Dark Tranquillity, Behemoth, Exodus, Impalement, Stillbirth, Necrotted, Disentomb, etc.
Dinkelsbühl (DE)
Date du 13 au 17 août 2024
Chroniqueurs Hugo Weyermann, Nathan Bonzon, Charlotte Breton
Photographes Nathan Bonzon, Charlotte Breton
https://www.summer-breeze.de/en

Mardi 13 août, nous voici arrivés au Summer Breeze, grand festival aux abords de la petite ville de Dinkelsbühl en Allemagne. Il fait une chaleur de gueux mais pas de pluie à l’horizon. A 17 h pétantes, le premier groupe du fest, Soulprison, ouvre les hostilités avec un crossover thrash metal très sympathique. Ils y ajoutent des éléments hardcore, ce qui donne un résultat puissant et entraînant. On peut y voir des inspirations de Hatebreed. Les 45 minutes du set sont passées en un éclair ! Le public était déjà chaud bouillant avec des circle pits, un wall of death, il faut dire que le groupe avait une énergie plus que débordante. Le son était globalement très bien malgré quelques bruits qui ne présageaient rien de bon… A tel point qu’ils n’ont pas pu jouer leur dernier morceau et que Fall of Serenity n’a pas pu commencer à l’heure. Ils ont démarré au moment où leur temps de scène était censé se terminer. Ils ont tout de même joué 25 minutes, le temps de nous mettre une petite claquounette avec leur melodic death metal dévastateur. Les titres Chaos Reign et Darkness, I Command tirés de leur dernier opus sont tout bonnement excellents. Petite pause metalcore avec Defocus. A l’aide de riffs djenty et d’efficaces breakdowns, le groupe originaire du sud de l’Allemagne a su électrifier le public. A un moment du concert, des frites de piscine portant le nom du groupe ont été lancées dans l’audience, ajoutant un aspect très fun et mémorable à la prestation. Shredhead a pris le relais sur scène avec un thrash groove metal assez punchy. Le titre The Rope a des sonorités orientales qui changent un peu de l’ordinaire et sont plutôt cool, rappelant leur origine israélienne. Ensuite place à la tête d’affiche, j’ai nommé… Disbelief. Un groupe de death old school mélangé avec du sludge. Le résultat n’est pas très rapide même si certains morceaux tapent plutôt bien. Le son était très, presque trop, fort avec une surdose de basse, chose plutôt inhabituelle, qui n’a pas empêché le groupe de tout déchirer !

Le Summer Breeze a organisé un Q&A avec Dark Tranquillity pour finir la soirée et franchement cela n’était pas bien intéressant jusqu’à ce que Mikael Stanne annonce que le groupe allait jouer quelques titres. Il n’y a quasiment eu que des chansons qu’ils n’avaient pas jouées depuis longtemps, voire jamais, alors qu’aucune ne figure sur leur prochain album. C’était une ode au death mélo avec des titres comme The Fatalist, Cathode Ray Sunshine ou encore Empty Me, qu’ils ont joués pour la première fois en live alors que le morceau est sorti en 2007. Ensuite, nous avons eu la chance d’écouter en avant première le tout nouvel album de Dark Tranquillity, alors que celui-ci sortait officiellement trois jours plus tard.

Une soirée au top pour lancer un Summer Breeze qui s’annonce bouillant !

Le lendemain, le festival ouvrait ses portes à 13 h 30 alors que le premier concert était à 16 h, juste le temps de se promener un peu sur le champ de bataille et de faire quelques emplettes. Pour notre premier concert officiel du festival, Pest Control est venu nous présenter son thrash metal teinté d’éléments punks qui a enflammé la foule. L’ombre offerte par la Wera Tool (plus petite scène à l’intérieur du festival) n’a pas pu nous empêcher de cuire par cette magnifique après-midi. S’ensuivit Sylosis, un groupe de metalcore/death mélodique avec une touche de thrash qui a fait secouer des têtes à l’aide de gros riffs bien violents, notamment ceux de The Blackest Skyline. Ce n’est pas mon style de prédilection mais je dois reconnaître que ça donne la patate. Le second groupe à fouler la Main Stage fut The Amity Affliction avec son post-hardcore/metalcore venu tout droit d’Australie. Ne connaissant que peu de morceaux, je fus impressionné par la prestation qui se révéla beaucoup plus heavy que ce à quoi je m’attendais. La setlist passa des classiques un peu plus soft comme Drag The Lake ou Soak Me in Bleach, à des morceaux plus lourds comme Show Me Your God et ses étonnants blast beats. On retrouve sur scène le chanteur principal qui fournit les screams, ainsi que le bassiste apportant un chant clair très agréable à l’oreille, la combinaison des deux voix rendant vraiment bien en concert.

Après, au camping, il y a eu Zerre, du thrash metal tout ce qu’il y a de plus classique, voire cliché mais qu’est-ce que c’était bien, avec une super énergie et un public au rendez-vous ! L’après-midi continue avec Obscura sur la T-Stage. Les musiciens sont justes excellents mais il manquait quelque chose, le son était un peu plat et le chant était quelque peu noyé dans le mix, le contraste avec Zerre était saisissant. La journée s’est poursuivie avec Viscera, un groupe de death un peu core avec de jolis breakdowns qui brisent des nuques. Ils ont commencé par Carcinogenesis, un délice. Le groupe accueillait pour la première fois leur nouveau bassiste, qui a fait un super boulot. Côté météo, il y a eu un peu de pluie, histoire de faire retomber la poussière engendrée par le circle pit. Pour digérer, petit tour au camping pour voir le jeune groupe de death danois Plaguemace. Ils ont mis la barre très haute niveau ambiance. Tout au long du set, les musiciens bougeaient dans tous les sens, sautaient partout et le chanteur est même venu dans le pit pour la dernière chanson… le top ! Le camping accueillait ensuite Embrace Your Punishement, groupe de brutal death metal français qui a tout déchiré avec ses speed dévastateurs et ses breaks qui viennent sectionner une nuque déjà bien entamée (bien que l’on ne soit qu’au jour 1). Ils ont joué des titres de leur dernier album, dont celui enregistré avec Jason Netherton de Misery Index, Unconquered.

Après avoir éteint notre cerveau sur du bon gros slam, il est temps de le rallumer et d’aller voir Meshuggah sur la Main Stage, les headliners de ce premier jour de festival. Les titans du djent ont livré une performance tout bonnement époustouflante devant plusieurs milliers de spectateurs. Un mur de son nous percute, porté par les riffs de guitare saccadés et envoûtants. Sur un promontoire, on retrouve bien évidemment Tomas Haake, un véritable monstre à la batterie. Des ghost notes à des patterns techniques de double pédale, son jeu est on ne peut plus précis. Jens Kidman (le chanteur) semble possédé, il se tient sur scène d’une manière étrangement terrifiante. Ce sentiment perdure durant tout le set : en live, Meshuggah est incroyablement heavy, et ça fait presque peur. Le groupe nous propose un superbe set, composé de plusieurs morceaux provenant de leur dernier album en date, Immutable (2022), mais aussi des classiques comme Rational Gaze ou Future Breed Machine, et se termine sur Bleed et Demiurge. Tout simplement magnifique.

Equilibrium nous a permis d’adoucir un peu la soirée avec un mélange de leurs meilleurs titres allant d’un death metal avec des influences folks, plutôt sympathique, à quelque chose de bien plus électronisé et moins sympathique. Le public était malgré tout au rendez-vous. Nostalgiques du camping, nous y retournâmes voir Spire of Lazarus un groupe d’extreme technical death metal, et c’est peu de le dire. Ce sont des malades, ils sont géniaux et super doués ! Ils nous ont fait un morceau acoustique magnifique et un autre qu’ils n’avaient pas choisi de faire sans chant mais pour lequel il y a eu un problème de micro. Pour pinailler un peu, il y avait légèrement trop de basses et de batterie mais c’est de l’ordre du petit détail. Le groupe a tout donné, le chanteur a même tombé le t-shirt le temps de montrer son dos couvert d’une montagne de muscles vraiment impressionnante. Pour terminer la soirée, Thron jouait sur la Wera Tool et qu’est-ce qu’ils ont bien joué ! Un mélange de black old school à la Marduk qui tape à mille à l’heure avec du plus moderne et mélodique à la Moonlight Sorcery, que demande le peuple ? Mention spéciale pour le batteur qui a une technique dingue et une vitesse effarante. Le son était magnifique et les gars avaient un charisme de fou derrière un épais nuage de fumée. Ils ont notamment joué To Dust et The Prophet, après ça la soirée ne pouvait pas être plus belle !

On attaque jeudi dès 11h30 avec Dust Bolt sur la T-Stage. Dès les premières notes, on a senti que cela allait être mémorable et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça l’était ! Trapped in Chaos et Sick X Brain ont rendu la foule folle (et Lenny aussi) à tel point qu’il est venu avec sa gratte et son micro au milieu du pit pour jouer le morceau. On le voyait à peine tellement la poussière volait autour de lui pendant que les gens couraient. A midi, ceux qui jeûnent peuvent se délecter du premier show sur la Main Stage : les brésiliennes de Crypta font leur entrée avec fracas, entament leur set avec The Aftermath et The Other Side of Anger. La grosse voix de Fernanda Lira, également bassiste, se fait entendre de part et d’autre du festival, notamment sur les excellents Lord of Ruins ou From the Ashes. Mis à part ce dernier, tous les titres joués sont tirés de leur dernier album en date Shades of Sorrow (2023).

De retour à la T-Stage, Mental Cruelty a pris le relais et nous a offert un spectacle scéniquement moins impressionnant mais qu’est-ce que leur musique est bonne ! Le chanteur Lukas Nicolai et ses vocalises venues tout droit d’un autre monde en ont choqué plus d’un. Leur setlist était magnifique et terminer par Zwielicht et Symphony of a Dying Star… quels bijoux venant sublimer un set déjà plein de perles ! On continue sur la lancée du deathcore avec Paleface Swiss qui ont pris d’assaut une T-Stage déjà bien remplie, malgré la chaleur de l’après-midi. Nos chers compatriotes ont envoûté le public allemand avec leur deathcore downtempo très énervé, le tout porté par la voix bestiale de Marc Zellweger. Un set riche en breakdowns, tous autant dévastateurs les uns que les autres, comme sur Nail To The Tooth ou The Orphan, tous deux tirés de leur dernier album Fear & Dagger (2022). Les Suisses ont également joué les récents singles Best Before: Death, Please End Me et The Gallow. Ce dernier revêt une ambiance presque melodeath/thrash metal à certains moments, ce qui apporte de nouvelles sonorités au groupe.

Pour notre premier concert sur la Main Stage, The Black Dahlia Murder nous a fait une performance difficile à qualifier de moyenne au vu du niveau des musiciens, de la précision et de la justesse de l’exécution mais le nouveau chanteur, Brian Eschbach, n’arrive malheureusement pas à faire oublier Trevor et son charisme légendaire. Droit derrière sur la T-Stage, Aborted est venu défendre son dernier opus et l’a fait de la plus belle des manières. Un peu après l’ouverture sur la magnifique Retrogore nous avons eu The Origin of Disease, pendant laquelle Sven de Caluwé a réclamé des jumping jacks, exigence à laquelle le public s’est plié. Ce concert a donné la pêche à tout le public, il y a eu des circle pits, des walls of death et des surfeurs, plein de surfeurs. Plus tard, nous sommes retournés du côté de la Main Stage pour voir Jinjer. Vêtue de rouge, Tatiana Shmailyuk est impressionnante, tout comme sa voix, oscillant entre le chant clair et crié. On peut citer les titres On the Top, I Speak Astronomy, le très célèbre Pisces ou encore Someone’s Daughter, le plus récent single du groupe ukrainien. Le public est tout feu tout flamme, encore plein d’énergie en ce début de soirée qui s’annonce dantesque.

Nous restons sur la Main Stage pour voir Behemoth et je ne puis m’empêcher d’être un peu déçu par la setlist que je dirais trop tout public. Je m’attendais ou j’espérais quelque chose de plus violent, plus impactant. Ils ont tout de même fait Cursed Angel of Doom et Christians to the Lions. Ils ont très bien joué, avec une pyrotechnie qui nous en a mis plein les yeux et des costumes plutôt originaux et chouettes mais j’aurais préféré moins d’artifice et plus de brutalité pour le 33ème anniversaire du groupe qui a officiellement « vécu plus longtemps que ce putain de Jésus Christ » selon les dires de Nergal. Ensuite, ce fût la course jusqu’à la scène du camping pour voir les Suisses d’Impalement. Neutralité ou pas, cela a été d’une violence inouïe, une vraie boucherie. Ils ont tout fracassé avec des morceaux comme The Impalement ou Thus Spoke I – Götzendämmerung qui a clôturé leur passage sur scène. En même temps sur la Main Stage se produisait Architects, les as du metalcore anglais. Ce fut un concert grandiose, le groupe, tout comme le public, se donnèrent à fond. Le chanteur Sam Carter semble très reconnaissant d’être là et d’offrir cette prestation devant des milliers de personnes. Comme d’habitude, une setlist classique composée des tubes usuels (comme Doomsday et Animals) et des singles récents, Curse et Seeing Red. D’ailleurs, ce dernier tape particulièrement fort en live !

Poursuivons avec Dark Tranquillity et son show spectaculaire. Ils ont fait un paquet de nouveaux titres joués à peine quelques minutes après la sortie officielle de leur nouvel album Endtime Signals. Certains ont été joués pour la première fois en live (Shivers and Void, Our Disconnect, Neuronal Fire). Ils les ont accompagnés de grands classiques tels qu’Atoma ou encore Terminus (Where Death is Most Alive). On a pu sentir Mikael Stanne particulièrement ému après avoir joué Not Nothing. Je crois que le retour du public l’a profondément touché ! Tout au long du concert il y avait des images qui défilaient sur les écrans géants pour illustrer les morceaux, c’était vraiment très joli. Une prestation d’anthologie qui s’est prolongée d’une vingtaine de minutes au-delà de leur temps de scène réglementaire. Dans un autre registre, Exodus nous a livré une prestation digne des plus grands thrashers. Avec une ouverture sur Bounded By Blood, ils ne pouvaient que conquérir le cœur du public de la Main Stage du Summer Breeze. Ils ont enchaîné les riffs assassins jusqu’au bout de la nuit. Les titres Blacklist, A Lesson in Violence et Toxic Waltz ont beau être des classiques que tout le monde connaissait par cœur, il n’empêche qu’ils ont mis le feu !

Vendredi commence sur les chapeaux de roues avec Future Palace. Les étoiles montantes du metalcore allemand se sont produites sur une Main Stage déjà bien remplie malgré l’heure précoce de leur set. Celui-ci est constitué de titres provenant de leur second album Run, paru en 2022, tel que Paradise et Heads Up, ainsi que les singles issus de leur prochain opus, Distortion (dont la sortie est prévue pour le 6 septembre), comme l’excellent Dreamstate, Uncontrolled, ou encore The Echoes of Disparity, un featuring avec la chanteuse d’As Everything Unfolds. Ensuite, place à Distant et son deathcore ultra-violent. Les Néerlandais étaient en feu ! Leur guitariste est venu surfer sur la foule tout en jouant, en jouant plutôt juste ! Ils ont fait quelques morceaux de leur dernier opus comme Exofilth et Heritage, le chanteur, Alan Grnja, s’en sort à merveille, même en l’absence de Will Ramos. Plus tard dans l’après-midi, Neaera a mis la Main Stage sens dessus-dessous avec un Benjamin Hilleke en grande forme ! Dès le début du concert il est allé se mettre le plus près possible du public sur la barrière et, comme s’il n’était pas assez proche, il est allé dans la foule à plusieurs reprises se faire porter par les gens alors qu’il chantait. Je ne connais pas bien le groupe mais ça sonnait drôlement bien en tout cas. Ils ont joué un morceau avec Bastian Sobtzick, chanteur de Callejon. C’était une vraiment belle surprise. Nous sommes ensuite allés nous positionner pour Stillbirth et quelle boucherie ça a été ! De la pure folie ! La Wera Tool débordait de partout, le pit était énorme. Ils n’ont joué qu’une toute petite demi-heure et pourtant c’était selon moi le meilleur concert du festival ! Un concentré de brutalité saupoudré de jolis breaks avec une once de pig squeal c’était trop bon ! Ils nous ont fait un best of en version courte avec The Hunt en entrée, Rising from the Ashes, Global Error et Panem et Circences en plat principal et un medley de Revive the Throne et Disgraced en dessert, quel kiff !

Pendant ce temps sur la Main Stage se produit Motionless in White, très grand nom du metalcore américain. Malgré une setlist assez intéressante composée des classiques comme Thoughts & Prayers, Another Life et Sign of Life, ainsi que des morceaux issus du dernier album, tel que Slaughterhouse (originellement en featuring avec Bryan Garris de Knocked Loose) et Masterpiece, le son n’est pas très bien mixé et ne laisse entendre que la double pédale et les basses, ce qui est plutôt dommage. Ensuite, nous avons tout juste le temps de se faufiler jusqu’à la T-Stage pour voir Whitechapel déchaîner son deathcore ultra groovy. Leur set, long de presque 1 heure, propose non seulement des titres plus récents mais ressort aussi de vieilles perles comme This Is Exile, Prostatic Fluid Asphyxiation ou encore The Saw Is The Law, pour le plus grand plaisir de leurs fans old-school. Phil Bozeman et son équipe n’ont rien perdu de leur énergie d’antan, ce qui présage de bonnes choses pour leur prochain opus qui, apparemment, égale les premiers albums en terme de brutalité.

De retour à la Tool et pour attendre patiemment Disentomb, un groupe de brutal death australien. Ils ont un style qui vous prend les tripes, vous les arrache et ensuite vous les fait manger avant de comprendre ce qu’il vous est arrivé. Ils sont bestiaux, super violents et c’est trop cool ! Le seul point négatif c’est qu’ils ont un style relativement prévisible et répétitif. On a pu rester à l’ombre encore un moment (heureusement parce que le soleil tapait méchamment) pour voir Necrotted et son death metal absolument fabuleux. C’est une équipe de tueur emmené par un Fabi en colère qui sait autant grogner qu’hurler comme il l’a montré tout au long de passage sur les planches. L’ouverture sur Sow Sorrow for Victory et la clôture avec Cynic Suicide étaient à l’image de l’entre deux, des monstres bangers ! L’ambiance était hyper bonne et Fabi a fait un petit tour dans la foule en se faisant porter à bout de bras par les spectateurs pendant leur dernier titre. Petit tour au Camping Circus pour y trouver les Argentins de Los Males del Mundo et leur black metal puissant et mélodique. Ils ont fait forte impression dès le début avec Falling into Nothing. Ils n’ont présenté que cinq titres mais ils n’ont pas perdu une seconde et ont rempli leur temps de passage de bout en bout. The Heavy Burden en conclusion a époustouflé tout le public déjà conquis.

Place désormais aux headliners de ce troisième jour : les légendaires Amon Amarth. Les vikings suédois ont, comme à leur habitude, offert un show sensationnel aux spectateurs du Summer Breeze. La disposition de la scène est impressionnante : au centre, on retrouve un immense casque de guerrier norrois, bardé de cornes, dont les yeux sont constitués d’écrans ; au fond sur les côtés, deux imposants totems gonflables, représentant des figures de vikings. Ces décorations arborent la scène depuis le début du concert, qui débute sur Raven’s Flight et Guardians of Asgaard. Le public est déjà à fond et chante à tue-tête les refrains. Ensuite, au milieu du set, le décor change et les totems font place à un drakkar pour Put Your Back Into The Oar. Tradition oblige, le public s’assied et rame joyeusement sous les ordres du chanteur. Après une interlude pendant laquelle les membres du groupe partent de la scène, le menaçant Jormungandr (le serpent qui se mord la queue et qui combat Thor durant le Ragnarok) s’élève. Après Crack The Sky, le show se termine sur Twilight of the Thunder God, hit incontesté du groupe suédois. Durant le solo de guitare, Johan Hegg terrasse le féroce serpent, armé du Mjöllnir.

Une petite course jusqu’à la T-Stage s’impose pour être à l’heure pour Cradle of Filth et son black metal sorti tout droit d’Angleterre. Ils ont commencé par The Fate of the World on Our Shoulders et Existential Terror de leur dernier album. Ils ont poursuivi avec quelques classiques comme Saffron’s Curse, She is a Fire, Principle of Evil Made Flesh qui sortait un peu du lot vu le côté plus death metal que Cradle avait au début et le symphonic black metal qu’ils pratiquent aujourd’hui. Dans les vieux titres ils ont joué Cruelty Brought Thee Orchids et Dusk and Her Embrace. Pour conclure ils ont choisi Nymphetamine (fix), Born in a Burial Gown et Her Ghost in the Fog. Une setlist plutôt variée avec du récent et du moins récent, la chose qui ne change pas c’est la qualité du groupe pour jouer ces grands classiques. Le point noir reste et restera sans doute à jamais la prestation scénique minimaliste, à la limite du ridicule, de Dani Filth qui passe son temps à sautiller comme un puce et du guitariste Ashok qui, à part lever sa gratte, est relativement transparent. Il n’empêche que c’était très bien. Toujours sur la T-Stage, Kampfar est venu avec son pagan black metal et a mis tout le monde d’accord. Ils ont joué des morceaux comme Ophidian et Jesus Gjor Meg Stille qui rendaient super bien avec la vue sur la forêt derrière la scène et la nuit noire qui finissait de mettre une ambiance optimale pour apprécier ce style de musique.

Alors qu’il commence à se faire tard, Moonspell monte sur la Main Stage. Le groupe, originaire de Lisbonne, a délivré une prestation magique. Leur métal gothique (arborant tout de même des growls) se mêle à perfection avec l’atmosphère nocturne. De plus, un immense écran recouvre le fond de la scène, offrant des visuels plutôt impressionnants. Pour ce qui est de la setlist, on a évidemment eu droit aux incontournables de Moonspell, comme Opium, Awake et Alma Mater. J’ai beaucoup aimé la touche un peu blackened et dark de leur métal gothique, ce fut une très belle découverte. Sans transition, Carnation est venu sur la Wera Tool pour en découdre avec son death metal dévastateur. Ils nous ont envoyé du lourd avec un choix de morceaux plutôt équilibré entre vieilles et nouvelles chansons. Les titres Cycles of Suffering et Sepulcher Of Alteration m’ont fait bien plaisir (le reste aussi d’ailleurs). La soirée s’est terminée avec un petit Necrophobic qui est passé comme un éclair, ils ont pourtant joué 45 minutes mais c’était trop court. L’enchaînement de tubes comme Stormcrow, Mark of the Necrogram ou encore Tsar Bomba a rendu le tout captivant. Leur black metal assez mélodique a sublimé cette journée de fest pourtant déjà plus que bien remplie ! Ils ont vraiment assuré et ont montré une certaine reconnaissance envers leurs fans restés jusqu’à 3 h du matin pour les voir, en les remerciant chaleureusement, chose relativement inhabituelle dans le monde du black metal.

Le dernier jour arrive trop vite mais la pilule ne passe pas trop mal à l’aide d’Insanity Alert et de son thrash metal déjanté ! Ca n’était musicalement pas extraordinaire mais l’énergie du groupe était mémorable et hyper communicative. Ils ont fait des reprises de Queen et Iron Maiden avec Moshemian Thrashody et Run to the Pit, bonne humeur garantie ! Juste après, il y avait Before the Dawn sur la T-Stage et cela ne m’a pas tellement plu, le chant clair ne passe pas. Le reste était plutôt intéressant ce qui rend le concert moyen, c’était pas loin d’être cool. Leur death mélo sonnait bien, à la finlandaise. Dans un tout autre style, Acranius jouait sur la Wera Tool et ça a été nettement moins mélodique que Before the Dawn. Les membres d’Acranius ont pris place sur la Tool et ont fait ce qu’ils savent faire de mieux : taper fort et casser les nuques (pour ceux qui ne l’avaient pas déjà détruite les premiers jours du fest), grâce à leurs passages plus slam et aux breakdowns monstrueux. C’était un peu redondant et répétitif mais c’est le genre de truc qui passe tout seul si l’on s’abandonne au headbanging. Petite pause en attendant Tilintetgtjort. C’était de la bombe, ils ont fait une prestation remarquée et en ont scotché plus d’un avec leurs passages planants et envoûtants, alternés avec des blasts puissants. Un jeune groupe norvégien à surveiller. Le chanteur, Svik, est venu sur scène en arborant une tunique de chaman ou sorcier viking avec des runes dessinées dessus. Cela a conféré un côté mystique à leur concert qui, selon moi, aurait été encore plus impactant de nuit.

Passons par la Main Stage pour l’avant dernière fois cette année et savourons la prestation de Spiritbox. Les Canadiens pètent le feu et ça se ressent dans le public. Ils ouvrent leur set avec Cellar Door, Jaded, Angel Eyes et The Void, quatres morceaux issus de leur dernier EP The Fear Of Fear (2023), régalant l’audience en jouant banger sur banger. Il fut également l’heure, après de long moment d’hésitation, de me lancer à crowdsurfer sur Circle With Me. C’est en naviguant sur les gens qu’on se rend compte que tout le monde chantait à tue tête le refrain, ce qui rend l’expérience inoubliable.

Place à Asphyx sur la T-Stage et leur death/doom metal. Ils ont attaqué d’entrée avec The Quest of Absurdity et Botox Implosion. Lorsque le chanteur Martin van Drunen a annoncé Deathhammer, le public était aux anges. On sent vraiment que ce sont des vieux de la vieille, aucun artifice hormis leur drapeau et un savoir-faire pour maintenir la foule en haleine tout au long du concert. Les trois derniers titres ont parachevé une solide prestation du quatuor hollandais. J’ai nommé Forerunners of the Apocalypse, The Rack et la mythique Last One on Earth. Vient ensuite Sodom, toujours sur la T-Stage. Ils sont arrivés et nous ont emmenés avec Procession to Golgotha, suivie de S.O.D.O.M. et Jabba the Hut. Le son était au top et le sera pendant tout le concert (hormis un léger couac au niveau de la batterie qui ne dura pas plus de 30 secondes). Ils ont enchaîné avec The Crippler, City of God et la magnifique The Saw is the Law. Plus le temps passait, plus les gens devenaient fous, l’ambiance est passée de bonne à vraiment excellente… c’est ça l’effet Sodom. Ils ont continué avec Outbreak of Evil, Agent Orange, Wachturm. En plus de jouer comme des bêtes les mecs bougeaient bien sur scène, le pied ! Avant même les trois dernières chansons, tout le public avait déjà été envouté par le groupe. Ils ont fini en beauté avec Remember the Fallen, Ausgebombt et Bombenhagel. Deutsch Qualität.

Mauvaise nouvelle, ce quatrième jour touche bientôt à sa fin. Bonne nouvelle, Heaven Shall Burn est là pour nous remonter le moral ! Un show d’anthologie s’est déroulé sur la Main Stage. Une setlist d’enfer, composée autant de grands hits, comme Black Tears, Voice of the Voiceless ou encore Endzeit, que d’excellents morceaux plus récents, pour la plupart issus de Truth & Sacrifice (2020) tels que Thoughts and Prayers, Übermacht et My Heart and the Ocean. Les allemands ont même sorti Tirpitz, un B-side étonnamment heavy du dernier album, racontant la défaite d’un navire de guerre nazi durant la Seconde Guerre Mondiale. Au fond de la scène, des écrans affichent des images d’archive documentant le naufrage du fameux bateau. Ces visuels, couplés aux lumières, rendent le tout très impressionnant. Le concert se termine avec Valhalla, un cover du classique de Blind Guardian, durant lequel tout le public chante le refrain, un moment véritablement magique ! Les membres de Heaven Shall Burn semblent tous très heureux d’être là, presque émus par les acclamations de l’audience.

Un dernier petit tour à la scène du camping histoire de lui dire au revoir avec Nyktophobia qui nous a gratifié d’un show mémorable. Ils ont tout cassé avec leur death mélo agressif. Mortel, tout simplement. Ils ont fait un set très joli avec notamment Winter Assault et Yearning from an Uncharted Grave, franchement magnifique. Ensuite, passons encore une fois à la Wera Tool pour assister au show d’Unprocessed. Le concept du jeune groupe allemand est simple : et si on mélangeait la technicité de Polyphia et des breakdowns super heavy de metalcore ? Cela peut paraître étonnant à premier abord, mais le tout rend extrêmement bien en live. Le chanteur alterne avec aisance entre une voix cristalline et des screams très profonds, il est également assisté par le bassiste qui apporte des backing vocals de qualité. Malgré la fatigue accumulée après 4 jours de festival, le public est toujours à fond et envoie sans cesse des crowdsurfers jusqu’à la barrière.

Un dernier concert sur la route de la voiture avec Cult of Fire sur la T-Stage. Les Tchèques proposent un black metal fortement inspiré par l’Inde et sa mythologie. Ils sont venus avec un décor somptueux, inspiré par le Taj Mahal. Il y avait plusieurs divinités représentées sur les drapeaux. Il y avait également deux gros cobras dressés de chaque côté de la scène avec des fauteuils pour les guitaristes, assis dessus en position de méditation. Ils portaient une tunique rouge et un masque noir. Le batteur était très en arrière avec une tunique blanche et violette et, lui aussi, un masque noir. Le chanteur portait un immense masque en forme de tête de taureau devant un autel garni de fleurs et de décorations hindoues. On avait l’impression de voir un culte hindou se dérouler sous nos yeux, un peu comme peut le faire Batushka. Musicalement, c’était super planant, même les gros passages agressifs restaient envoûtants. Le chanteur a une sacrée voix, très cérémonielle. Une magnifique découverte qui, en pleine nuit, nous a maintenus captifs malgré la fatigue ambiante.

Dans l’ensemble, un Summer Breeze absolument génial, une organisation au top, une programmation fantastique avec une grande variété de style, ce qui permet à tout un chacun de trouver son bonheur. La météo a, elle aussi, été magnifique avec plusieurs annonces d’orages violents qui ont pu faire peur mais qui n’ont jamais éclaté. Que dire de l’ambiance ? Elle était vraiment bonne enfant (sauf au moment de chercher des plectres), les gens avaient la banane et cela fait plaisir. Les Grabenschlampen (ceux qui récupèrent les surfeurs après la barrière proche de la scène) étaient eux aussi en forme et d’excellente humeur. Il y en avait qui jouaient à pierre-feuille-ciseaux pour choisir qui irait prendre le surfeur et qui serait en soutien. Franchement une semaine de festival plus que réussie et qui ne donne qu’une envie, y retourner au plus vite !