fricote par moments avec un black bien énervé, brutal, souvent orchestral et un final en paterne dark acoustique épuré, joyaux des guitares et du clavier de Sven bien entendu, masterpiece de l’identité sonore de Soilwork depuis 2001 tout de même. Il s’en donne à cœur joie sur cet opus, aérant magnifiquement l’ensemble.

Vous en voulez encore ? Un bel interlude vous attend avec Morgongåva/Stormfågel, joli moment de complicité instrumentale, qui met en avant le nouveau bassiste du groupe, Rasmus Ehrnborn. À ce titre, il fait une belle base rythmique combinée avec Bastian, rendant le tout subtile et vraiment charismatique. Le voyage auditif se poursuit, puis c’est un… rock stoner que j’entends sur fond de pop ?! Death, I Hear you Calling. Ma foi, belle surprise, ça groove sec, Björn tape un style heavy rock bien senti, et les gratteux, des solos qui le sont tout autant. Rien à faire, le groupe s’octroie des variations sympas dans cet album, qui le rendent accrocheur, varié. Un peu dans la lignée du précédent Verkligheten (2020). Et vlan, petite ouverture pianistique de toute beauté et nouveau revers avec This Godless Universe, rouleau compresseur black-death orchestral violonistique, mêlé à passage bien lourd qui sent l’accordage abyssal. Ça pète de partout ! Le morceau évolue vers des sonorités cosmiques, atmosphériques, qui ramènent vers la lumière après avoir exploré les abysses. Impressionnant de maturité, tout ça.

C’est un joli retour en force, avec des compos qui vivent superbement, remarquablement bien menées et riches de tout ce qu’on aime, brutalité, groove, orchestration, multi-styles… Le groupe s’affirme ici en explorant les extrêmes. Il y en a pour ceux qui aiment le Soilwork plus traditionnel, notamment avec les deux dernières pièces Harvest Spine et On the Wings of a Goddess Through Flaming Sheets of Rain, mais encore plus pour ceux qui recherchent un renouveau musical. Ce n’est plus une montagne qu’ils posent ici, les Suédois, c’est carrément la totalité de la chaîne des Scandes !!! Merci les gars pour ce plaisant voyage.