Accept, Hatebreed, Channel Zero, Dark Angel, Soulfly, Sacred Reich, Midnight, Legion of the Damned
Gashouder, Maastricht (NL)
Date 7 juin 2025
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Georges Meulenyser
https://southofheaven.nl/

Ce samedi 7 juin, nous arrivons au South of Heaven Festival en début d’après-midi pour ne pas rater Legion of the Damned, valeur sûre du thrash européen, qui rencontrera quelques problèmes de soundcheck et montera sur les planches avec un peu moins de trente minutes de retard. Malgré le temps passé dessus, les problèmes techniques ne sont apparemment pas totalement résolus et le son se montrera capricieux pendant une bonne partie du concert. Ceci dit, cela n’empêche pas le public d’apprécier ce thrash blackisant aux riffs incisifs et rehaussé par le savoir-faire des Bataves, à la tête desquels l’imposant frontman Maurice Swinkels impressionne toujours.

Quand vient le tour de Midnight de faire parler la poudre, le retard sur l’horaire s’est déjà réduit à quinze minutes. Les gaillards ont-ils pris sur eux pour s’installer plus vite que prévu, ou considèrent-ils que les soudchecks, c’est pour les mauviettes ? Toujours est-il que leur set ne souffre en rien de cette supposée précipitation et que leur black’n’roll/speed metal — sans fioritures, il est vrai — passe sans aucun mal, alors que le temps semble défiler à toute vitesse à l’écoute de cette musique aussi basique que jouissive. Encagoulés et toutes cartouchières dehors, Athenar (basse/chant) et Sorg of Satan (guitare) échangent régulièrement leurs positions sur scène pour se retrouver chacun son tour du côté droit ou gauche, afin, sans doute, que chaque spectateur, où qu’il se trouve, puisse apercevoir de plus près son héros. N’est-ce pas très chou ?

Avec Sacred Reich, changement d’ambiance. Le thrash des Ricains n’est pas moins mordant que le speed de Midnight. Toutefois, aussi sérieux et politiques que soient les thèmes véhiculés par les textes de la bande à Phil Rind (basse/chant), un concert de Sacred Reich constitue toujours un moment feel good, l’attitude joviale de Phil, souriant comme toujours, y étant pour beaucoup. Pour ce premier gig de l’actuelle tournée, ça commence fort avec le classique The American Way, son riff répétitif et son tempo modéré. S’ensuit Divide & Conquer, plus speed et extrait du dernier album en date, The Awakening (2019), qui sera représenté une seconde fois par Salvation, à l’occasion duquel Phil s’en ira d’un petit speech sur la communauté metal et le salut (« salvation« ) par la musique. Cliché, idéaliste et un rien exagéré, ce discours (« nous formons une communauté« , « nous nous soutenons les uns les autres« , « le salut par la musique« , …), prononcé par un mec aussi sympa que Phil Rind, fait de Sacred Reich le groupe thrash le plus peace and love de la planète. Ceci dit, avec un set de quarante minutes, ce sont évidemment les classiques qui auront la part belle : Death Squad et son riff d’intro mythique, Independent, l’indéboulonnable reprise de War Pigs de Black Sabbath, et Surf Nicaragua pour conclure. Un goût de trop peu évidemment, un excellent moment tout de même.

Un retour à ma voiture s’impose pour y déposer un objet précieux, et je raterai donc l’essentiel du concert de Soulfly. Les mauvaises langues supposeront que je l’ai fait exprès… et c’est vrai. Au fond, Soulfly est une sorte d’incarnation de ce qu’aurait pu être le Sepultura post-Roots, et cela me parle très peu. Alors, quitte à sacrifier un groupe… À mon retour, j’aurai néanmoins l’occasion de constater l’ambiance dantesque qui règne sur le site du Gashouder. Rien que pour cela, chapeau à Soulfly. En plus, comme me le disait mon ami Greg, qui se reconnaîtra — et je crois toujours mes amis, bourrés ou pas — : »J’ai rarement vu un groupe qui dégage autant de puissance« . Pour ma prochaine chronique de Soulfly, je ferai directement appel à Greg.

C’est à présent au tour de Dark Angel de venir en découdre. Dave Hoglan (batterie), que l’on considère souvent comme le taulier, arrive le premier sur scène, histoire de saluer rapidement le public avant de rejoindre ses fûts. Time Does Not Heal, plage titulaire de l’album sorti en 91 — et, accessoirement, dernier en date —, déboule, technique à souhait. Nous découvrons la guitariste Laura Christine, qui a rejoint les rangs du combo en 2023, suite au décès de Jim Durkin survenu cette même année. Elle semble très à l’aise et s’affirme par un headbanging souvent vigoureux, occupant l’espace comme si elle avait toujours été là, sans pour autant prendre toute la place. Assurément une recrue de choix. Les quatre albums publiés par les Californiens, We Have Arrived, le culte Darkness Descends, Leave Scars et le précédemment cité Time Does Not Heal, se verront représentés, et le récent single Extinction Level Event, sorti le 11 avril dernier et dernier titre écrit par Jim Durkin, sera joué en milieu de set. Le pit, déclenché juste avant sur No One Answers, s’élargit, et l’ambiance demeurera chaude jusqu’à la dernière note du concert, par ailleurs très bon.

Pour un représentant du peuple belge, il est toujours agréable de voir un groupe du cru reconnu à l’étranger. C’est le cas de Channel Zero, notre véritable gloire nationale, qui entame son set au son de Fool’s Parade, tiré de l’album Black Fuel (96). Énergie, puissance musicale et vocale, bon son, Franky De Smet Van Damme (chant) plein de fougue tout comme le groupe dans son ensemble, voilà qui résumerait à merveille cette prestation. Ajoutons toutefois que No Light (At the End of Their Tunnel), du premier album éponyme de 92, fait toujours autant plaisir à entendre, de par son style Bay Area agréable, qui était celui du groupe à l’époque. Channel Zero reste une machine de guerre en live, même si ses sorties d’albums défraient moins la chronique que dans sa première partie de carrière. Le classique Suck My Energy sera évidemment de la partie, de même que Black Fuel en guise de clôture.

Le hardcore métallisé de Hatebreed remplit son office. Premier groupe disposant d’une heure pour s’exprimer, il jouera de malchance puisque la pluie décidera de faire son apparition à ce moment-là. Heureusement, les fans n’en ont cure et ne permettront pas à l’ambiance de retomber. Le show de Hatebreed, qui aurait pu se transformer en pétard… mouillé, a pourtant bien provoqué la déflagration attendue. Bravo au groupe autant qu’aux spectateurs !

Par chance, la pluie cesse de tomber pour Accept, qui officie ce soir en tant que tête d’affiche, mais ne dispose pas de plus de temps que Hatebreed. Une heure, c’est peu pour parcourir une discographie aussi riche que celle des vaillants Teutons. Aussi aurons-nous droit à un best of bien ramassé, mais à un best of quand même, auquel s’ajouteront deux titres issus du dernier album Humanoid (2024) : The Reckoning en ouverture et Straight Up Jack. Pour le reste, des classiques, je vous dis, parmi lesquels Metal Heart, Fast as a Shark et, comment pourrait-il en être autrement, Balls to the Wall pour terminer. Pour terminer, mais pas en rappel, car de rappel, il n’y aura point. Pour gagner un peu de temps, sans doute. Quoi qu’il en soit, un Mark Tornillo plaisantin (« Vous avez survécu à la pluie ?« ) et en bonne forme vocale, entouré d’un groupe, comme toujours, carré, ont plus que satisfait les fans, dont les plus motivés assisteront encore aux concerts en after, qui se donnent au Muziekgieterij, salle bien connue qui se trouve à cinq minutes de marche du site du Gashouder. Pour notre part, nous ferons l’impasse sur Wolfbrigade, Mass Deception, Ripsaw et Inherited.