Le Jingle Bells est une création de l’association Les Anthinoises. Cette dernière organisait déjà en premier lieu un festival dédié aux musiques et cultures celtiques, et se définit quant à lui comme un évènement rock et blues, ce qui ne l’empêche pas d’élargir ses horizons. C’est donc avec plaisir que nous nous rendons à la soirée d’ouverture de cette édition 2021 mettant à l’honneur trois dignes représentants de notre genre musical favori.
BAC One-Eleven entame la soirée avec son stoner teinté de blues et de garage rock. Ce jeune groupe liégeois, dont le premier single, The Lazy Shag, sorti en août 2020, n’a pas laissé indifférent, se caractérise par la présence de Julie Gilles au micro. Son chant au timbre fluide et bluesy se marie particulièrement bien au genre. Le groupe jongle entre les styles, jouant tantôt des titres plutôt rock bien que toujours plombés, tantôt plus métalliques qui comportent tout de même des passages soft ou teintés de spleen. Assez classique dans ses compositions comme dans son mélange de genres, BAC One-Eleven a tout pour plaire aux amateurs de stoner et de ses dérivés.
Steelover a marqué les esprits, en Belgique comme ailleurs, grâce à son unique album Glove Me, sorti en 1984. Ce disque de hard rock/heavy metal de premier choix s’est vu très justement récompensé par des ventes massives, y compris à l’international. Une première partie de Kiss et Bon Jovi dans la mythique salle de Forest National en 1985 et un ultime concert en 1986, retransmis par la chaîne de télévision nationale belge (RTBF) et coproduit par la vénérable BBC, figurent parmi les faits d’armes du combo liégeois. Rudy Lenners, batteur de Scorpions sur les albums In Trance et Virgin Killer, faisait partie du line-up de l’époque ainsi que de celui de la reformation de 2016. Il est à présent remplacé par Nikko. Sachons aussi que Dani Klein, chanteuse de Vaya Con Dios, fit également un passage au sein du groupe. Deux EP ont vu le jour depuis la reformation : Back from the 80’s en 2016 et Limited Edition l’année suivante. Après quelques remaniements de line-up, un nouvel album est aujourd’hui en préparation.
Le set de ce soir s’articule sur un mélange d’anciennes et de nouvelles compositions, sans pour autant générer une quelconque cassure de style entre les titres millésimés et les récents. Vince Cardillo, le chanteur d’origine, n’a rien perdu de ses capacités et l’illustre guitariste Pat Fréson assure tout autant. Les autres musiciens récemment recrutés ne sont pas en reste et la présence scénique du quintet est toujours bien digne des plus grands. Les extraits de Glove Me ont été remis au goût du jour et c’est avec Need the Heat, en provenance de cet album, que le concert démarre, de fort belle manière. En introduisant le troisième morceau, Vince demande aux roadies d’amener les tabourets, ce qui nous laisser à penser qu’il s’agira d’une ballade… largement à tort, puisqu’il s’agit de Rock Bottle, titre aux sonorités très hard rock issu également de Glove Me. Les morceaux s’enchainent une heure durant, jusqu’à ce que le set se clôture sur Never Before, qui fermait la face B de Glove Me, encore lui. Ce set n’a déploré aucun temps mort et a en conséquence semblé passer très vite, pour ne pas dire trop. Assister à un si bon concert a été un réel plaisir !
On ne présente désormais plus Black Mirrors, combo bruxellois qui s’est forgé une solide réputation autant dans la scène metal que rock et que s’arrachent la plupart des festivals, petits ou grands, axés metal ou pas. Sa musique mélange habilement des touches de classic (hard) rock, de rock occulte 70’s — à l’origine du nom se traduisant par « Miroirs Noirs » —, de stoner et d’influences issues des 90’s, lorgnant de temps à autre du côté de Garbage et Nirvana. Ce groupe possède le don de séduire très facilement tous les publics, y compris des personnes qui ne sont d’habitude pas réceptives à son style musical ou qui ne le connaissaient absolument pas avant de le découvrir sur scène. En effet, c’est bien sur les planches que la musique de Black Mirrors prend toute sa dimension, notamment grâce aux performances de la chanteuse Marcella Di Troia. Cette dernière n’est pas seulement une vocaliste douée ; les danses mystiques et hypnotisantes qu’elle exécute pendant les parties instrumentales forment un tout avec la musique, nous transportant dans un autre univers. Bien au-delà d’un simple jeu de scène, Marcella Di Troia élève ce dernier jusqu’à l’expression corporelle, démontrant une démarche profonde et artistique. Sans aller jusqu’à évoquer une « expérience totale », ce qui serait un peu exagéré, il paraît évident d’affirmer que Black Mirrors ne s’apprécie jamais mieux qu’en live.
Après cette prestation sans faille, les artistes nous gratifient d’un double rappel commençant par une reprise de Nirvana ; pas forcément celle à laquelle certains ont pu s’attendre… et pour cause : il s’agit de Territorial Pissings, l’un des titres les plus énervés de l’album Nervermind. Que voilà donc une bonne, voire très bonne surprise ! S’ensuit un dernier morceau pour la route, qui clôture malheureusement le set.
Nous pouvons nous féliciter d’avoir assisté à cette soirée, ceci pour deux raisons. D’un part, bien évidemment, parce que les trois groupes ont chacun livré une belle prestation. D’autre part, parce les bénéfices du bar doivent servir à venir en aide aux victimes des tragiques inondations de juillet dernier. Une belle initiative !
La soirée du samedi accueillait, entre autres, Elliot Murphy et Beverly Jo Scott, mais ceci est une autre histoire…
Nous tenons à remercier chaleureusement les organisateurs pour leur aimable accueil. À l’année prochaine !
BAC One-Eleven
Par Paul Collin
Steelover
Par Paul Collin
Black Mirrors
Par Paul Collin