Ce samedi 3 juin, c’est le grand jour, direction Montagny pour participer à la cinquième édition du Lions Metal Festival, petit festival de metal extrême qui se tient non loin de Lyon et a su séduire avec son affiche 2023, qui, d’ailleurs, s’annonce presque sold-out. À quelques jours du concert, le groupe Doomas a dû déclarer forfait suite à une blessure d’un de ses membres, ce qui fait qu’on aura droit à dix-huit groupes sur les deux jours de fest. On arrive sur place, la foule est déjà là à attendre l’ouverture des portes, un petit camping se trouve devant la salle et déjà, grand nombre de tentes sont installées. Le temps de faire le tour des différents stands de CD’s et vinyles et il est déjà pour nous le temps d’aller voir le premier concert.
Les légionnaires romains de Deos ouvrent le fest avec leur death metal rempli d’imagerie antique. Le groupe s’est formé en 2014 et compte trois albums à ce jour. Après une magnifique intro, c’est le titre Decimatio, qui figure sur leur dernier album sorti le 27 mai 2022, qui nous vient aux oreilles. Le public est percuté à froid par ce death très efficace et brut de décoffrage, mais rapidement, les gens déjà présents sur place, soit environ 200 poilus, se motivent et acclament le groupe venu d’Annecy !! Ils terminent avec Britania, tiré de leur premier album Ghosts of the Empire.
Le temps pour le staff de changer le plateau pour accueillir The Oath. Originaires de Lyon, ils viennent nous présenter leur black death qu’ils peaufinent depuis bientôt vingt-cinq ans.
Formés en 1999 et sujets à pas mal de changements de line-up, comme le souligne le chanteur, ils sont venus proposer un set composé de leurs morceaux préférés et montrer ce qu’ils savent faire.
C’est maintenant le moment de planer un peu avec les Français de Lòdz, qui nous proposent un poste très ambiant. Toutes les lumières sont tamisées et la scène est plongée dans un light-show très sombre.
On change de style avec Aorlhac qui nous propose de voyager à travers son black metal légèrement atmosphérique chanté en français. Les morceaux sont lourds et l’ambiance pesante. Pas mal de spectateurs viennent voir la prestation. Pour ma part, je ne suis pas fan des chants en français mais je trouve positif qu’il y ait encore des groupes qui font le pari risqué de ce choix linguistique. Je pense que ce genre de groupes ont encore de beaux jours devant eux.
On ne le présente bientôt plus, Necrotted, le groupe montant de deathcore originaire d’Allemagne, monte sur scène… en claquettes-chausettes. Et on peut dire qu’il était largement attendu.
Il attaque son set avec My Mental Castration issu de son dernier album. Et quelle claque on se prend ! Le chanteur Fabian Fink a une présence scénique impressionnante. On a droit, au milieu du set, à un nouveau titre, Sow Sorrow For Victory, qui est sorti sur les plateformes de streaming en août 2022 et qui annonce la sortie d’un nouvel album confirmé par Fabian Fink.
Ensuite on a droit à une petite surprise sur le titre Reich Der Gier. Eh oui, en effet, Julien, de Benighted, est présent aujourd’hui et monte sur scène pour en remettre une couche avec le groupe. Les deux vocalistes, pieds nus, nous en mettent plein la gueule avec leur énergie animale. Julien nous demande un wall of death de malades pour, dit-il, montrer qu’ici, on sait y faire, alors que Fabian rigole et nous dit en anglais : « j’ai juste compris wall of death ».
Pour conclure c’est le titre Cynic Suicide qui est choisi pour foutre le bordel une dernière fois. Le chanteur se laisse porter par la foule et fait un petit tour de salle avant de regagner la scène. Tout le monde a adoré la prestation de Necrotted qui a mis une des grosses claques du festival, et je tenais à préciser que le chanteur a fait l’effort de remercier le public en français tout au long du concert.
Pour continuer sur la lancée du metal bien brutal, c’est le groupe Cytotoxin qui fait son entrée. Et quelle entrée ! On entend des détecteurs nucléaires sonner, et sur la scène, plongée dans une lumière verte, sont posés des fûts radioactifs. Les musiciens entrent en scène avec leurs masques à gaz et le chanteur arrive torse nu, et vu comme il est bâti, ça ne m’étonnerait pas que lui aussi ait subi des radiations.
C’est le chaos dans le pit, il faut dire que leur chanteur Grimmo est un vrai showman, il monte sur les fûts, saute contre la barrière et prend régulièrement des bains de foule.
La scène se plonge dans le noir, des néons futuristes s’allument et Parasite Inc monte sur scène. Ils commencent avec First Born tiré de leur dernier album de 2022. Leur son est devenu très moderne et très précis, aucune place à l’erreur, tout est calculé, net et précis.
Ils reprennent aussi leurs classiques des débuts comme Pulse of the Dead, Armageddon In 16 to 9 ou encore Sunset Overdrive.
Malheureusement, Pestilence s’est fait attendre et commence son show avec une bonne vingtaine de minutes de retard pour des soucis de batterie. Le groupe commence avec Antropomorphia sorti en 1988, ce qui ravira les fans de death bien old-school comme on l’aime. Ils enchaînent avec deux titres de leur mythique album Consuming Impulse : Dehydrated et Process of Suffocation.
Quand on pense à Pestilence, on a directement en tête l’album que tous les fans de death old-school se doivent d’avoir dans leur collection, j’ai nommé Testimony of the Ancients. On peut dire que le groupe l’a mis à l’honneur avec pas moins de cinq titres, dont The Secrecies of Horror, Lost Souls et Land of Tears. Le show se termine sur deux morceaux de leur dernier album : Morbvs Propagationem et Deificvs. Leur show a plongé les fans quelques dizaines d’années en arrière, c’était propre et sans chichis, comme on aime.
La salle se plonge dans le noir et l’intro 666 retentit, Rotting Christ monte sur scène, acclamé par toute la salle. Ils enchaînent les titres Fire God and Fear et Dub Sag Ta Ke, ce dernier développant une ambiance assez tribale et primitive. Ensuite, l’intro folklorique de Demonon Vrosis se fait entendre et vu la réaction de la foule, elle était clairement attendue par cette dernière. Le show se termine avec The Raven. Leur prestation était magistrale, très sombre et pesante tout en restant très mélodieuse.
Cette première journée fut à la hauteur des attentes avec son affiche haute en couleur, et qui affichait sold-out. À l’extérieur, c’est le déluge, l’orage gronde et la pluie rafraîchit le public qui regagne ses tentes ou ses voitures, pour ceux qui rentrent chez eux ou, comme nous, qui profitent d’un Airbnb pas loin du site. Les bénévoles s’activent déjà en coulisses pour que tout soit prêt pour le lendemain qui s’annonce tout aussi brutal.
Dimanche 4 juin. Nous revoilà donc à Montagny pour ce deuxième jour du Lions Metal Festival, le soleil est revenu et le public se rue sur les derniers hot-dogs et saucisses vendus dehors.
Le show commence, un bassiste masqué, un guitariste à capuche et un batteur avec une ligne noire sur les yeux, tout ce joyeux monde constitue Prismeria, fondé en 2017, sur Lyon, et qui joue du thrash death metal. Malheureusement pour le groupe, la soirée fut fort alcoolisée et du coup, seule une petite partie du public est présente pour acclamer le thrash deathcore des Français. Ils livrent un show qui n’a rien à envier à des gros poissons, comme Necrotted, vu la veille. Les artistes commencent avec North tiré de leur premier album, sorti en 2020 et intitulé Requiem, tout comme Irkalla Passenger et deux autres morceaux. Le groupe nous offre également deux nouveaux titres pour conclure son show : Ravage et V.I.T.R.I.O.L. Prismeria a réveillé un public qui avait clairement la tête dans le cul avec un bel uppercut en pleine face !
Ce que j’ai aimé du Lions Metal Festival, c’est qu’il fait la part belle aux groupes de la région avec de bonnes découvertes comme Strivers, qui vaut clairement le détour. Après l’uppercut de Prismeria, on a droit à un beau pied au cul. Stef, leur charismatique frontman, est clairement à l’aise avec le public, il ne manque pas d’humour et de naturel. Il n’hésite pas à placer une ou deux vannes entre deux lancés de bonbons. Pas sûr que mon dentiste recommande leur prochain show mais moi je le ferais !!!
Malgré des cervicales bloquées, des cordes vocales enflammées, un doigt cassé et des pieds meurtris, les mecs de Nephren_ka ont dépassé ces « petits » désagréments pour nous donner une des grosses claques de ce deuxième jour de festival. Ils ont joué des morceaux tels que Watch and Learn, Abu Dhur ou encore L’agonie de l’épice. On parlait de petite pépite régionale qui valait le détour, eh bien vous pouvez en être sûr, Nephren-ka en fait partie !
On change d’ambiance et de style avec les Parisiens de Delivrance. C’est un peu le groupe qui a un style qui se détache des autres groupes de l’affiche : du sludge black metal. Grimé comme un joker, Pierre vit pleinement sa musique, ce qui lui permet de nous attraper au passage et nous donne l’occasion de voyager avec lui.
C’est maintenant au tour des nouvelles recrues du label Les Acteurs de l’Ombre, j’ai nommé Jours Pâles. Leurs compositions voyagent entre passages plutôt lents parsemés de batterie frénétique et voix hurlante. Le public était conquis et au vu des cris de rappel, il en voulait encore !!
C’est au tour des très attendus Catalyst de monter sur scène pour défendre leur technical death metal. Ils se sont fait notamment connaître avec leur album A Different Painting for a New World, sorti en 2022. La chevelure du chanteur a pour effet de rendre instantanément jaloux tous les hommes du public qui rêveraient d’avoir la même crinière !
Malheureusement, le groupe est victime de plusieurs problèmes techniques dus à un ordinateur très belotant, mais s’en est très bien sorti, à voir la queue qui se forme à leur merch à la fin du concert.
Les thrashers allemands de Dust Bolt viennent mettre le feu sur la scène du Lions Metal Festival. Leur chanteur Lenny est un véritable showman, il ne tient littéralement pas trois secondes sans bouger. Il va jusqu’à prendre son pied de micro et le lancer par-dessus la barrière pour aller chanter un morceau au centre d’un circle pit de toute beauté. La température grimpe dans le public qui ne s’arrête plus de pogoter sur les plus gros classiques du groupe. Dust Bolt nous envoie toute son énergie dans la gueule. J’avoue qu’une touche de thrash fait du bien au milieu de cette programmation très death et black. Par contre, j’ai trouvé que le groupe était moins percutant sur ses nouvelles compositions, peut-être trop teintées prog pour ma part.
Les Danois de Hatesphere prennent le public en otage dès les premières notes du titre Hatred Reborn tiré de leur dernier album. Leur chanteur Mathias était très attendu par certains car il a rejoint le groupe en 2022. Tout le monde est rassuré car il prend vite possession de l’espace sur scène.
Le pit devient un lieu de guerre où personnellement je n’ai pas envie de mettre les pieds. Le show se termine en feu d’artifice avec Sickness Within qui permet au public de se péter encore une ou deux vertèbres avant le bouquet final assuré par Belphegor !!!
Quelques minutes avant le début du concert, la scène est donc prête à accueillir Belphegor. Elle se remplit d’accessoires, de crânes de bouc, de crucifix, de vasques en feu et d’essence. Cela nous donne l’impression que nous allons participer à un rituel occulte étrange.
Les membres du groupe ne sont clairement pas venus en France pour rigoler, avec une setlist qui ne laisse rien au hasard : The Procession, Baphomet… Tous les titres idéaux pour rendre une prestation sombre et inoubliable.
Helmuth sort ses plus belles grimaces malsaines, tout en assurant un show tout aussi magnifique que dérangeant.
Leur set se termine de manière assez soudaine et sans jouer le rappel pourtant inscrit sur la setlist. Nous aurions en effet dû avoir droit au magnifique Stigma Diabolicum, morceau que tout le monde attendait visiblement. Malgré cela, Belphegor a livré une prestation qui restera gravée au fer rouge dans l’histoire de Lions Metal Festival !
La soirée prend fin, les gens sont fatigués et quittent les lieux assez rapidement. En sortant, je croise Mick, l’organisateur de ce superbe festival qui, je l’espère, nous surprendra encore en 2024 avec une programmation tout aussi folle. Je tiens à le remercier, lui et tous ses bénévoles, pour ce fest très chaleureux !!!