Salut Richie, et merci de répondre à nos questions sur Wake Up Dead ! Comment te sens-tu vis-à-vis de la sortie de ce nouvel album, et comment en parles-tu à ton public ?

Je suis plus qu’excité ! C’est un des moments les plus excitants dans la vie d’un musicien, quand on a une nouvelle production sur le point de sortir et que tout se met en place, c’est vraiment cool… En ce moment on est au Texas, où on a trois concerts programmés pour fêter la sortie. Ce nouvel album, c’est nous qui continuons de grandir et de nous améliorer dans ce qu’on fait. Tu vois, on a une dynamique très organique, cet album nous donne tout simplement une vraie sensation de fraîcheur, et je pense que les gens vont le ressentir et apprécier… c’est un bon truc à écouter !

L’album a été produit par Atomic Fire Records. Comment en êtes-vous venus à collaborer avec ce label ?

Pendant la pandémie, on essayait de reconstruire notre équipe, de développer ce qu’on faisait… Notre manager, Dez [Fafara], qui connaît Atomic Fire depuis des années du fait qu’il est très ami avec Markus [Wosgien], lui a fait écouter l’album… Markus a tout de suite eu un gros coup de cœur. D’après lui, il n’avait jamais entendu quelque chose comme ça ! Et nous, de notre côté, savoir que les gens qui bossent chez Atomic Fire Records aimaient notre musique, ça a été une véritable bénédiction. Tu vois, ce sont des gens qui sont dans le milieu depuis des années, qui ont produit des albums incroyables et créé leur propre modèle en affaires… donc bosser avec un label qui a produit Meshuggah, Opeth et tous ces groupes géniaux, c’était vraiment spécial pour nous !

C’est vraiment super pour vous ! J’ai écouté l’album, et je dois dire qu’il est très agressif, avec une bonne dose de colère… d’où provient cette agressivité ?

Vois-tu, l’album a été écrit en grande partie pendant la pandémie, donc ça ne manquait pas de colère, de frustration, et tout simplement d’incertitude. On souhaitait vraiment capturer tout cela pour le transmettre au travers de l’album et évacuer. J’ai traversé pas mal d’épreuves, tout comme beaucoup d’autres personnes, et on voulait que l’album reflète cela, qu’il devienne une représentation de tout ce qu’on a vécu pendant la quarantaine et tout ce qui allait avec… Donc ouais, cet album ne manque pas de choses qui font péter les plombs en ce moment… et ça s’est avéré plutôt bien ! (rires)

Des sujets pas très sympathiques, somme toute…

Non ! Au contraire, je pense que ces thèmes sont incroyables. Par exemple, le titre War Soup parle de confronter des harceleurs et intimidateurs et de leur tenir tête… Tu vois, combien de personnes ont affaire à des harceleurs sur Internet, à l’école, au travail, et à plein d’endroits… Du coup, je dirais que le message profond de cette prod, c’est de se trouver, de devenir plus fort et meilleur, et aussi de mettre le doigt sur des problèmes de société qui nous affectent tous… Je crois qu’on a tous connu l’expérience du harcèlement sous une forme ou une autre, et nous, on a essayé de le retranscrire avec ce qu’on ressentait dans le cœur et l’esprit à ce moment-là.

Comme je l’ai souligné, Wake Up Dead est un album fort en agressivité, mais j’ai aussi ressenti une certaine tristesse sur les chansons Fallen et Sucker Punched, surtout dans la voix… Était-ce volontaire de ta part ?

Oui, bien sûr ! Fallen parle de la perte d’un proche, un membre de la famille, un ami, et je crois que, si tu l’as déjà ressenti, ça entraîne un chagrin tellement accablant, inimaginable […] c’est une douleur comme tu ne veux jamais en ressentir. En fait, j’ai écrit cette chanson suite à la mort d’un de mes amis, du coup c’est effectivement une chanson très triste et sincère. Puis il y a Sucker Punched, qui évoque l’idée de se faire poignarder dans le dos, comme l’indique son titre ; encore une fois, c’est une chose à laquelle tout le monde a fait face un jour, dans sa famille, au travail ou ailleurs… Encore une fois, cet album parle de situations bien réelles dans lesquelles on se retrouve au fur et à mesure qu’on grandit et qu’on devient des adultes, ou des ados, ou quoi que ce soit ; il reflète ce qu’on ressent et ce qu’on traverse lors de ces périodes… et dans ce monde de dingue qui nous a été offert en ce moment même.

Parmi les morceaux, il y a aussi d’anciens titres, comme Built to Destroy. Pourquoi avoir choisi de les ressortir ?

Pour nous, je crois que ça vient du fait de faire équipe avec Atomic Fire… Tu sais, on est un petit groupe indépendant, très underground, et ça a toujours été comme ça. Donc pour les précédents albums, on se dit que peu de gens les ont écouté… Du coup, avec les nouveaux morceaux et l’attention qu’ils vont attirer, on a voulu que tout le monde puisse se faire une vision de notre passé et de ce qui nous a menés là où on en est aujourd’hui. Je dirais donc que ça donne un bon aperçu de nos sonorités et de notre évolution en tant que groupe… Ouais, on adorait tout simplement l’idée ! Parce qu’aux tout débuts de la musique, il y avait par exemple un album d’AC/DC qui sortait avec cinq ou six nouveaux titres sur la face A, et sur la face B un album plus ancien, là aussi pour le faire connaître à de nouveaux metalleux et le faire redécouvrir à ceux qui connaissaient et appréciaient déjà, en version remasterisée pour redonner un coup de jeune… C’est quelque chose d’excitant et j’adore cette idée !

Très bons choix, en tout cas ! Dans Wake Up Dead, on retrouve de la hargne, de la tristesse, des émotions brutes, mais ce n’est pas juste un album bête et méchant. Il y a aussi beaucoup de virtuosité dans le jeu d’Eli Santana, qui est un guitariste talentueux… Comment est-il arrivé dans le groupe ?

Ouais ! En fait, il a toujours été un ami d’Incite. On est partis en tournée avec ses autres groupes par le passé, et niveau timing, c’est tombé à pic. Il est arrivé et il a grandement contribué à l’album, il nous a aidés pour quelques tournées… Maintenant, il revient à ce qu’il faisait avant, c’est-à-dire le chant dans Ignite et tout son travail en tant qu’acteur. C’est une sacrée chance de faire équipe et de sortir un chouette album avec Eli ; on est très excités pour son avenir et celui d’Incite. On est juste fiers du travail qu’on a fait ensemble et on se sent prêts à poursuivre sur cette lancée, créer de nouvelles choses, et tout simplement de garder l’esprit rock !

Par le passé, le groupe a compté deux guitaristes dans ses rangs, mais à présent Eli est le seul. Pourquoi ne pas avoir recruté un second guitariste ? Vous sentez-vous plus à l’aise à quatre qu’à cinq ?

Depuis nos débuts on est quatre, et ce n’est que pour l’album Up in Hell et la tournée qui a suivi qu’on a eu cinq membres dans le groupe. Puis, pour avoir essayé de continuer comme ça, ce n’était simplement pas quelque chose qu’on appréciait… On aimait être quatre, et c’est pour ça qu’on est revenus à ce nombre. Ça nous correspond plus, niveau camaraderie c’est mieux, je crois que la présence et l’énergie scénique sont meilleures aussi comme ça plutôt que si on est trop regroupés… puis tous ces éléments « bonus » n’étaient tout simplement pas nécessaires. Du coup on fait à quatre ce que feraient cinq.

Écrivez-vous vos morceaux tous ensemble ou y a-t-il un compositeur principal ?

En fait, c’est Lennon, le batteur, qui écrit la plus grande partie de la musique. Ce gars a un talent fou dans le domaine, que ce soit la batterie, les guitares, etc. C’est donc lui qui est au cœur de notre musique et on a une sacrée chance de l’avoir parmi nous ! Ensuite on gère les textes et la direction musicale, donc finalement c’est un travail d’équipe, où on a tous notre mot à dire. On ne va jamais inclure quelque chose que l’un d’entre nous n’aime pas, ce qui fait que tout le monde n’en apprécie que plus ce qu’on fait !

À propos de travail d’équipe, parlons du morceau que tout le monde attendait : le duo entre Incite et ton beau-père Max Cavalera ! D’où est venue l’idée de ce duo ?

En fait, ça vient de notre manager, Dez. Max et lui se sont connus pendant une tournée avec Coal Chamber il y a quelques années, avec DevilDriver aussi. Il nous a dit « Les gars, pourquoi vous n’avez jamais invité Max sur un album ? » On y a un peu réfléchi et on s’est dit que War Soup était le titre idéal pour lui. Du coup, au moment venu, il a débarqué et a mis le feu comme une légende ! Voir Max interpréter nos paroles et faire à notre manière, je crois que ça a créé une performance unique pour lui… ce qui, tu t’en doutes, peut être compliqué après trente-cinq ans de carrière dans la musique ! Finalement ça donne un résultat qu’on adore, les retours ont été très positifs, sur la vidéo aussi… Comme je l’ai dit, c’est une chanson sur un thème fort, ça parle de faire face au harcèlement, donc avoir Max sur ce titre, c’était un rêve qui se réalisait.

Y a-t-il un autre membre de ta famille ou un autre musicien avec qui tu souhaiterais collaborer ?

Oui, bien entendu ! On a toujours aimé avoir des invités de marque sur nos albums, et il y a ce groupe de l’Ohio qui s’appelle 200 Stabbed Wounds et qui joue du death metal. On est devenus très bons potes avec eux et on serait chauds de les faire venir jouer sur une prochaine production. J’aimerais aussi que Dez vienne poser sa voix sur un futur album, parce que ses performances de chanteur avec DevilDriver et Cool Chamber sont juste impressionnantes, c’est une légende lui aussi… Ouais, on a des plans d’enfer pour la suite, ça ne fait aucun doute ! (rires)

Quel est ton titre préféré sur Wake Up Dead ?

En ce moment, j’adore Fuck with Me (Wake Up Dead). Ce morceau est très fort, très arrachant, très heavy… il est très influencé par Slayer et les groupes de thrash metal de la première heure dans les 80’s. Vraiment, j’adore ce morceau. On va le jouer en live dans quelques jours et je cache pas que j’ai hâte ! J’ai vraiment envie de ressentir le côté « badass » du morceau et de ses gros refrains… Je trouve que c’est un titre très metal !

À propos des influences, sur Internet, les gens font des rapprochements entre Incite et d’autres artistes comme DevilDriver, Machine Head, Slayer, Trivium et Phil Anselmo. Que penses-tu de ces comparaisons ?

Je trouve ça incroyable ! Déjà, parce qu’en général les gens ne comparent que deux groupes entre eux, mais dans notre cas, on ne peut pas se contenter d’un rapprochement avec un seul groupe. On regroupe tout un tas d’influences et de styles différents qu’on combine ensemble, et je dirais que c’est ce qui fait notre identité et ce qui nous donne une certaine fraîcheur dans le metal actuel : tu ne peux pas juste définir notre identité par rapport à un seul point de comparaison précis. Les gens nous rapprochent de tellement de légendes différentes, de Machine Head à Lamb of God, et pas seulement… C’est un rêve qui se réalise, et, je pense aussi, un signe qu’on fait les choses comme il se doit.

Les vidéos promotionnelles qui sont déjà sorties ont un aspect très vintage. D’où vient le choix de cette esthétique ?

C’est tout simplement ce qu’on préfère ! Je crois que si tu fais le tour des anciennes vidéos d’Incite, tu te rends compte qu’elles sont toutes très marquées, très différentes… mais elles ont toutes un sens. Leur but, c’est de donner aux chansons une interprétation visuelle, et aussi un autre sens en matière de musique. Parce que tu vois, quand on était plus jeunes, les vidéos contribuaient beaucoup à ce qu’on ait un coup de cœur pour un groupe : par exemple, la première fois que j’ai vu le clip qu’avait sorti Metallica pour le morceau One, ça a changé ma vie ! J’ai toujours voulu sortir des vidéos comme ça, du coup on est allés chercher des réalisateurs méconnus qui ont des idées incroyables… Je crois que ça se voit dans Deadbeat, ou dans What the Fuck ou la dernière en date, celle de Mental Destruction […] Les visuels ont une esthétique bien marquée, et ça en donne au cerveau, c’est ce que j’adore.

Quelle a été l’implication du groupe dans l’écriture des vidéos ?

On est à fond dedans ! En fait, j’ai un vieil ami qui a instillé des idées dans la prochaine vidéo… Du coup, ce qu’on fait, c’est qu’on prend nos influences et toutes les idées de visuels qui nous traversent l’esprit et qui suscitent notre intérêt. Pour ma part, j’ai souvent été aux côtés des réalisateurs pour diriger les vidéos, ce qui est vraiment chouette. C’est une partie de l’univers de la musique que j’adore… La musique, ça va bien au-delà de simplement créer un morceau et jouer en live : y a les illustrations, les T-shirts, les vidéos, les promos, etc. J’adore tout ça ; c’est tellement fun pour moi de créer tout un package et une expérience visuelle pour un album en plus du son, pour déployer les sens de toutes les manières possibles.

On a parlé musique, vidéos, collaborations, mais qu’en est-il des concerts ? M’en dirais-tu plus sur ceux à venir ?

Ouais ! En ce moment même, on est au Texas pour trois concerts en tant que tête d’affiche. Le mois prochain, on a d’autres concerts américains, mais ensuite, la période estivale sera strictement consacrée à l’Europe. Évidemment, ça dépendra de la situation là-bas, avec le Covid et la guerre… on veut que tout le monde soit en sécurité, nous-mêmes comme les gens qui viennent aux concerts, et on ne veut surtout pas que des problèmes surgissent, c’est une mauvaise chose pour nous comme pour tous les metalleux. Du coup, il semble bien qu’on va partir en tournée avec un gros groupe en septembre et en octobre… donc six semaines de tournée européennes, ce dont on espère pouvoir faire l’annonce dans les semaines à venir, le temps de confirmer, de préparer la promotion, et tout le boulot… Europe, on va absolument venir ! On va au Royaume-Uni, en Europe de l’est, du nord, du sud, en Scandinavie… On est surexcités à l’idée de revenir avec cet album dans nos bagages pour vous tous !

Quel est donc ce groupe que vous accompagnez en tournée ?

Comme je l’ai dit, je ne suis pas autorisé à le dire pour le moment, mais ce que je peux dire, c’est qu’ils sont très connus, qu’ils sont super cool et qu’ils font partie de la famille Incite. Du coup ça rend cette tournée encore plus spéciale !

Merci beaucoup ! Quelques derniers mots pour les lecteurs et les fans ?

Tout d’abord, j’aimerais vous remercier, Metal Alliance et toi, de m’avoir consacré un peu de temps, ça fait très plaisir. J’aimerais aussi remercier tous les metalleux d’ici et d’ailleurs. S’il vous plaît, les gens, allez jeter une oreille à notre nouvel album, Wake Up Dead ! Il est disponible sur Spotify, sur iTunes, et vous pouvez aussi le commander en version physique sur notre site et nos réseaux sociaux. Prenez bien soin de vous, soutenez la scène metal, et à bientôt dans le pit !