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Il n’est jamais simple, pour n’importe quel groupe, de devoir changer de chanteur en cours de parcours. C’est pourtant la mésaventure qui est arrivée à Serious Black au milieu des sessions d’enregistrement de Vengeance Is Mine, le sixième opus des métalleux allemands. De la formation initiale, il n’y a finalement plus que le leader Mario Lochert (basse) et son fidèle guitariste Dominik Sebastian, qui gratte aussi les cordes pour Edenbridge. Les changements sont légion dans cette formation allemande de power metal qui a toujours eu du mal à se faire un nom malgré la présence de musiciens aux noms aussi ronflants que Roland Grapow (ex-Helloween) ou Thomen Stauch (ex-Blind Guardian). Et cette instabilité s’est malheureusement affirmée au travers du power metal dispensé par les Teutons.
À l’annonce du départ d’Urban Breed, on aurait pu croire au chant du cygne pour ce groupe dont la qualité de la discographie est à l’image de la stabilité de son line-up. Les vocalises de l’excellent Nikola Mijic offrent une nouvelle orientation musicale au groupe. Sa maîtrise vocale et son timbre de voix ne sont d’ailleurs pas sans rappeler Tobias Sammet (Edguy, Avantasia). Cette similitude est criante de vérité sur Ray of Light, la meilleure des deux ballades (oui, deux !) présentes sur cet opus de treize titres, avec de belles orchestrations appuyées par les claviers. The Story, l’autre ballade, n’est pas dénuée de qualités, mais ses mélodies sont un peu trop sirupeuses et un peu trop déjà entendues.
Le plus ennuyeux dans la musique de Serious Black, c’est la qualité des textes, qui reste très superficielle. Alors, certes, cela peut paraître futile et sans prise de tête, mais même les jurons déployés à gorge ouverte sur Out of the Ashes, le dernier single en date, semblent dispensables. On préfère nettement le morceau d’ouverture Rock With Us Tonight et ses nombreux ponts qui en font un des points culminants de l’album. Fallen Hero est aussi un excellent titre de metal mélodique et son refrain entêtant semble être parfaitement taillé pour la scène. Le constat est identique pour Senso Della Vita dont les refrains sont accrocheurs, et la structure musicale en parfaite harmonie avec la voix de Nikola Mijic.
Soul Divider est le morceau le plus lourd de l’album, même si les claviers y sont aussi prédominants. Ce titre démontre à suffisance ce dont les Allemands peuvent être capables d’un point de vue musical. Et ce n’est certainement pas faire injure à leur musique que d’écrire que l’intro de …Queen of Lies, dans laquelle on entend une mère et sa fille converser au téléphone, semble être tout droit sortie d’un mauvais film de série B. On regrettera à nouveau, ensuite, la pauvreté lyrique de Just for You, même si on appréciera grandement sa structure et ses riffs accrocheurs. Le guitariste Dominik Sebastian y démontre encore ses qualités de grand guitariste… Tous ses solos sont d’une extrême justesse…
C’est un sentiment général de frustration qui prédomine à l’issue de l’écoute de Vengeance Is Mine. Car cet opus reste un bon album de power metal. Il aurait été grandiose si le groupe s’était donné le temps de travailler plus en profondeur les paroles et les quelques effets superflus censés donner de la profondeur à l’ensemble. Mais tout cela n’est-il pas la conséquence du départ inopiné d’Urban Breed qui reste encore inexpliqué ? Peut-être… Vengeance Is Mine n’en reste pas moins un bon album qui ravira sans aucun doute les fans de la première heure.
