Je ne sais pas si vous faisiez partie des petits chanceux qui trainaient sur Facebook au lieu de travailler quelques jours avant le Hellfest (le 24 juin pour être précise), mais Ultra Vomit avait posté un message des plus alléchants sur ses réseaux. Le groupe cherchait des figurants pour le clip de son prochain single (ça se dit encore ?) du nouvel album annoncé, Ultra Vomit et le Pouvoir de la Puissance (à paraitre le 27 septembre 2024, chez Verycords). Pas peu fière d’être en train de procrastiner à ce moment, j’ai donc eu la réactivité nécessaire pour m’inscrire et recevoir le fameux mail me demandant de me rendre samedi matin à la Hellstage à 10h. Et nous y voilà. 9h45 : quelques heureux figurants inscrits arrivent. 10h : les figurants sont là en nombre. Moi qui pensais me démarquer avec mes belles chaussettes Ultra Vomit : raté, tout le monde est sur son 31 ! Le clip sera réalisé par Julien Josselin et c’est donc tout naturellement qu’il arrive, accompagné de sa super assistante Kselia (j’espère ne pas écorcher son blaze) et des équipes qui aident à l’organisation. Les quelques curieux peuvent se joindre à nous en remplissant leur droit à l’image puis nous sommes tous répartis devant l’entrée du festival par petits groupes (les déguisés, ceux qui veulent faire un wall of death, etc.) Ultra Vomit arrive mais… pendant ce temps, c’est le drame : une pluie insistante s’invite au tournage. Tout le monde et trempé, la pluie ne s’arrête pas et le tournage, sensé avoir lieu devant la Cathédrale, est reporté au lendemain, après une heure d’attente et d’espoir d’un temps meilleur. Pendant tout ce temps, on a pu apercevoir Manard et Matthieu au milieu de la foule, acceptant bien volontiers de discuter avec les figurants et de faire des photos ! Pour savoir comment ça s’est fini, il vous faudra donc lire mon prochain live report qui vous racontera en avant-première quelques détails sur cette expérience fabuleuse, sans non plus vous spoiler, promis !
Après cette tentative avortée de tournage, la pluie s’arrête et le beau temps revient, quelle ironie ! Hellfest oblige : traverser la boue et la paille devant l’Altar et le Temple est un combat pour les festivaliers non aguerris qui n’avaient pas leurs bottes de pluie ! Rendez-vous donc en Mainstage pour voir un groupe déjà passé en 2022 et qui avait marqué les esprits : Alien Weaponry. La Mainstage s’est déjà parée du fameux Snake Pit de Metallica (en place depuis 30 ans et qui peut accueillir 900 à 1200 personnes selon les normes de sécurité des salles et des sites), attendu pour jouer en tête d’affiche ce soir. Le pit photo de la Mainstage 1 est donc coupé du monde. Alien Weaponry, si vous ne les connaissez pas, c’est un trio néo-zélandais qui a à cœur de promouvoir sa culture maorie. Si vous vous imaginez déjà qu’ils ont l’allure de leurs comparses rugbymen, détrompez vous. A la limite, Lewis De Jong, son frère et leur acolyte auraient pu être ailiers. A la grande limite… Connus pour leur énergie, leur efficacité et leur metal thrash / ethnique, les frères De Jong, accompagnés de Tūranga Morgan-Edmonds à la basse depuis 2020, ont la particularité de chanter en maori. Et ce live au Hellfest 2024 n’a pas dérogé à la règle : une setlist électrisante (surmontée de leur fameux Rū Ana Te Whenua, « la terre tremble »), une concentration de tous les instants et une énergie qui n’était pas sans rappeler quelques concerts épiques de Rage Against The Machine. Le trio néo-zélandais fait donc honneur à sa réputation !
Ensuite, direction l’espace presse pour des interviews (spoiler alert 4 : vous retrouverez notamment les interviews de Thron et de Skyclad). Entre les deux, je me réjouissais d’assister à la conférence de presse d’Yngwie Malmsteen. Malheureusement, avec ses 20 minutes de retard, je n’ai pu y assister. J’avoue avoir été un peu déçue sur le coup et j’allais donc à son concert avec quelques réserves (alors que pourtant, c’est pour moi LA pépite de l’affiche cette année).
Qu’à cela ne tienne, je retourne donc en Mainstage voir Stratovarius ! Amateurs de power : ce groupe est fait pour vous. J’avoue que je n’avais pas écouté les actualités de Timo Antero Kotipelto et de ses bandmates depuis un long moment alors j’y allais avec le souvenir d’un groupe épique et de sa période des années 2000. Et pour moi, c’était clairement un super show. Alors oui, il faut aimer le clavecin, je vous le concède, mais, comme on pouvait s’y attendre : les Finlandais avaient l’air des plus sympathiques et déployaient une énergie folle, malgré l’heure (hello le fameux petit coup de barre de 16h). Stratovarius a aussi brillé par sa setlist intelligente : un véritable best of de 45 minutes (où le tant attendu Hunting High and Low a jouxté quelques titres plus récents).
Après cela, je me positionne dans la queue pour pouvoir aller photographier le Maestro Yngwie. Une brève parenthèse pour vous conseiller d’aller jeter une oreille à Mammoth WVH, que j’ai pu découvrir en patientant. Le concert est d’ailleurs disponible sur ARTE. Et l’attente ne fut pas vaine. Un des meilleurs concerts que j’ai fait durant l’ensemble du festival, c’est clairement celui d’Yngwie. Alors évidemment, si on ne connait pas le personnage, on peut se demander qui diable est cet énergumène vêtu d’une chemise à jabot et d’un pantalon de cuir. Je l’avais découvert grâce à son Live With The New Japan Philharmonic enregistré au Japon en 2001. Je ne l’avais jamais vu en live car le maestro se fait rare en Europe, et encore plus en France (près de 20 ans sans venir nous voir !) Et le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas du tout été déçue. La setlist était parfaite (et je me suis régalée devant l’incroyable Trilogy Suite Op: 5 en live) et le show dantesque – Yngwie n’hésite pas à jouer de la guitare avec la scène ou avec ses dents. Il a même réussi à jouer sur une de ses fameuses Stratocaster signature avant de la laisser finir seule et de jouer par-dessus avec une autre de ses guitares. Le maestro n’a pas hésité à mettre les musiciens qui l’accompagnent en avant et vraiment, j’en ai pris plein la vue : c’était de la performance à l’état pur !
Pour me remettre de mes émotions intenses, petit détour au Temple pour voir Skyclad, groupe dont vous pourrez donc trouver une interview sous peu ici même ! Si vous voulez du folk festif (que le groupe doit en partie à sa violoniste Georgina Biddle, qui rayonne littéralement sur scène), vous êtes servis avec Skyclad ! J’avais trouvé les membres du groupe extrêmement humbles, simples et sympathiques en interview et c’est exactement ce que le public a pu apprécier durant leur set.
Un peu plus tard, je me suis rendue en Valley pour voir la deuxième pépite de l’affiche à mon sens : Mr. Bungle. Parce qu’un peu d’expé ne fait jamais de mal, je n’avais d’ailleurs pas hésité à allégrement recommander le groupe. Et aucun regret : Mike Patton était en grande forme, sous une pluie pourtant battante. Mr. Bungle, c’est un sacré OVNI musical. A la base, et peu s’en souviennent, le groupe était clairement dans le death, puis dans le thrash avant de s’ouvrir petit à petit au funk, au ska, etc… En tous cas, le concert pluvieux fut bien heureux ! Alors oui : il manquait les prémices du groupe, il y a eu pas mal de reprises (et même du Sepultura avec Andreas Kisser en guest), pas mal de blagues et de blabla. Les puristes seront peut-être un peu déçus. Mais en ce qui me concerne, j’ai passé un excellent moment. Et puis on a quand même terminé sur le fameux All By Myself revisité en Go Fuck Yourself.
Et j’aurais dû terminer mon troisième jour de festival sur cette bonne note positive. Tout me disait de rentrer : la fatigue, la pluie, mais non… je ne pouvais pas rester sur la prestation de 2022 de Metallica. Il y a deux ans, j’avais vraiment eu du mal à tenir jusqu’aux trois quarts du set et j’étais tout bonnement partie ! J’avais trouvé les écrans géants, affublés d’effets dignes de Windows 1995, dérangeants, le son moyen, les musiciens fatigués, voire blasés. Eh bien 2024 est un malheureux remake de 2022 : je n’ai pas trouvé la prestation meilleure cette année. La setlist était pourtant plus adaptée à ce que je préfère de Metallica (Orion et One en live, la base) et l’écran géant était habillé d’autres effets (mais, qui empêchaient les pauvres gens du fond de la marée humaine de voir quoi que ce soit. Vraiment, il faut que le groupe arrête avec ces effets…) Metallica semblait pourtant dedans au début du set mais, très vite, les fausses notes sont apparues (doit-on parler de la vidéo qui circule sur internet, témoignant du désastre sur Nothing Else Matters ? Même Orion a été abimée…) Leur reprise hasardeuse de L’aventurier d’Indochine (qui repose sur leur chouette concept de reprise d’une chanson du pays) n’était ni adaptée au public, ni bien réalisée. Et puis, pluie oblige, les four horsemen sont quand même restés en retrait sur leur scène, laissant surtout profiter leurs invités prestigieux du Snake Pit. Bref, encore un raté en ce qui me concerne.
Mais, cela m’aura permis d’aller découvrir Korpiklaani au Temple ! Je connaissais de nom mais je n’avais jamais jeté une oreille plus attentive que ça à ce groupe de folk metal finlandais. Et c’est un franc succès : outre la salle comble, l’ambiance était survoltée. Le groupe, mené par Jonne Järvelä, est déjà venu à plusieurs reprises au Hellfest. Comme tous les groupes de Folk, on adore le violon, mené ici par la main de maitre de Tuomas Rounakari, et même l’accordéon de Sami Perttula. Mais Korpiklaani a un truc en plus, une énergie dantesque dont le folk manque parfois un peu. Si je devais donc résumer ma fin de soirée en un mot, festif serait celui qui conviendrait le plus.
La soirée se termine donc comme elle a commencé : sous la pluie, avec l’espoir que le clip d’Ultra Vomit puisse quand même avoir lieu le lendemain.
Ambiance
Alien Weaponry
Stratovarius
Yngwie Malmsteen
Skyclad
Mr. Bungle