Tygers of Pan Tang, SteeLover, Shock Treatment
South of Heaven, Bilzen (BE)
Date 4 octobre 2024
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
https://www.southofheaven.be

En première partie de cette soirée dont l’affiche, à elle seule, laissait augurer du meilleur, nous découvrons le groupe néerlandais de crossover Shock Treatment, qui a bien du mérite à ainsi s’exposer devant un public franchement pas acquis à sa cause. De fait, les amateurs de hard rock et de heavy metal traditionnel ne goûtent que peu les riffs incisifs et les grosses décharges d’énergie thrash/hardcore délivrés par le jeune combo. Les applaudissements sont polis, mais l’assistance reste statique malgré une musique propre à déclencher les pogos. Ceci dit, Shock Treatment est une véritable usine à riffs qui, sans se réclamer de l’une ou l’autre influence précise, évolue dans la même galaxie que D.R.I., Suicidal Tendencies, Nuclear Assault et Anthrax à ses tout débuts. Dans un autre contexte, le groupe aurait pu faire un tabac.

SteeLover ne participait pas à l’ensemble de la tournée des Tygers mais faisait office de very special guest pour la date belge de ce soir. Devenu une véritable référence dans le milieu du metal belge grâce au seul LP, Glove Me (1984), SteeLover s’est dissous en 86 puis a timidement refait parler de lui à partir de 2016, avant de revenir en force en 2022, armé de l’album Stainless. Avec un hard rock/heavy metal énergique, racé et accrocheur, le quintet ne peut que susciter l’enthousiasme et, sans aller jusqu’à prétendre qu’il a piqué la vedette aux Tygers of Pan Tang — comme il l’a pourtant fait aux dépens d’ADX une semaine plus tôt, à l’Éisleker Metal Fest au Grand-duché de Luxembourg —, nous constatons que bon nombre de spectateurs avaient fait le déplacement pour applaudir la bande à Vince Cardillo, dont la voix ne craint à l’évidence pas le temps qui passe. On remarque une complicité évidente entre les membres du groupe, qui osent, pour la rigolade, s’adonner, en binômes et tantôt dos à dos, tantôt face à face, à quelques poses de guitar-heroes bien typées. Serait-ce l’effet bénéfique de l’intégration du nouveau guitariste Sam Lemmens (Up the Irons, ex-Evil Invaders) ? Nous attendons en tout cas le nouvel album, annoncé pour bientôt, avec impatience.

Tout comme SteeLover, Tygers of Pan Tang a connu une longue période d’arrêt mais ses trois premiers albums, Wild Cat (80), Speelbound (81) et Crazy Nights (82) sont des références. Depuis son retour officiel à la vie en 1999, le groupe britannique nous livre de très bons albums et des concerts aux set-lists équilibrées, qui font la part belle aux classiques sans occulter le moins du monde les compos plus récentes. Les titres de toutes les époques s’enchaînent à merveille, sans donner le moins du monde l’impression que « c’était mieux avant ». Une preuve de l’assise solide d’un répertoire aux qualités certaines. Un peu moins dynamique que celle des Liégeois, la musique de Tygers of Pan Tang alterne plus clairement entre le hard rock, qui prédominait sur les premiers albums, et un heavy mélodique bien charpenté. Robb Weir (guitare), seul rescapé du line-up d’origine, est manifestement heureux de partager sa musique avec nous. Et ça tombe bien, car nous sommes nous-mêmes ravis de voir des groupes qui maintiennent un tel niveau de qualité, tant sur scène que sur disque, sans défrayer la chronique, mais en garantissant un vrai moment de plaisir à un public qui répond toujours présent.

Encore une bien belle soirée que nous a proposée le South of Heaven, désormais un incontournable parmi les clubs metal belges.