Salut à vous deux, et merci de répondre aux questions de Metal Alliance Mag sur Houle, votre EP et vos concerts ! Pour commencer, pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, pourriez-vous en raconter la genèse, comment vous avez trouvé le nom et l’origine du thème maritime ?

Vikser : Houle, en fait, ça a commencé par un projet qui a été initié par Crabe (guitare) en 2019. Il avait quelques compos dans son coin, et au fur et à mesure, on a rejoint l’aventure : d’abord Zéphyr (guitare), puis moi, puis Adsagsona, puis Græy Gaast (basse). On a le line-up depuis l’été 2021, en gros, et on a enregistré fin 2021 l’EP Houle, qui nous permet maintenant de faire de très, très belles dates.

Adsagsona : Sorti en novembre 2022.

Justement, parlons un peu de cet EP ! Au niveau de la sortie, comment ça s’est passé et quels ont été les premiers retours ?

Vikser : On peut même déjà remonter au moment de l’enregistrement : on s’est très bien entendus avec Cédric de D.N.I Studio, qui a réalisé l’enregistrement et qui nous a permis de nous mettre en lien avec Les Acteurs de l’Ombre. Donc avant même qu’on sorte cet opus-là, beaucoup de gens autour de nous, des professionnels de la scène, nous ont aidés. Le lien avec Les Acteurs de l’Ombre, pour nous, c’était absolument incroyable ; on est très contents d’avoir signé cet opus chez eux pour profiter de leurs sorties ! Derrière, l’opus a plutôt bien marché pour un groupe de jeunes gens de notre âge qui sont nouveaux dans la scène. On est très contents de ce qu’il en est, mais ce n’est que la première partie d’une suite…

Toujours à propos de l’EP, tu viens de me dire que vous aviez déjà des compos, mais comment fonctionnez-vous au niveau de l’écriture ? Vous vous y mettez à plusieurs ou c’est une seule personne qui s’en charge ? Pareil pour les textes : qui les écrit ?

Adsagsona : Du coup, Houle, c’est un groupe qui a évolué depuis qu’on a composé le premier EP. Comme disait Maxime, au départ, c’est un projet qui a été initié par Crabe : c’était lui qui avait écrit les compos de l’EP, et tout le monde est arrivé, on va dire, avec un produit déjà bien avancé et a juste, entre guillemets, amélioré chacune de ses parties, mais sans vraiment modifier ou toucher à la composition même des morceaux […] C’est quelque chose qui a commencé à pas mal bouger… C’est vrai que maintenant, on a plutôt tendance à travailler en équipe pour la composition, maintenant que le line-up est stable, tout bêtement. C’est Crabe qui est toujours principalement à la composition, mais il travaille maintenant beaucoup avec Græy Gaast. Pour ce qui est des textes, pareil : pour le premier EP, moi je suis arrivée quasiment à la fin, donc tous les textes ont été écrits par Vikser et Crabe. J’ai plus pris la main sur l’album qui est en prépa…

Musicalement parlant, quelles sont vos principales influences ?

Vikser : Alors, les grandes influences de Houle en règle générale, on va se situer entre Mgła, Immortal, Véhémence, y a un peu, mais ça va sûrement être plus pour l’album… Voilà, ce sont ces groupes qui ont une patte un peu spécifique dans le black metal…

Adsagsona : Black mélo, en fait.

Vikser : Black mélo au sens large, et un peu pagan aussi à certains moments. Comme on a un univers qui est très légendaire, en fait, ça nous aide beaucoup.

Parlons un peu de votre signature chez Les Acteurs de l’Ombre Productions ! Vous êtes nouveaux venus dans les rangs du label, qui n’est quand même pas le plus petit ; comment en êtes-vous venus à signer chez eux ?

Vikser : En gros, c’est Cédric de D.N.I Studio, qui a travaillé avec Pénitence Onirique, qui nous a mis sur le bon chemin. Il avait beaucoup aimé ce qu’on faisait et il disait qu’il y avait un coup à jouer avec les Acteurs… et il a eu raison, parce que ça a beaucoup plu aux Acteurs de l’Ombre, avec qui on a commencé à travailler pour beaucoup de belles choses… Pour nous, ça a été très important et très intéressant, parce qu’il y a beaucoup de professionnalisme qui nous a été apporté par les Acteurs, et là-dessus, c’est ce qu’on souhaitait.

Vous avez aussi une cassette en coproduction avec Huard Productions, du coup, même question…

(rires)

Adsagsona : Du coup, Huard Productions, c’est quelqu’un qui nous connaît… enfin, qui connaît Houle depuis très longtemps. Il a quasiment vu la genèse du groupe dans le sens où on a commencé à faire nos concerts il y a un an et demi maintenant, donc notre premier, c’était en octobre 2021…

Vikser : Oui, c’est ça.

Adsagsona : …et en fait, du coup notre deuxième concert, c’était en février 2022 dans un petit bar parisien, et lui, qui habitait à côté, y est allé par hasard. Il a vu qu’il y avait du black metal, du coup il a fait « Allez, go, je sais pas ce que c’est ce truc-là ! »… et en fait on est devenus très potes avec lui, il a beaucoup aimé ce qu’on faisait et il nous a suivis. Il voulait nous signer, de base… (rires) mais on lui a très vite dit qu’on avait un autre coup quelque part ! Mais vu que c’était quand même un très bon ami et qu’on respecte énormément le travail qu’il fait notamment dans le dungeon synth et le black metal, on avait envie de faire une production avec lui, donc c’est un truc qui a été fait en coproduction avec LADLO. On est vraiment contents, parce que c’est quelqu’un qu’on aime beaucoup et qu’on soutient dans son travail.

C’est drôle, parce qu’il m’a raconté ça aussi…

(rires)

Adsagsona : Il est génial !

Vikser : Oui, adorable. Fan numéro uno !

Adsagsona : Et petite pub pour sa boutique de thé : il a que des thés incroyables ! (Tea&Ty Paris, ndlr)

Pour en revenir à l’EP, ce que j’ai remarqué en l’écoutant, c’est que les motifs musicaux font, comme le nom du groupe, des houles et des vagues… Du coup je me demandais, déjà, si c’est volontaire et, si c’est le cas, comment on parvient à un tel rendu ?

Vikser : Tu veux dire, dans les textes ou dans l’intention de la voix ?

Adsagsona (à Vikser) : Tu sais, quand tu dessines la musique ; chez Houle, ça fait souvent des vagues…

Vikser : Oui, c’est parce que tu as beaucoup de dynamiques, tu passes de très haut à très bas…

Adsagsona : Puis même, dans le genre, c’est Pierre (Zéphyr) qui met des swiles dès qu’il peut… C’est quelque chose qui était conscient et qu’on a voulu mettre histoire de dire « Bonjour, on fait vraiment du black metal à thème marin et nautique ! »

Vikser : Ce que je rajouterai, c’est que dans la composition en soi, en fait, y a tout l’attrait autour : les samples, la mise en scène sonore, les voix, les textes, beaucoup de choses… mais on fait quand même en sorte de se poser la question, quand on compose des chansons et qu’on joue, de si, en gros, elles font « Houle » dans l’esprit. Je pense qu’on a tous un peu une image de ce que devrait être notre musique, et c’est les petits impléments de chacun qui font qu’aujourd’hui on a le Houle que tout le monde écoute mais pas celui que nous, on a chacun en tête. C’est ça qui est cool. (À Adsagsona) Parce que tu parlais, typiquement des swiles de Pierre, bah, c’est son truc, tu vois.

Adsagsona : C’est aussi ça qui est beau. C’est vrai que par exemple, aux tout tout tout débuts de Houle, on n’avait pas du tout tous la même vision du groupe ; par contre, maintenant, quand tu dis que chacun a sa petite vision, je trouve qu’on tend quand même vers une putain d’unité. Chacun amène sa patte et son petit truc, mais plus on avance, plus on a une vision commune du groupe concrète et on avance dans le même sens. Entre l’EP et l’album, je le vois : y a rien à voir, tu vois vraiment qu’on sait ce qu’on fait, on sait où on veut aller et on est cohérents ensemble. Y a pas de moment où on va se dire « Ah, non, faut aller vers là ; non, faut aller vers là… » ! En général, quand il y a des conversations, on sait comment les mener, tout en apportant chacun sa patte. Par exemple, moi, actuellement, je me dis que s’il y en a un qui se barre de Houle, on perd forcément une partie de l’identité, parce que c’est difficilement remplaçable.

Effectivement, l’unité n’est pas forcément facile à trouver, d’autant que vous êtes cinq… Déjà, des groupes de black metal avec cinq membres, ce n’est pas si courant que ça, mais en plus, arriver à tous se mettre d’accord, c’est pas toujours facile !

Vikser : Ça arrive, mais c’est vrai que dans la scène, ce qu’on voit plus souvent, ce sont des projets solo avec des compositions solo, qui sont jouées avec des membres semi-permanents en live. On le voit avec Pensées Nocturnes, typiquement : c’est un choix artistique et ça marche très bien. Nous, on voulait que ce soit collectif à tous les moments. Alors, on prend beaucoup de temps à faire certaines choses, mais c’est qu’on a envie que tout le monde participe et que tout le monde apporte quelque chose à Houle, et si on ne prend pas en compte la petite participation de l’un d’entre nous, on n’aura pas le rendu qu’on veut. Donc comme disait Adèle, le groupe, c’est cinq, c’est pas juste une personne.

Adsagsona : Même, je vois que plus on joue avec des groupes établis, qui sont là depuis longtemps et qui ont leur petite routine, plus je me rends compte que nous, on a une putain de dynamique de garage band ! Vraiment. Ça fonctionne, on a cette dynamique avec tout ce qu’elle implique, c’est-à-dire qu’on va être assez longs à process. Par exemple, la composition de l’album, elle prend son temps et elle est quasiment finie, mais elle prend son temps parce qu’on n’est pas un pélo qui va faire les choix pour tout le monde.

Vikser : Du coup, je trouve qu’on n’est pas garage band, en fait, c’est tout l’inverse.

Adsagsona : Ah oui ? (rires)

Vikser : C’est qu’en fait, on a suffisamment d’intelligence collective pour continuer constamment à écouter les autres et à construire. L’album, il est itératif : le nombre de versions qu’on a déjà faites sur toutes les chansons, en fait, c’est qu’on a notre façon de faire ; il y a une version, on discute, une nouvelle version, etc… C’est comme de la programmation, en fait, un code : t’as toujours d’autres versions, des choses comme ça… Du coup, je suis pas d’accord, je trouve que c’est très organisé, en fait.

Adsagsona : Parce que garage band, ça sonnait « bordel » pour toi ? Ah, ok ! (rires) En fait, je disais « garage band » parce que je trouvais pas ça incompatible avec ce que tu disais, dans le sens où, par exemple, on va se voir au moins à au moins deux ou trois personnes toutes les semaines et on va vraiment réfléchir tous ensemble, boire des coups… pour réfléchir on va boire des coups ! (rires) On va répéter très régulièrement, ce que pas mal de groupes ne font pas […] C’est plus en ça que je disais « garage band ».

Vikser : On diverge de fou ! (rires) Allez, prochaine question…

En gros, vous êtes à la fois un garage band et pas vraiment un garage band…

(rires)

Vikser : T’as exactement compris.

Adsagsona : Le compromis… Houle, le groupe qui se mouille pas trop !

Adèle, la question suivante s’adresse plus spécifiquement à toi vu que tu es la chanteuse. Je dirais que la voix est une part très importante de l’identité de Houle, étant donné que sur l’EP elle est très imprévisible : elle est agressive, éraillée et elle part dans des extrêmes… D’où te vient cette dynamique ?

Adsagsona : Je ne sais pas… À vrai dire, l’EP, c’est ma première expérience musicale, du coup il y avait ce côté-là, où je me cherchais beaucoup vocalement parlant. C’est un peu comme ça que je l’analyse maintenant : je savais pas trop où j’allais parce que j’avais pas trop de zone de confort… J’avais pas, on va dire, ma voix de base, où je sais que ça ou ça, ça marche, ça je sais que je peux le taper tout le temps, etc… Du coup, je me cherchais énormément vocalement parlant, et je pense que c’est ça qui a poussé à avoir, comme tu dis, des extrêmes, des choses très changeantes, etc. Moi, je pense que c’était plus de la non-confirmation artistique qu’autre chose ! (rires) Parce qu’en vrai, sur l’album, je suis beaucoup plus calme ! Parce que je sais beaucoup mieux où je vais […] Je change moins de timbre toutes les deux secondes. Après, ça fait partie de l’identité aussi, donc forcément, y a de ça, juste beaucoup moins vénère que sur l’EP.

Puisqu’on parle de l’identité de Houle, selon vous, parmi les morceaux de l’EP, ceux du futur album et ceux que vous jouez sur scène, lequel ou lesquels vous paraissent selon vous le mieux définir cette identité ?

Vikser : Moi, je pensais au premier morceau de l’EP qui est sorti, parce qu’il synthétise beaucoup ce qu’on fait : Le Continent, du coup. Y a des passages qui sont très black, très épiques, d’autres où on va retourner dans notre façon de faire un peu plus calme, avec, comme disait Adèle, les swiles et les ambiances un peu posées, et mine de rien, toujours la voix d’Adèle qui a cette attaque et cette hargne. Pour ça, je trouve que c’est la chanson la plus représentative.

C’est un morceau que j’adore ! Parmi ces mêmes morceaux, lequel est celui que vous vous amusez le plus à jouer sur scène ?

Adsagsona : Sur les Braises du Foyer

Vikser : Je le savais !

(rires)

Adsagsona : On va pas le jouer ce soir, malheureusement, mais Sur les Braises du Foyer, c’est un morceau de l’album qu’on joue quasiment à chaque live. C’est vrai que quand je dis que je me suis calmée, je pense à Sur les Braises du Foyer… mais je me dis que non, je me suis peut-être pas calmée.

Vikser : Non, du tout !

Adsagsona : Mea culpa !

(rires)

Et pour toi, Maxime ?

Vikser : Y en a pas une en particulier… En fait, j’ai pas un jeu extrêmement bon comme dans le black metal en règle générale. Je préfère des choses qui sont plus groovy et plus accessibles et parfois me faire des petits pics, donc à dire que j’ai une chanson en particulier que j’aime bien jouer… En fait, y a toutes que j’aime bien jouer, parce qu’à chaque fois il y a des petits moments comme ça que je préfère parmi d’autres, donc en citer une c’est un peu difficile.

Depuis tout à l’heure, vous évoquez un futur album. Avez-vous déjà une idée de la date de sortie et, surtout, d’à quoi on peut s’attendre ?

Adsagsona : Il est pas encore annoncé, mais c’est pour l’été 2024… ?

Vikser : Oui, l’année prochaine, mais bon, je voulais pas en dire plus…

Adsagsona : C’est du teasing ! Y a pas de date précise, de toute façon je la connais pas ! (rires)

Vikser : Y a déjà des chansons qu’on joue sur nos sets longs qui seront dans l’album, donc les gens qui nous ont déjà vus devraient reconnaître certains thèmes […] Quelque chose d’un peu moins simpliste aussi ; c’est quelque chose qu’on nous a un peu reproché sur l’EP. Nous, c’est quelque chose qu’on a bien aimé, avoir des structures simples qui permettent de raconter des choses. Après, sur l’album, on s’est permis de faire des choses qui changent un peu et qui sont un peu plus exubérantes, mais on va rester sur ce qui nous plaît, c’est-à-dire des riffs accrocheurs et des thèmes accessibles.

Adsagsona : Houle, c’est catchy. Nous, dans les trucs qu’on vise à chaque fois, ça doit être catchy, déjà… Les compos seront un peu moins simples que sur l’EP — en même temps c’est pas difficile —, mais ça reste quand même, comparé à ce qui se fait actuellement dans le black metal français, des choses assez simples… pour parler avec des mots simples ! (rires) On fait pas de l’expérimental ni rien du genre : on sait où on va, c’est-à-dire du black mélo un peu catchy et efficace… et oui, on s’amuse un peu plus maintenant, mais ça reste du black mélo catchy.

En matière de concerts, y a-t-il des groupes avec lesquels vous rêveriez de partager une affiche ?

Adsagsona : Actuellement, y a Silhouette… J’aimerais grave jouer avec Silhouette !

Vikser : Silhouette, oui… C’est un groupe dont on a tous les cinq adoré l’EP Les retranchements, il est magnifique… Tout le monde lui a tiré dessus, je comprends pas pourquoi ! Mais il est trop bien.

Adsagsona : Parmi les sorties de 2022, c’est peut-être celui que j’ai le plus écouté…

Vikser : Après, comme groupe avec qui on voudrait jouer, y a Skaphos aussi.

Adsagsona : À chaque fois, on peut pas… […] Ce serait cool, histoire de se faire un truc un peu maritime !

Vikser : Ils sont très bien, Skaphos : ce sont de très bons musiciens et ils sont adorables. Sinon, hors de France, est-ce qu’il y a un groupe particulier… Non, parce qu’il y a des groupes avec qui on voulait déjà jouer ; je pense à Groza, avec qui on a joué, et c’était super bien. C’est déjà pas mal, on va rester humbles.

Et y a-t-il un fest auquel vous voudriez jouer ?

Adsagsona : Le Hellfest ! (rires)

Vikser : Évidemment, pour pouvoir mettre dans son CV ! (rires)

Adsagsona : Quelqu’un répond autre chose à cette question ?

Vikser : C’est clair… Si, le Brutal Assault ! J’aimerais beaucoup faire le Brutal Assault. C’est un festival que j’adore.

On arrive à la fin de l’interview, du coup, merci pour vos réponses et pour vos fous rires ! Quelques derniers mots pour les lecteurs ?

Adsagsona : Merci !

Vikser : Merci, et à la prochaine !