Lethal Technology, Askara, Rock Raiders
St Maurice, Valais, Suisse
Date 2022.10.02
Chroniqueur Julien Marguet
Photographe Julien Marguet
https://manoirpub.ch

Les murs du Manoir Pub, à Saint Maurice, zone sismique bien connue des Métalleux d’ici et d’ailleurs, ont tremblé ce soir-là, comme très souvent. Zone sismique bien connue des Métalleux d’ici et d’ailleurs. Tremblement de terre pour le moins éclectique puisque cette soirée présentait trois formations, issues du Hard-rock-heavy, avec les Rock Raiders — pour passer une bonne soirée, dixit Steve son chanteur, du Metal dark mélodique avec Askara puis d’un indus prog bien violenté avec Lethal Technology, organisateur des festivités.

Le sound-check est plutôt mené d’une main de fer par notre tech qui ne se laisse pas impressionner par nos joyeux lurons des Rock Raiders, qui de leur côté ne manquent pas une occasion de se faire remarquer. Steve laisse éclater sa folle et communicative bonne humeur, se laissant aller à taper le bœuf avec Jean-Marc son batteur ; premier coup d’envoi de la soirée, concert privé à l’attention du staff… De fil en aiguille, une bonne partie du set y passe. Il faut bien occuper le technicien en charge des réglages, le guitariste Patrick — bassiste pour l’occasion — s’étant perdu entre la scène et on ne sait où… le bar ? Le temps de retrouver sa route, trop tard, faut y aller les gars ! Pas grave, ça va rouler.

En effet, ça rock’n’roule ce soir au Manoir, les Rock Raiders donnent donc le deuxième et vrai coup d’envoi, trio inconditionnel d’un Hard rock/Heavy Metal dont les influences de nos jeunes années défilent dans nos cerveaux. Les compos nous rappelleront la new wave british sans aucun doute, de Pantera et de Sepultura très certainement, le tout teinté de punk… Le tout groove bien et Steve tient bien sa scène avec ses blagues qui font bien rire tout le monde et d’interludes de sa création à base de Claude François revisité. Pas de doute, ils assurent bien cette lourde tâche qu’est de chauffer une salle. C’est qu’ils jouent en terrain connu ici, bien habitués du Manoir. Le public est un peu clairsemé au début — sont tous au bar ou quoi ?! — mais nous vient de plus en plus nombreux à mesure que s’enchaînent les riffs accrocheurs.

Pour ceux d’entre vous qui se posent la question si une Strat custom peut servir de basse pour dépanner (et oui pas de bassiste ce soir, faudra se débrouiller), la réponse est oui. Plutôt habituée à taper du Stevie Ray Vaughan entre les doigts de son maître Patrick, celle-ci est pour le coup reconvertie en basse légèrement distortionnée, qui donne un corps assez vintage à l’ensemble rythmique en duo avec Jean-Marc, ses baguettes et sa double caisse groovy.

Formé en 2014, la mécanique est bien huilée et la scène est pour nos trois gaillards une seconde nature avec leur groove, solos à gogo et riffs typés 80-90s à la voix haut perchée. Rock Raiders n’existe actuellement que par ses concerts et compositions et reprises de Motorhead notamment — bien qu’aucune ne soit jouée ce soir —, n’ayant à ce jour pas encore eu l’opportunité d’enregistrer ses quelque quatorze morceaux. Une galette dans un futur proche, c’est tout ce qu’on leur souhaite. Ce sera pour nous un bonheur de leur accorder une petite chronique.

Le temps d’annoncer le groupe suivant, une dernière ovation, extinction des feux.

Galerie Rock Raiders

Par Julien MARGUET

Askara se présente sur une scène sombre à la lueur bleutée, intro planante et musiciens statiques. L’ambiance tranche avec ce qui a précédé : Askara joue sérieux, pas de blagues — pour en faire une, c’est d’ailleurs de là qu’ils viennent, de Bâle. Formé en 2012 et n’ayant à notre connaissance pas opéré de changement de line-up, hormis avec l’arrivée de Emmanuel Strebel derrière les fûts, c’est un effectif stable que l’on rencontre ici et cela se voit.

Le groupe est expérimenté question concerts, chacun démontre un charisme qui lui est propre et l’alchimie entre ses membres est parfaite question jeu de scène. Myriam, la chanteuse, nous confiera par la suite que c’est un aspect qu’ils ont beaucoup travaillé, le comportement scénique étant primordial pour faire passer un message, atteindre le public et le faire ainsi entrer dans son monde.

C’est une soirée spéciale pour Askara, qui nous présente à cette occasion son dernier né, Lights of Night, sorti en avil 2022, chroniqué pour vous ici (lien SVP) !

Le public, conquis, est bercé de compositions souvent mid-tempo aérées teintées de mélancolie, riches de solos mélodieux interprétés très justement par Benj à la guitare, le tout posé sur un duo basse-batterie adroitement ficelé, tantôt planant tantôt agressif mais toujours énergique. Là-dessus se posent la voix mélodieuse mezzo-alto de Myriam et le growl bien grave de son bassiste de mari Elia. Ce dernier ne passe pas inaperçu, grand barbu qui en impose par sa carrure et sa générosité envers l’auditoire, n’hésitant pas à taper des poses pour les photographes — qui le remercient au passage — et assurer le show ! Myriam assure en front-girl qui se respecte, créant un lien avec son public francophone sur fond de français, d’anglais et de headbanging chevelu.

C’est un beau voyage que nous offrent nos amis bâlois, dont le set est principalement basé sur Lights of Night. Le temps passe vite, encore quelques morceaux, puis Elia nous demande s’il y a des amateurs de Death Metal dans la salle, ce à quoi le public répond par ce qui pourrait se traduire par « grave qu’il y en a ! » et nous annonce le morceau le plus violent qu’ils aient composé… histoire de carboniser la salle. Et ça joue vénère en effet. Nous aurons apprécié la justesse du jeu des musiciens ainsi que la qualité du son. Sacrée prestation, Askara, et merci à vous pour cet agréable moment.

Galerie Askara

Par Julien MARGUET

C’est ensuite au tour de Cédric et de ses camarades de Lethal Technology d’enflammer la scène du Manoir Pub. Un événement marqué d’une croix pour ce quatuor qui enchaîne les premières, que ce soit la sortie de son premier album Mechanical Era, ou de son premier concert en tant que groupe et en particulier pour l’une de ses membres, Jade. Cette formation officie depuis l’année 2019 de manière assidue à la composition et est impatiente de nous présenter son travail. Le set de ce soir consiste en l’interprétation exclusive de l’album. Let there be light !

Lethal Technology souhaite à son public la bienvenue dans une aire post apocalyptique où la machine se rebelle contre son créateur humain dans une lutte qui fait rage. Introduction solennelle orchestrale et le vif du sujet s’annonce : le groupe envoie un riff lourd et un duo puissant entre Jade au chant Death Metal et Sofiane au chant lyrique, oscillant entre profondeurs abyssales et lumière, sur fond de mitrailleuse rythmique côté basse, assurée par Julien, et batterie. Ça envoie du sacré lourd, de loin le show le plus violent de la soirée, avec des allures d’un concert de Death. C’est un indus violent, froid et incisif, ponctué de belles interventions mélodieuses atmosphériques, tant dans les compos que les interludes, rendant l’enchaînement cohérent et logique à l’écoute. Sans paraphraser là encore la chronique de l’album « ici », le travail de superposition des couches instrumentales est riche, subtil.

Cependant incomplet, le line-up souffre de l’absence d’un batteur et d’un guitariste soliste — avis aux amateurs pour ceux qui auraient le niveau —, indéniable atout pour ajouter au charisme scénique. La batterie et la guitare soliste, électroniques donc, se mêlent aux samples orchestraux, avec toutefois des percussions légèrement trop aiguës, dont découlent quelques pertes d’ambiance dans les couches instrumentales, décelables par ceux qui ont écouté la version studio de Mechanical Era.

Qu’à cela ne tienne, les musiciens et chanteuses sont motivés et se jettent corps et âme dans la mêlée, en dépit d’un jeu de scène qui visiblement se cherche, aspect bien naturel d’un premier show. Sofiane assure l’interaction avec le public, le lien se crée et… ça répond dans les rangs ! En effet, l’inexpérience de Lethal Technology est contrebalancée par son interprétation juste et pêchue, ponctuée de ses belles orchestrations qui installent l’univers de l’album. Belle performance pas si évidente lorsque la base rythmique est samplée, à la merci du bug informatique jamais bien loin… Ce sera d’ailleurs l’occasion d’un petit entracte imprévu, histoire de reposer les oreilles quelques minutes. Pas grave, quelques réparations et ça repart de plus belle. Sofiane lâche un growl qui surprend tout le monde, montrant ainsi que la dame n’est pas si angélique qu’il y paraît, puis part en combat clair-growl avec Jade, combat qui verra le growl triompher. Faut pas déconner, on est là pour du Metal ! Enfin, puisque toutes les bonnes choses ont une fin, il est temps de refermer le rideau, le groupe se retire, la salle se vide, le bar se remplit.

Un grand merci au Manoir Pub pour l’organisation, la gestion sonore et des lights, qui auront permis quelques beaux clichés !

Galerie Lethal Technology

Par Julien MARGUET