Oceans of Slumber
Where Gods Fear to Speak
Genre dark cinematic metal
Pays États-Unis
Label Season of Mist
Date de sortie 13/09/2024

Site Internet

Groupe extrêmement prolifique en studio (un album tous les deux ans depuis 2014), Oceans of Slumber nous revient après avoir sorti Starlight and Ash en 2022. Les Américains avaient d’ailleurs subi quelques critiques de la part de leur ancien label, ainsi que de quelques puristes du genre, qui avaient espéré un metal correspondant davantage aux clichés du metal progressif. De notre côté, nous avons toujours eu de l’intérêt pour ce groupe qui se fait de plus en plus une place sur la scène metal progressif (notamment aux côtés de Jinjer auquel il est souvent comparé). Je débute donc l’écoute de ce nouvel album avec beaucoup de curiosité, et ouvert à la large palette que le groupe est capable d’offrir.

L’écoute débute avec le titre Where Gods Fear to Speak, éponyme de l’album. L’excellente production vocale se fait ressentir très rapidement et les Américains nous emmènent vers des contrées apocalyptiques et infernales, tantôt sur des accords ouverts et un son peu saturé, tantôt vers un metal beaucoup plus abrasif qui va clairement plaire aux fans de Jinjer. Mention spéciale pour la batterie qui offre une belle variété. Côté paroles, l’effort est à saluer car on est loin des clichés du genre. D’abord très sombres puis terminant sur une note d’espoir : « With hearts unyielding, we will face, not fear the night Defying the gods, we will find our own light« .

L’écoute se poursuit avec Run from the Light qui fait d’entrée la place à une guitare beaucoup plus présente que sur le titre précédent, toujours avec cette habileté dans l’alternance entre les passages calmes et contemplatifs puis beaucoup plus violents. Mention spéciale à l’invité surprise de ce titre Mikael Stanne (de Dark Tranquillity) ! Ses parties vocales se marient très bien avec l’ensemble, qu’un solo de guitare très propre et mélodique viendra embellir avant une baisse de tempo qui, clairement, fait un excellent breakdown pour fédérer en live ! Ce titre est mon coup de cœur de l’album au moment de la première écoute.

On enchaîne avec un titre de pas moins de huit minutes. Don’t Come Back from Hell Empty Handed débute par une partie orchestrale à laquelle la voix de Cammie Gilbert et les guitares viendront nous présenter une atmosphère très gothique, mais vraiment plaisante à écouter. La finition est proche de la perfection. Mention particulière pour les nappes aux keyboards qui offrent un terrain de jeu magnifique au groupe tout en tenant une belle unité ! Au milieu du titre, on se retrouve dans le plus simple décor avec un piano-voix du plus bel effet. Petit bémol à ce moment, car j’aurais apprécié que le piano soit davantage présent dans le mix. Cependant, la voix (vraiment en avant pour le coup) nous insuffle une belle dose de sensibilité et une justesse magnifique, sans effets inutiles. Un vrai plaisir sans artifices. La fin est un patchwork de tout ce qu’on aime dans ce style ! Des voix saturées très bien maîtrisées, des riffs accrocheurs et une batterie toujours aussi précise. On a ici affaire à ce qui semble être une véritable démonstration de tout ce que le groupe est capable de produire, quoique je ne sois pas au bout de mes surprises…

S’ensuivent Poem of Ecstasy, nous offrant une nouvelle fois un morceau très accrocheur aux multiples changements de groove (mention spéciale au batteur Dobber Beverly, qui réalise encore une fois un travail technique impeccable) et The Given Dream, qui surprend à plus d’un titre. Tout d’abord avec un phrasé très R&B dans la première moitié. Cela offre une nouvelle variation dans le groove et dans les parties chantées. Les guitares n’entrent réellement en jeu que dans la deuxième partie, en collant exactement au groove de la batterie, ce qui donne une homogénéité remarquable à l’ensemble.

À ce stade de l’écoute, j’ai pour habitude d’aller me prendre un café en me faisant un petit « bilan provisoire ». Comme trop rarement, je me suis dit que ce groupe ne m’avait pas encore livré toutes ses recettes et idées compilées dans cet opus. Un vrai régal à ce stade !

I Will Break the Pride of Your Will est également très accrocheur et bien produit. Cependant, les guitares pourraient par moments être davantage mises en avant dans le mix. Difficile pour moi de ne pas bouger la tête sur ce titre, qui aura selon moi clairement sa place dans la setlist live !

Cet album continue avec Prayer qui nous offre le deuxième « guest » de l’album, en la personne de Fernando Ribeiro (Moonspell). Là aussi, les voix se marient bien et offrent à l’auditeur une palette supplémentaire sur laquelle le groupe s’amuse pour créer un tableau qui ne ressemble décidément qu’à peu d’autres. Les guitares sont cette fois-ci bien présentes dans le mix et apportent un beau soutien aux deux « front ».

Le dernier titre « original » est le très bon The Impermanence of Fate qui permet l’entrée d’un excellent blast beat à la batterie et qui est dans la continuité de tout l’album, surprenant et très bien maîtrisé. Côté paroles, ce titre vient magnifiquement chapeauter l’ensemble pour donner un « coup de fouet » au moral de l’auditeur : « I’ll never stop fighting I’ll never back down, no I know my name and what it means And what I have to say ».

Au final, que dire de cet album ? C’est pour ma part une magnifique découverte et un groupe que j’aurai beaucoup de plaisir à suivre durant les prochaines années. Nul doute que ces Texans vont réaliser encore de magnifiques choses, tant sur le plan purement musical que sur celui de leur parfaite maîtrise technique.

Quelques informations tirées du dossier de presse :

Enregistré à Bogota, en Colombie, en 2023, Where Gods Fear To Speak est une entrée multifacette dans l’héritage grandissant d’Oceans of Slumber. De nombreux éléments mélodiques et texturaux qui ont fait de Starlight & Ash une révélation sont toujours présents, mais une brutalité cinglante et des arrangements complexes et raffinés sont de retour. Avec le mélange vocal stupéfiant de vulnérabilité et de puissance abominable de Cammie, ces chansons sont la meilleure vitrine possible pour un groupe en mission infaillible de conquérir le monde. *

« Cet album est un western dystopique ou un film de survie post-apocalyptique, quelque part entre The Handmaid’s Tale, The Dark Tower et Cormac McCarthy », déclare Dobber. « L’idée générale est que Where The Gods Fear To Speak est un film, et nous avons écrit la bande sonore. Si le monde était envahi, comme dans le film Le Livre d’Eli, et que Gary Oldman avait trouvé la Bible et son véritable pouvoir, et qu’il maniait le pouvoir du seigneur sur tout le monde, ces gens qui étaient peut-être simplement dans leur spiritualité traditionnelle ou qui n’étaient pas religieux du tout, seraient les déserteurs, donc l’album est écrit du point de vue des déserteurs.

Line-up :

  • Cammie Beverly : Vocals

  • Dobber Beverly : Drums, Piano

  • Semir Ozerkan : Bass

  • Alex Davis : Guitar

  • Chris Kritikos : Guitar, Synth